Hollokö

Après la journée moins sportive d’hier, on a repris du poil de la bête et on part à pieds rejoindre le village d’Hollokö, en passant par un chouette sentier en forêt de 9 kilomètres. Lola toujours prête pour aller découvrir de nouvelles odeurs trépigne d’impatience en battant fortement de la queue et en nous sautant presque dans les bras. On a opté pour les chaussures de randonnée car c’est relativement boueux et il a un peu plu cette nuit ce qui n’arrange rien. Après 45 minutes de montée lente, nous arrivons à une énorme main construite en bois : « la main de Dieu », de Benjamin Csikszentmihalyi. C’est une bien belle réalisation et on se sent tout petit au ceux de la paume « c’est ce que doivent ressentir les fourmis quand on en tient une au bout du doigt ». Après avoir pris le temps de jouer dessus et de la dessiner, un couple de randonneurs arrive à son tour, ce qui sonne notre reprise de marche. Nous adorons ce genre de balade entre forêt et crête avec des points de vue sur le paysage autour. Les chênes présents un peu partout ont leurs feuilles brunes encore attachées aux branches, c’est un temps automnal avec ce ciel blanc qui nous lâche très brièvement quelques gouttes. « On se croirait en Grèce. – Heu ?! – Oui, le marquage sur les arbres ! C’est le drapeau grec ! » Guillaume est devenu incollable sur les drapeaux et les capitales des pays que nous avons fait. Il va devenir un king au blind test (mais que Europe pour le moment). Nous sortons de la forêt pour arriver sur une petite plaine avec au bout un superbe château médiéval. Nous passons notre chemin « on ne va pas visiter tous les châteaux qu’on croise quand même ». Une légende est associée à ce dernier : Un chef de guerre aurait capturé une belle jeune femme et l’aurait enfermée dans sa forteresse voisine. Le chef ignorait que la nourrice de la jeune femme était une sorcière. Cette dernière demanda l’aide du Diable, lui-même, pour libérer sa fille. Le Diable transforma donc sa progéniture en corbeaux pour sauver la belle, à la suite de quoi, ils détruisirent la forteresse et on y construisit dessus le château d’Hollokö. Les femmes d’Hollokö sont les descendantes de cette beauté et on dit qu’elles ont des pouvoirs magiques sur les hommes. Nous arrivons assez vite au village d’Hollokö avec ces maisons traditionnelles, le tout classé UNESCO. Il s’est principalement développé au XVIII et XIXème siècle et est habité d’une communauté vivante, les paloczes, qui constitue un exemple exceptionnel et possiblement unique de conservation librement consentie d’un village traditionnel. Malheureusement, il n’y a que très peu de gens et il nous semble presque vide de vie. Guillaume ne pourra donc pas tester la légende sur une demoiselle et c’est tant mieux. Les artisans doivent être ouverts mais nous n’osons pas passer les portails fermés. Ce sera donc une simple flânerie dans la ruelle principale qui nous donne une petite idée de la vie campagnarde d’époque. Nous rebroussons chemin, histoire de retourner sur la plaine face au château pour manger notre pique-nique. De retour en forêt, Lola se prend pour un chien de chasse et file à toute allure entre les arbres pour courser un groupe de biches qui mangeaient tranquillement. On entend que ça cavale au loin. Depuis quelques temps, on travaille le rappel dès que la situation s’y prête et nous n’attendrons que quelques minutes avant que notre poilue revienne à nous (probablement aussi parce que les biches courent bien plus vite qu’elle… mais tout de même). Nous la félicitons pour être bien revenue cette fois. C’est toujours un peu stressant et aussi frustrant de la voir partir comme une bombe, sans plus un regard pour nous, seul son instinct de prédateur prenant le dessus sur tout le reste, mais nous ne lâchons pas les exercices journaliers pour que ça devienne quasi automatique ce rappel d’urgence.

Il est tout juste 14h quand nous reprenons la route, direction la capitale : Budapest. On trouve un endroit où se garer tout proche d’un grand jardin public : parfait pour les balades en ville de Madame Lola. Ce soir, on se fait notre programme des deux jours à venir et lundi matin, normalement, c’est The thermes de Budapest ; moins chères en semaine et encore moins chères si on arrive avant 9h le matin : ça va nous faire un bien fou après deux jours intensifs à marcher dans cette grande ville. Mais pas de plan sur la comète, commençons par découvrir cette capitale hongroise.