Déjà 6 jours qu’on est à l’arrêt dans notre voyage dans l’attente de cette pièce allemande qui devrait arriver demain si tout se déroule comme prévu. On ne voit plus passer les matinées vu qu’on se lève de plus en plus tard plus vers 10h que vers notre habituel 8h. C’est une journée encore en demi-teinte niveau météo et on se dit qu’on a eu bien de la chance de commencer notre « pause » sous un beau soleil qui nous a permis d’être tout le temps dehors car rester enfermés dans Robert plusieurs jours d’affilés sans bouger, ça aurait pu donner des moment assez noirs au périple.
15h arrive vite et on chausse nos baskets et nos gilets pour aller faire une bonne balade. Arf… Comme bien souvent, on a le chic pour partir au meilleur moment et une grosse giboulée nous tombe dessus. Demi-tour avant d’être trempés entièrement ; dans deux heures, ça doit se radoucir. Macarel ! Lola trouve le temps de se rouler dans une bien belle crotte de mouette bien odorante « c’est pas un chien, c’est un mollusque ! » On la nettoie rapidos au jet d’eau de la marina, mais toute les douces effluves de la marrée rentrent avec nous au camion. De retour sur le canapé, je me mets à mon crochet pendant que Guillaume lit et que Lola nous regarde un peu tristoune : le grand air et la découverte de nouvelles odeurs semblent lui manquer à elle-aussi. Histoire de cacher le bruit de la route adjacente qui nous tape de plus en plus sur les nerfs, on s’écoute en fond des Thinkerview (« Militarisation de la France » ou encore « IA et pipotron ») ; toujours très intéressant d’avoir le temps d’écouter des interviews longues sur des sujets parfois loin de nos préoccupations actuelles.
Cette fois, c’est la bonne. Quasiment 18h et on se retente la promenade sur les hauteurs des environs. Mais avant, tout : douche avec savonnage de notre croûte-flamant rose-cochon-mollusque de chienne. Pas le meilleur moment de sa vie mais, là, c’est une question de survie olfactif.
C’est une plutôt grande boucle que nous a concocté Guillaume et une fois passés les quartiers résidentiels, nous entrons dans la forêt par une pente bien raide. « Je me sens hyper fatiguée, pas toi ? » C’est qu’on s’est encroûté depuis une semaine à ne rien faire et manger des bananes sous toutes ses formes (on a trouvé des promos de folie sur les bananes au Bunnpris, incroyable : 20 pièces pour moins d’1€, c’est juste dément ! On fait une grosse entorse à nos convictions d’essayer de manger local ou au moins du pays ; c’est tellement compliqué en Norvège que du coup c’est lâchage complet sur l’impact carbone des aliments importés, là…) Je ne sais pas si on a perdu tout notre entraînement des derniers mois mais la reprise est assez compliquée pour nous trois. Heureusement, l’effort en valait le coup, on arrive dans une forêt toute mignonne avec des sentiers bien délimités et on retrouve surtout le silence de la nature, on entend à nouveau les oiseaux dans les arbres et nos pas sur la mousse : un véritable moment d’apaisement des oreilles.
Plus la fin de journée arrive et plus le ciel se dégage donc on se motive pour faire le barbecue. Pendant que je prépare un gâteau « au fruit défendu », Guillaume se charge de l’allumage du feu avec toute notre récolte de bois d’il y a deux jours. Au menu du soir : brochettes de maïs grillé (presque carbonisé mais délicieux) au beurre salé, suivi d’une pomme de terre au fromage et herbes de Provence, et en dessert, une merveille de banane au chocolat et tahini. C’est un peu notre repas d’anniversaire à retardement. Et en prime, un petit soleil qui permet de profiter de la vue qui se dégage sur le fjord. On arrive encore à être surpris par le paysage, même après une semaine au même endroit. Allez hop ! Tout le monde au lit, demain, une grosse marche nous attend pour aller récupérer le colis.
