Nous avons passé une nuit bien tranquille dans un semblant de forêt avec personne autour. Nos esprits ont pu bien se reposer et j’ouvre les yeux à 9h, une grande première. Le soleil réchauffe déjà Robert qui est parfaitement positionné et on profite de cette matinée pour faire un grand ménage intérieur et tout sortir dehors au grand air. On a manqué de soleil ces derniers temps et on en profite même pour se faire une douche en extérieure par 3 degrés : quand on est sous l’eau aucun soucis mais dès qu’il faut se sécher et enfiler les vêtements, c’est le concert de claquettes des dentiers. En tout cas, on a bien éviter une humidité supplémentaire au camion qui commence par endroit à voir apparaître des tâches noires. Vivement l’été qu’il sèche sa carcasse (c’est pas pour demain quoi!). Heureusement qu’on a pu sortir tous les tapis car on s’est aperçu d’une fuite au niveau de la pompe à eau. « Espérons que le gel n’a pas tout fait péter. » Guillaume, le bricolo, s’arme de la lampe torche et va voir l’ampleur des dégâts, matelas de lit sur la tête. Deux fuites d’observables et hop un coup de stock d’électricien, surnommé par la fine fleur airbusienne « peau de couille » et le tour est joué. Lola a quartier lire dans ce bel espace et se dégote de quoi faire son repas du midi : un os de fémur de vache aussi gros que sa mâchoire : quoi de mieux. Cette matinée « repos » où on prend le temps de faire des trucs dans le camion nous avait manqué finalement : on se dit que le soleil s’est montré pile au bon moment où les corps avaient besoin de récupérer et Robert de se faire un peu bichonner.
Nous pouvons aller voir l’esprit tranquille notre visite du jour : l’ancienne mine de sel de Turda. L’endroit est extraordinaire. Dès les premiers mètres à descendre les escaliers, nous n’en revenons pas de la couche de sel sur les murs, des variations de brillance des surfaces. « On se croirais au cœur d’un gigantesque Halva ! ». Nous longeons dans un premier temps l’ensemble du couloir, histoire d’apprécier les nuances de gris et de noirs des surfaces du tunnel : cela ressemble parfois à la voie lactée, parfois à des coulées de goudron et d’autres fois des vitres gelées. Nous n’avions jamais vu ça. Puis nous allons voir une petite pièce dans laquelle se trouve un ancien énorme treuil pour remonter les charges lourdes de sel. Il était actionné à l’aide de plusieurs chevaux qui tournaient comme sur un carrousel. A l’époque l’électricité n’était pas active dans tout le système et au bout de deux semaines de travail, les pauvres bêtes finissaient aveugles car leurs yeux n’étaient pas protégés de la lumière du jour à leur remontée à la surface. Incroyablement tragique. Nous descendons ensuite au centre « de la bête » par une suite d’escaliers interminables. La vue est futuriste. Nous nous trouvons au dessus d’une énorme cave d’extraction de sel dans laquelle sont suspendues de nombreuses lumières filaires et où des structures en bois clair aux formes spatiales sont installées. Limite post-apocalyptique, l’ambiance. On pourrait croire qu’une ville souterraine est en cours de construction et que nous sommes les nouveaux habitants. « C’est pas pour rien que la Batcave de Batman fut tournée ici dans Darknight. » Très science fiction. L’acoustique est lui aussi très spécial ; nos pas (bien appuyés pour tester ça) font un écho contre les murs tellement hauts. Au niveau encore un poil plus bas, un lac souterrain est visible sur lequel une île salée s‘est formée par dépôt au cours des années d’utilisation des lieux. C’est marrant car dans un espace si particulier, on y trouve des tables de ping-pong, des billards, des petites barques pour naviguer sur le lac et il y a même un mini-golf. Toutes les activités sont payantes, bien entendu. Le côté « parc attraction » me pose question, ici, dans ce lieu atypique, et en même temps, ça distrait les enfants et un couple s’est même installé pour lire leur livre. En tout cas, c’est une superbe expérience et une véritable découverte pour nous. Nous sommes heureux comme des « coq en pâte ».
Nous reprenons la route pour trouver, dans un premier temps, de quoi remplir notre eau et puis pour se poser à mi-chemin avant notre prochain point sur la carte qui se trouve à presque 3h de route. Nous nous arrêtons juste à côté d’un monastère qui nous accueille de son plus beau son de cloches (et elles ont l’air d’être bien nombreuses) « Ça va être sympa, ça, à 7h demain matin… » mais en même temps, y a toilettes en accès libre, eau potable et parking plat : une pépite pour les voyageurs comme nous.
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