Rupite et Melnik

Nous nous étions garés sur le parking directement à côté des sources d’eau chaude naturelle de Rupite. De nuit, la fumée qui s’échappe des bassins et un grand nombre de voitures garées à proximité nous font nous demander si c’est payant et dans quel état de propreté on va trouver l’eau demain. De jour on avisera en fonction du froid et de la motivation. Cette nuit fut encore fraîche et l’eau est une nouvelle fois gelée dans le réservoir. Ça nous aide bien à sortir dehors pour aller voir de plus prêt ces sources. Autour du camion, un jeune chien errant fait de l’œil à notre louloute : un nouvel amoureux pour la matinée. Quelle tombeuse cette Lola ! Nous sommes seuls sur le site et Guillaume est le premier à entrer dans l’eau « je mettrai que les pieds, pas envie d’être mouillée et de devoir sortir de l’eau avec ce froid. – Elle est trop bonne, franchement viens, tu vas le regretter sinon. On est là qu’une fois ! » Sur ces bonnes paroles, je file me mettre en maillot de bain et le rejoins. On fait les même grimaces que si l’eau était gelée. Oua oua c’est brûlant, pire qu’un bain à la maison. Nos pieds et nos mains étaient tellement froids de base que une fois dans l’eau, ça nous brûle deux fois plus. Quel bonheur ! Quand le corps est entier plongé dans cette chaleur, on se détend, on se prélasse et on a même un peu trop chaud, c’est pour dire, qu’on est obligé de sortir pour se rafraîchir entre deux trempettes « j’ai la tête qui tourne quand je sors vite de l’eau. » Quelques locaux se sont également trouvés une place dans d’autres bassins et ils vont très probablement y rester une bonne partie de la journée. C’est incroyable de trouver ça en libre entrée et propre : les gens prennent soin de ce lieu comme un endroit public où l’on se retrouve pour discuter et se détendre. Petit hic, la vase ! « C’est que ça rentre partout ! » et quand on sort, on ne se sent pas au plus propre. Lola joue toujours avec son compagnon. C’était sure qu’elle allait faire une boulette : entre deux galopades, c’est une glissade direct les quatre fers dans un des bassins les plus chauds. Elle couine et file se réfugier au camion. Bichette ! Plus de peur que de mal pour elle. « Elle en rate pas une. »

Une fois nos corps assez réchauffés, nous nous rhabillons pour filer au village de Melnik où une belle randonnée nous attend dans les gorges des pyramides de sable.

Cette journée a aussi bien commencée qu’elle finira (quasiment) mal. Nous commençons la balade dans les rues de Melnik, entourés des maisons traditionnelles de la région qui donnent un vrai caché : moitié pierres en bas et une partie en hauteur de bois et de crépi blanc. Le sentier continue assez vite le long de la rivière dans les gorges et la forêt. Une petite chienne nous suit depuis le début et joue avec notre louloute, vient demander des caresses et fait toute la balade avec nous. Nous lui donnons le nom de Pépita. « C’est trop des sistas, les deux ! – D’ailleurs, elles sont où ? – Lola ! Lolaaaa ! » D’habitude, ça rapplique direct et Lola ne s’éloigne jamais trop loin pour nous avoir à l’œil. Les minutes s’égrainent. Seul le bruit des pyramides de sable qui s’effritent fait écho à nos appels. Pas un son. Le stress commence à monter. Guillaume a entendu des petits aboiements dans la forêt. « Regarde, des traces ! Je vais aller voir. Toi, reste sur le chemin au cas où. » Je vois donc Guillaume s’enfoncer entre les ronces et les arbres. L’attente est juste horrible et on se fait des films chacun de notre côté : elle est coincée sous des éboulis, elle est tombée depuis une des crêtes. Bien sur ce sont toujours les pires scénarios qui nous viennent à l’esprit. Toujours rien, j’entends juste au loin les « lolalalalalala ». Il est 16h. Il nous reste donc un peu moins d’1h30 avant que la nuit ne tombe. Guillaume ne peut se résoudre à ne plus chercher tant qu’il fait jour. « Je vais continuer à monter et passer de l’autre côté de la crête voir si elle est pas passée par là et qu’elle ne nous entends plus. Toi, retourne au camion, elle y est peut-être déjà. Rien n’est perdu, ça va aller. » Heureusement qu’il garde le moral car moi je suis en panique totalement, le cerveau en bouilli de trop de larmes. Je file donc au camion laissant Guillaume avec 25 % de batterie dans la forêt. Il manquerait plus que lui aussi se perde, ça serait la bouquet. De retour à Robert, rien. Pas de traces de Lola ou de Pépita. Je prend mon portable et fais demi-tour dans le village, histoire de demander aux passants « have you seen this dog ? » Sans résultat. Je retourne donc sur le sentier de randonnée, encore une fois, sait-on jamais. On arrive à s’échanger des sms avec Guillaume. Nous ne nous croiserons pas car lui arrivera par l’autre côté du village. 17H. Aucun bruit dans cette foutue forêt à part les pierres qui tombent des pyramides, les oiseaux qui s’envolent au son de mes cris et mon cœur qui bat dans mes oreilles. « C bon. Elle est là. » Deux messages de Guillaume qui me font accélérer le pas sur le retour. Lola attendait patiemment au camion. « Je sais exactement où elles sont passées, j’ai repéré leurs traces de pattes. Elle a du suivre une piste et passer derrière la crête et après, ne plus savoir comment revenir. Heureusement que l’autre vallée menait aussi au village et que Pépita devait connaître bien le territoire. » Guillaume, le trappeur. Le stress a été tellement grand que j’ai du mal à « redescendre ». Une fatigue s’abat directement sur nous deux. Soulagement.

« On a bien fait de réserver un Airbnb, c’est vraiment le bon moment-là ». Un peu plus tôt, après les bains, vu qu’on a plus d’eau au camion à cause du gel, on s’est dit que c’était le moment d’avoir un peu de confort avec du chauffage et une méga douche chaude. Après cette épopée qui a duré plus de 2h30, ça nous fera un bien fou. L’appartement est rudimentaire mais le principal est là : chaleur. Plus envi de se prendre la tête, ce soir on commande des pizzas, on prend une bonne douche et on file au lit. Lola ne demande pas son reste non plus et sombre vite dans les bras de Morphée : mine de, elle a du avoir peur, elle aussi.

3 réponses à “Rupite et Melnik”

  1. Avatar de Saulnier viviane
    Saulnier viviane

    Vous l’avez MÉRITÉ mes loulous 😍. Mais quel stress vous avez du vivre 😭😩. Ouf la fin est HEUREUSE 😄😁

  2. Avatar de Mamanclo
    Mamanclo

    Pffou ! Le récit bien mené m’a donné la chair de poule! On était aussi dans le vif de l’action. Ouf! Elle se finit bien pour tout le monde 👌 🥰

  3. Avatar de Frèro Négro
    Frèro Négro

    Olalalalala cette filière de journée ! Quel stress vous avez dû vivre !
    Pas sympas la petite blague Lola !
    Tout est bien qui finit bien ! 😊

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