Krujes

Mardi 07/11/23

On traîne un peu ce matin en prenant le temps pour le petit-déjeuner et pour faire une balade à Lola avant de prendre la route. Nous regardons les fermiers ramassés les fleurs de courge qui seront servies en beignets ce soir au menu. L’odeur des chèvres et le bruit des centaines d’oies font notre radio et les nouvelles du jour ont l’air de faire du bruit.

Point d’arrêt d’aujourd’hui: le Château de Krujes. La route pour arriver jusqu’au village est vraiment très correcte mais l’enfer commence quand on arrive dans Krujes. Le château est bien entendu au point culminant de la ville et les routes sont très très sinueuses avec tout juste la place pour que deux voitures se croisent et les albanais ont le don pour se garer sur une voie à la queue-leu-leu. Cette fois, c’est moi qui suis au volant et je jongle entre deuxième et première vitesse pendant que Guillaume me guide sur la limite des pneus avant impact de trottoir. On trouve une place dans un renfoncement juste à côté d’une véhicule de police avec un homme en uniforme à l’intérieur qui regarde des vidéos sur son téléphone avec le son assez fort. Je lui demande, tout sourire, si c’est OK de rester une ou deux heures ici… « no problèm » donc on aura en plus un gardien gratuit sur Robert.

Nous montons donc à pied les quelques dernières ruelles jusqu’au château. En court de route, une forte odeur de raisin nous monte au nez et on voit des litres de liquide rouge dévalées dans les égouts. Un homme d’une bonne cinquantaine d’années vident des sots de reste de raisins bouillis. Il nous voit nous interroger et nous interpellent pour nous faire comprendre que c’est lui qui fait son propre alcool avec ses raisins et il nous invite à entrer chez lui pour voir comment il fait. Curieux, nous entrons donc dans sa cours où sa femme silencieuse nous salue et il nous fait entrer dans la cuisine. Au centre de la petite pièce trône une distillerie maison. Il nous explique comment ça fonctionne : il pose une cuve avec un bec sur un énorme réchaud au gaz dans lequel va chauffer le raisin puis un tuyau de bien 1m50 passe dans un bac avec de l’eau qui va refroidir le liquide condensé pour finir en goutte à goutte au bout d’un fil de laine puis à travers un coton en haut du goulot de la bouteille. Il faut 3 heures pour remplir un jerrican. Il nous dit qu’il fait son propre « raki » et que celui vendu à l’hôtel ne vaut rien (bien entendu tout ça on le comprend par trois quatre mots albanais et des gestes et beaucoup de déduction). On a même pas pensé à sortir Google Trad’ tellement on était dans le moment. Qui dit explications, dit dégustations. Il nous installe sur deux chaises avec un tabouret devant en guise de table et lui à côté : un shot chacun et une bonne lampée pour lui. Il n’est même pas encore 11h du matin. Comment dire que le taux d’alcool n’est pas conventionnel et je tousse dès la première gorgée. Il nous fait comprendre que pour les hommes c’est 3 shots pour être fort et pour les femmes un seul sinon elles dorment. On rit beaucoup et cette générosité nous touche énormément. Sa femme nous apporte du fromage de chèvre, des tomates coupées et un fruit à manger (un kaki). Nous sommes un peu mal à l’aise de cette accueil venant de total inconnu mais nous faisons honneur au fromage qu’ils font eux-même avec une chèvre qui est sur une terrasse de leur maison. Il nous montre Lola et il ne comprend pas l’intérêt d’un chien alors qu’une chèvre on peut la traire pour avoir du lait (il nous mime tout ça). Puis il va chercher une petite boite argentée dans lequel il range son tabac. Il souhaite nous offrir une cigarette et je lui montre que je sais rouler. Il me regarde et sourit. Je tire deux taffes et lui donne le reste qu’il accepte comme si on se connaissait depuis toujours. Il nous dit qu’il ne veut pas d’argent (avec le signe de la monnaie entre les doigts) mais du « respect ». Nous sommes très touchés. Nous partons donc avec une bonne poignée de main et une nouvelle histoire dans nos mémoires.

Après cette rencontre imprévue, le château, qui est finalement un musée moderne, nous semble moyennement intéressant et nous retournons au camion par les petites rues où les enfants se détournent violemment en voyant Lola avec nous et où les gens se retournent sur notre passage : ils doivent nous prendre pour des fous de promener un chien.

Le reste de la journée se fera sur la route avec un petit stop pour pique-niquer au pieds du Château de Presa et nous trouvons notre spot dodo avant 16h30 pour admirer le coucher de soleil près d’un lac (artificiel?) pas très loin de Tirana, notre visite de capitale de demain. 17H, c’est la nuit noire.

Une réponse à “Krujes”

  1. Avatar de Saulnier viviane
    Saulnier viviane

    Belle lecture😉et ce ptit homme a une bonne tête, QUELLE GÉNÉROSITÉ 😊

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *