Troie

Cette nuit fut l’une des plus compliquée depuis le début du voyage. Notre Lola, avec sa collerette, a commencé sur son coussin mais au milieu de la nuit, elle n’arrivait plus à se mettre dans une position confortable pour sa blessure. Nos cœurs d’artichauts n’ont pas pu résister et on lui a fait une place dans notre lit. Malheureusement, nous étions donc bien éveillé après cette manutention et impossible de se rendormir tous les deux. « J’arrête pas de me refaire le film de la journée. – Oui, moi aussi, l’attaque en boucle. » C’est horrible et on culpabilise un peu tous les deux de ne pas avoir été plus vigilant avec notre louloute et tous ces chiens qui montraient des signes de possible agression. 3H du mat’ passe et on se dit que peut-être regarder un film va nous aider à nous vider la tête. Notre Alice nationale nous a copié tout un tas de classiques en tout genre sur une carte mémoire et on se refait Un dîner de cons, histoire de poser le cerveau. 1H15 après, du côté de Guillaume ça commence à ronfloter mais pour moi, je suis aux aguets des moindres gestes de Lola et n’arrive à trouver le sommeil qu’à 7h. Du coup, on se lève pas avant 10h30 et la journée est déjà bien entamée.

On se fait un gros petit déjeuner « comme ça, ça s’est fait, on mangera pas ce midi » et on reprend la route vers Troya. « Dommage, le spot était plutôt chouette avec ces vieux canons abandonnés de l’armée turque et les bunkers peinturlurés mais on va un peu avancé dans notre trajet quand même ! »

On se gare à nouveau sur le parking avec les fameux chiens errants qui sont là, tranquilles au soleil à dormir. « C’est celui-là, le méchant ! » Guillaume le reconnaît et, il est vrai, qu’on va être plus craintif avec les chiens qui viendront vers Lola maintenant. Nous laissons notre lampadaire installé sur le canapé dans le camion, au chaud et au repos.

Troie, nous voilà ! Enfin ce qu’il en reste. Première petite déception, la reconstitution du « cheval de Troie » en bois est en court et il n’y a quasiment rien, à part la structure de base. Dommage.

Le site archéologique est vraiment bien aménagé : nous marchons tout le long sur des caillebotis et montons parfois des escaliers pour prendre de la hauteur et voir le site d’un peu plus haut. Pleins d’écureuils font les fous dans les arbres et se régalent d’olives sous ce soleil. Qu’ils nous font du bien, ces rayons chauds, comme une caresse qui apaise notre stress pour quelques heures. La fatigue est bien présente mais donne à cette visite une lenteur et un effet cotonneux autour de nous. De l’histoire d’Achille et du cheval, il n’est quasiment rien raconté mais nous apprenons qu’il y a eu neuf citées consécutives étalées sur plusieurs siècles : chaque nouvelle époque recouvrant, littéralement, l’autre. Les fouilles archéologiques avaient donc sous leurs pieds neuf villes superposées ou agrandies à démêler et dater : un travail titanesque.

Ensuite nous faisons le Musée Archéologique Troya qui conserve des vestiges trouvés sur place. Le bâtiment est impressionnant avec ces cinq étages à visiter qui retracent les différentes périodes d’excavation. Bon, il est vrai qu’on en a déjà bien soupé des pots reconstitués, des bijoux en bronze, des pointes de flèches en métal et des statues sans bras ni tête ; mais on aime bien déambuler entre ces vitrines d’un autre temps.

L’après-midi se termine doucement comme nos gestes engourdis.

Nous trouvons un spot dodo juste à côté d’un commissariat mais là on va pas chercher plus loin, il est déjà 19h et on en a gros de rouler et notre louloute veut se dégourdir un peu les pattes. C’est dur pour elle de rester allongée toute la journée mais elle sent bien qu’il faut rester au calme car elle ne ronchonne pas trop. Nous sommes optimistes car elle pose bien sa patte arrière et ne boite quasiment pas donc c’est que la douleur et supportable. C’est déjà ça de gagné.

Un pas après l’autre et un kilomètre après l’autre pour notre Robert qui va nous amener un peu plus près de notre prochaine étape : Ephèse.