Naples

Météo Radar ne s’était donc pas trompé ; nous nous réveillons sous la pluie et ça ne s’arrête pas avant 13h. On ne va pas tenter le diable, surtout qu’on se remet à peine de cette satanée maladie (et encore ça toussote parfois). Matinée repos et écriture d’hier à Pompéi, pendant que Lola ne cherche même pas à aller voir si Fernando traîne dans les parages, elle est si bien sous le plaid.

Un sandwich rapide englouti et on reprend le chemin de la gare, que nous commençons à connaître. Voie 1, direction Napoli. A peine sommes-nous descendus du train et remontés à la surface qu’on est dans l’ambiance : une course poursuite entre un scooter et une voiture de police passe juste à côté de nous. Tout le monde s’arrête pour regarder le dénouement de cette histoire ; le malfrat s’en tire de justesse grâce à l’étroitesse des rues et les véhicules mal garés, alors que la police y laissera un pare-choc. Au moins les autorités sont sur le qui-vive. On nous avait prévenu que Naples est une ville réputée pour ses pickpockets et bien sur la mafia napolitaine. Histoire de ne pas avoir à trop s’en faire, on a bricolé une fermeture plutôt sécurisée de mon sac-à-dos donc nos papiers sont tranquilles, même si clairement nous n’avons jamais eu le sentiment d’être épiés en tant que touriste.

Lors de la préparation de la visite de cette ville, la première grande attraction, c’est « marcher pour se fondre dans la vie des rues encore habitées par bon nombre de napolitains et s’imprégner de l’ambiance. » Allez ! Des petites ruelles pavées, surpeuplées où scooters, voitures et piétons se partage l’unique voie de circulation. Ça klaxonne, ça vrombit, ça accélère « Wa ! Trois sur un scooter et sans casque… » Un dépaysement brutal et total. Autour de nous, on entend parler en grande majorité italien. Les étalages de fruits, de légumes, de bric et de broc, directement sur les trottoirs. Un bruit général de vie intense, une cohue visuel de couleurs et des odeurs de pizzas chaudes en arrière fond. Les murs sont en très très grande partie recouverts de graffitis et autres messages plus ou moins compréhensibles ; on repère bien souvent le profil de Maradona peint un peu partout, une figure du football italien. Ayant un niveau zéro en ce qui concerne le ballon rond, Guillaume me montrera le but mémorable mais controversé du fameux champion à crampon. Des restaurants aux vitrines alléchantes, des boutiques souvenirs aux milliers de « curniciello », petite corne rouge comme protecteur du mauvais œil et aussi des magasins aux centaines de santons, ces petits personnages qui sont placés dans les crèches de Noël, une spécialité de Naples, toute une culture.

Premier arrêt au Museo Divino. Guillaume est tombé dessus par hasard sur Internet et quelle trouvaille. Devant nous, des petites vitrines renfermant des œuvres d’art atypiques d’Antonio Maria Esposito. Ce prêtre était un passionné et s’adonnait à la réalisation de mini-miniatures représentant la scène de la Nativité, sous toutes ses coutures et surtout dans des cadres toujours plus impressionnants de petitesse : dans une noix de coco, dans une boite, dans une pierre, dans un œuf, dans une noix, dans une pistache, dans un noyau de cerise et même dans une graine de chanvre, le plus petit de tous. Munis d’une loupe et d’une lampe, nous nous accroupissons, dans une posture de prière, pour nous approcher au plus près de ces curiosités. Les deux filles nous font une visite guidée personnelle, nous sommes seuls, dans un anglais intégralement compréhensible, entre latin, l’accent est plus simple, on dirait. Une deuxième partie de l’exposition est exclusivement composée de coquilles de noix, représentant différentes scènes tirées du livre de Dante, La Divine Comédie, un grand classique italien, retraçant le voyage de Dante et Virgile depuis les Enfers jusqu’au Paradis. Quelle patience et on peut comprendre que l’artiste entrait dans une forme de méditation et de concentration extrême pour créer tout ça. Une petite heure de visite, parenthèse artistique au calme, sur donation, avant de retourner dans ce grouillement napolitain.