A peine les yeux ouverts que nous recevons un mail comme quoi le carton a bien été déposé au point relais du village d’à-côté. On est parti pour une grosse heure et demi (aller) pour arriver jusqu’au magasin Extra. On fait au plus court pour avoir le temps de passer ensuite au garage pour prendre un rendez-vous avant leur fermeture quotidien de 16h. La marche n’est pas très sexy, on longe tout du long la grande route E6 mais on peut laisser notre louloute en liberté car c’est une belle piste cyclable que nous empruntons et comme il n’y a pas de biches pour la distraire trop, elle reste très attentive à nous et aux véhicules autour. Nous ressentons moins la fatigue d’hier, de plus, là, on est essentiellement sur du plat donc ça va assez vite. Ça y est, la femme de l’accueil nous tend le paquet Autodoc tant attendu. Phase 1 : validée. On s’achète une salade à moins d’1€ (fantastique!), un gros pain et un pot de pâte à tartiner ; demi-tour, direction le garage.
A peine la porte coulissante passée que la jeune secrétaire nous sourit d’un air entendu et nous laisse entre les mains de son collègue. « We have some space wednesday in one week » Heu, comment dire… On s’y était un peu préparé mentalement à la possibilité de n’avoir un rendez-vous que dans une semaine, surtout vu le nombre de voitures qui attendent devant leurs portes. « It’s like a tetris… Thursday in two days, 1PM ? – Perfect ! » On prend, on prend. On est plus à deux jours près là. Temps estimé : 4 heures, un peu plus que ce que nous a recommandé Philippe, le beau-père et environ 4000 NOK + l’huile soit un bon 400€. On s’était mis la limite de 500€ vu le coût du pays donc ça reste dans notre marge de manœuvre dirons-nous. Phase 2 : validée. On reprend donc notre chemin de retour avec un poids en moins dans le ventre et l’esprit plus léger ; on va pouvoir reprendre bientôt notre route et nos découvertes.
Après un bon wrap « des familles » au pissenlit, nous nous décidons, mollement, au moment du café, à prendre une douche extérieure avant qu’il fasse trop moche. Guillaume file en quatrième vitesse sous l’eau fraîche pendant que je regarde les gros nuages gris arrivés rapidement sur nous. « Si tu fais vite, sans les cheveux, tu as le temps ! » Tu parles, à peine mouillée et savonnée qu’une bonne pluie me tombe sur la tête. C’est rigolo de se doucher sous les gouttes mais je ne m’attarde pas, ma serviette, elle-aussi, se trempe.
Et c’est parti pour une fin de journée dans Robert à regarder la pluie et écouter les grondements de l’orage au loin. Lola file dans son coin à l’arrière du camion où elle ne dormira que d’un œil sous un plaid-tente. Crochet, Switch, podcasts, musique, what’s else ?! On sort le Qwirkle avant de manger, un jeu d’association de couleurs et de formes dont ma mère est fan : ça nous rappelle le mois de Mars où on y jouait souvent avec mes parents. Nostalgie. Nos assiettes de patate-carotte-oignons terminées, on prépare le lit pour s’installer « en cuillère » devant un film sur l’ordinateur. C’est rare qu’on sorte l’écran avant de se coucher mais c’est comme pour célébrer la fin de ce « problème technique » dans le voyage. On met un moment à choisir un film parmi tous ceux donnés par Alice et nous optons pour « Incognito », au pif. Nous voilà devant un bon film français, avec jeux d’acteur passables (Bénabar et Franck Dubosc, ça donne le ton!) et les thèmes abordés ayant clairement mal vieilli. « C’est fou, les trames des films français ça tourne toujours autour du mensonge, du quiproquo ou bien un coup sur la tête pour amener une intrigue. » Avec tout ça, on ferme les yeux à une heure du matin avec une pensée pour notre toulousaine fan de Dalida qui nous régale avec ces pépites cinématographiques.
Allez, plus qu’un jour en stationnaire !
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