Zalipie

Une nuit fort agitée et moyennement reposante car le parking où nous nous sommes stationnés donne directement sur la grande route. On pensait que le trafic se calmerait dans la nuit mais c’était sans compter sur les routiers insomniaques donc un grand merci à l’inventrice des boules Quiès, Nina Henry-Lepaute, qui m’a sauvé quelques heures de sommeil.

Après une grosse heure de route, nous arrivons à notre visite du jour, point le plus à l’est de la Pologne : Zalipie et ses magnifiques maisons fleuries. A peine garés, on aperçoit déjà quelques peintures colorées. Ça promet ! Nous entrons dans le premier bâtiment, point d’informations, où une femme, baragouinant trois mots d’anglais nous montre le parcours de 4km à faire dans le village, alors que maman commence à détailler les objets souvenirs dont elle ne sait lequel choisir. On fait mettre de côté un joli plateau en bois peint qu’on viendra chercher à notre retour de la balade. Les motifs sont vraiment beaux, leur stylisation des bouquets de fleurs aux teintes très lumineuse et fraîches nous font prendre des dizaines de photos et nous mettent des étoiles dans les yeux. « Quand on laisse la possibilité aux gens de mettre de la couleur sur leur maison, ils y vont à fond. » Quelle gaieté dans le reste de ce paysage très rural entre champs et maisons abandonnées. Lola est heureuse de pouvoir nous accompagner le long des routes et avec sa « belle gueule » en fait aboyer plus d’un derrière les portails. L’ambiance est très paysanne et donne une touche très particulière au village : des canards gras, des poules en tout sens, des granges de guingois, des chiens aboyants, des cours boueuses et des tracteurs pétaradants en fond. Nous nous offrons la visite de la Maison-Musée de Felicja Curylo (1904-1974), peintre remarquable et promoteur de cet art populaire unique.

L’ornementation commença probablement à la fin du XVIIIe siècle et fut liée à la disparition des chaumières sans cheminée. Les femmes peignaient les murs couverts de suie à la chaux pour égayer l’intérieur de leurs maisons et les rendre plus jolies. La maison de Curylo a été conservée sous la même forme qu’elle était du vivant du peintre. Dans le hall, il y a un intéressant plafond noir avec des motifs blancs peints avec de l’argile, un peu en mode Cicmany, qu’on avait vu en Slovaquie. Cette technique se rapporte à la plus ancienne tradition picturale de Zalipie. Les murs sont décorés de peintures sur papier et de découpes. Dans les chambres, les plafonds et les murs sont abondamment décorés de peintures réalisées directement sur le plâtre. Les vêtements traditionnels de cette région, confectionnés par Felicja Curyło elle-même, attirent le regard. La cuisine est juste magnifique avec son four traditionnel, peint en bleu et recouvert de peintures multicolores à motifs floraux. Grâce à ce musée, nous pouvons pénétrer au cœur des maisons ; les autres bâtiments résidentiels décorés de peintures dans cette région sont de véritables maisons où vivent des gens. Nous continuons notre déambulation dans le village en passant de maisons en fermes pour finir par l’église paroissiale dont l’intérieur est lui aussi décoré d’ornements floraux. On a même pu admirer des vêtements liturgiques brodés : de toute beauté. Une véritable chaleur de dégage de toute cette profusion de couleurs printanières.

Notre tour de visite se boucle par l’achat du fameux plateau pour maman et au passage on demande l’autorisation de remplir les véhicules d’eau. Perfecto !

Déjà 15h30, quand nous nous asseyons autour d’une assiette de pâtes avant de reprendre la route vers Cracovie, notre point de chute pour les deux prochains jours. Retour dans une grande ville avec klaxons et fous du volant mais trouvons le calme sur le parking du cimetière : cette fois, les voisins seront moins bruyants.