On se retrouve vite aux pieds du château fortifié, Castel Nuovo, en rénovation, pour changer. La nuit est vite tombée et les éclairages prennent le relais du soleil qui va se coucher. Nous continuons jusqu’à la Piazza Del Plebiscito « un genre de Capitole, sans la croix occitane, avec un bâtiment en plus, avec un dôme et sans les briques roses… » Sur notre gauche, le grand Palais Royal aux façades roses et vertes ; en face, la basilique San Francesco Di Paola dans laquelle nous pouvons entrer. La comparaison avec le Panthéon de Rome est flagrant. Même coupole mais fermée ici, même forme globale, les bancs au centre et des statues et pilonnes en arc de cercle tout autour, le tout dans une lumière feutrée de quasi pénombre. On s’assoie un moment pour faire une pause et regarder les deux vieux messieurs qui bricolent la crèche en cours de construction. On rit sous cape car ça se chamaille sur les couleurs de lumières. Tout doit être prêt pour le jour J.

A Naples, nous n’avons pas trouvé énormément de choses à faire concrètement (non payantes, j’attends bien, car il y a pas mal de musées) donc on continue notre flânage nocturne dans les rues, en passant par le quartier espagnol, tout autant mouvementé et composé également de scooters au klaxon fou. On cherche un peu de « sécurité » dans une rue un peu moins passante. Nous trouvons « refuge » dans l’église Gesù Nuovo : une gigantesque église aux multiples dorures, aux peintures intégrales et aux marbres en veux-tu en voilà, dont nous sommes toujours autant bouche-bée devant ce foisonnement de couleurs et de textures. Arrêt technique : cappuccino et toilettes, sur une petite place, remplie d’italiens qui sirotent des Spritz aux tables d’à-côté ; en même temps, c’est la fin de la semaine de travail… Bien longtemps que l’alcool ne fait plus parti de nos envies, et même une bière ne tente pas Guillaume.

Après ce café-apéro, on part à la recherche de notre repas du soir, même s’il n’est que 18h, nous ne voulons pas quitter Naples sans avoir goûter une vraie pizza napolitaine. On opte pour une pizzeria à emporter dont le four en mosaïques nous a attiré l’œil : une Margherita classique pour moi et une biancanueve pour Guillaume, la même en base crème quoi. 3,50€ la petite pizza qui nous remplira suffisamment nos estomacs pour ce soir, qui dit-mieux ?!

Nous arrivons à la gare centrale où nous allons prendre notre train de retour. Ici, l’ambiance est plus pesante, même si nous passons l’air de rien. Beaucoup de sans-abris donc de policiers et de militaires en vigie ; ce qui n’empêche pas de nombreux jeunes garçons de jouer au football en plein centre-ville dans les city-stade de plein air à leur disposition.

Mais pourquoi ne sommes-nous pas retournés à notre station d’arrivée ? On est littéralement perdu dans cette grande gare. Une femme des services info nous oriente au sous-sol où nous achetons deux tickets qui s’avéreront ne pas être de la bonne compagnie. Heureusement, on finit par trouver le bon point info, la bonne voie, direction « la maison ». De retour au camion à 20h30, il fait noir-noir. Une micro-balade à Lola, grognant sur Fernando qui fait sa ronde de nuit, une vidéo Hot Ones (on rit trop de voir la douleur des autres, plaisir sadique!) et extinction des feux.

Samedi, jour de départ du camping. On en profite donc pour se faire une dernière bonne douche chaude avec masque hydratant pour cheveux de Monsieur, un bon ménage de Robert et on décolle après avoir laisser encore un bon 75€ au patron de l’établissement. Une ruine cette Italie !

En route, à babord tout ! Une grande traversée jusqu’à l’autre côté de la botte, à « l’ergot » comme l’appelle Guillaume. Pour une fois, le chemin se fait plutôt bien, on commence à s’habituer aux embardées pour éviter les nids-de-poule et aux italiens toujours trop collants. Zen attitude.

250 kilomètres plus tard, nous arrivons enfin sur la côte, partie Mer Adriatique avec un point de vue magnifique sur cette étendue bleue, les champs d’oliviers et les buissons de cactus. Timing parfait, pile avant une « drache » entre chien et loup, aux couleurs de fin du monde, mélangeant le rose, le orange et le gris profond. Demain, une belle balade dans ce paysage bien du sud nous attend, en espérant que la météo soit avec nous « ba oui, j’ai dit, y fait beau ! » G.

Une réponse à “Naples”

  1. Avatar de Saulnier viviane

    Tout à fait magnifique. Ça donne envie d’y aller 😁j’adore.

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