Mavikent

Ces trois derniers jours furent riches en échanges et rencontres.

La journée de vendredi se passe lentement et chacun se réveille à son rythme et se salue un café à la main. Les enfants jouent entre eux, y en a tout un paquet qu’on ne sait pas véritablement à qui est lequel. On part faire le marché de Mavikent avec un autre couple de jeune avec qui on a bien sympathisé, Marion et Johnathan. Le marché ou plutôt les halles sont gigantesques et les étales n’en finissent pas : on a du mal à choisir où on prend quoi. Les deux voyageurs qui nous accompagnent sont à leur deuxième mois en Turquie et ils nous conseillent sur les prix, sur les produits. C’est dépaysant à souhait. Des légumes et des fruits dans tous les sens, des vendeurs d’épices et de graines en tout genre, des loukoum et des bonbons. Nous nous laissons tenter par un fromage typique conservé directement dans une peau de chèvre : comment dire que c’est toute la chèvrerie qui s’invite dans notre bouche à chaque morceau. Les prix sont dérisoires et on s’en sort pour 7€ sans se priver.

La journée est mitigée niveau météo et ça oscille entre soleil voilé et gros nuages qui annoncent l’orage de ce soir. Un nouvel arrivant point le bout de son nez et quel voyageur : un breton et son tank. Un camion style allemand qu’il a réalisé seul. Ne pouvant pas passer sous la barre des 3m50 du parking, monsieur passe directement par le sable de plage : pas peur « je dégonfle mes pneus si besoin ». En même temps, Matthieu, c’est son nom, vient déjà de voyager avec sa copine depuis un an et demi jusqu’en Mongolie, en passant par la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Iran et j’en passe : impressionnant. Un autre véhicule se gare parmi nous : une voiture équipée d’une tente de toit duquel sort un couple et deux enfants. Oua ! A quatre là dedans ! Incroyable ! Comble du bonheur, la maman est québecoise et c’est un régale d’entendre à nouveau cet accent si chantant.

Depuis son attaque, Lola a un comportement assez spécial, beaucoup plus agressif, elle va davantage à la confrontation contrairement à son caractère discret que nous lui connaissons. Malheureusement, elle prend en grippe, Tiya, la chienne de Matthieu, et notre louloute se transforme devant nos yeux : aboiements et grognements menaçants, elle montre les crocs et se débat au bout de sa laisse. Nous sommes très surpris et nous ne savons pas exactement comment régler le problème. Nous essayons de détourner son attention par des friandises et lui montrer que l’autre chienne ne lui veut rien mais ça ne dure qu’un temps et elle revient à la charge. Nous décidons de l’enfermer dans le camion, histoire de dépressuriser un peu la situation. On réessayera demain, sait-on jamais.

Une partie du groupe, surtout ceux avec des enfants, ont décidé de se garer sur un autre spot beaucoup plus proche de la plage. Nous restons donc les jeunes, le tank, les québécois et nous sur place pour passer la soirée « on avisera demain, ici au moins y a une véranda ouverte qu’on peut squatter » et elle nous servira grandement car la pluie et le vent se lèvent fortement. Le cadre est royal, on a même l’électricité dans la salle. La soirée est très agréable et chacun raconte des anecdotes de son parcours. En temps que « baby globe trotter », on écoute tous ces récits qui font tous rêver. Un camping-car retardataire se joint à notre groupe : Jonathan, Noémie et leurs deux enfants, déjà 9 mois de voyage à leur actif et reprise du travail Avril 2024. Que d’aventure. On s’échange les Polarstep respectifs : une aide précieuse pour compléter encore pleins de points à notre trajet.

En discutant de leurs passages en Norvège, ils nous font douter sur le choix de passer la Finlande en premier pour revenir vers la Norvège dans l’été (Juillet / Août 2024), les vanlifers étant très présents pile dans cette période. Nous prenons toutes leurs recommandations et allons méditer et étudier ça posément dans les jours à venir. Ça serait ballot de se retrouver croulant sous les touristes dans notre objectif numéro un de voyage quand même.

Le réveil de samedi matin se fait par les aboiements de Lola contre Tiya : clairement, la nuit n’a pas apaisé les esprits. Nous les gardons à distance jusqu’à ce que Darril, le petit chien de la dernière famille, rapplique et comme par magie, Lola fait retomber la pression et joue avec Darril et sent Tiya et deviennent les meilleures copines du monde. Comme si le mâle avait servi de médiateur. Tout ça nous est quelque peu incompréhensible mais le résultat est là et les voilà tous les trois en balade ou allongés ensemble. Un soulagement de pouvoir à nouveau laisser notre louloute en liberté avec des copains.

Nous décidons de rejoindre les autres français au spot bord de plage, le lieu officiel du regroupement francophone. Nous arrivons sur une plage sublime avec eau turquoise, vagues déchaînées et pins verts. C’est toute une histoire pour se parquer car l’accès ne se fait que par une route de plage sur laquelle nous nous garons en file indienne et cette plage est également bien connue des locaux qui viennent passer le week-end ou même vivent là à l’année : le tremblement de terre de Février 2023 a rendu de nombreuses familles à la rue et le coup de la vie est très lourd pour certains, contrairement à nous, européens en visite.

Nous sommes une douzaine de camping-car, van, camion, voiture francophones à la queue-leu-leu et une grande table est installée au milieu sur la plage. Ça rigole fort, les enfants crient, les chiens aboient : ça vie quoi ! Un 23 Décembre a prendre des coups de soleil l’après-midi ou se baigner pour les plus téméraires ; bien entendu Guillaume sera de la team trempette avec des vagues énormes « c’est sport de revenir sur la plage ! ». L’heure de l’apéro se fait sentir et nous sortons nos restes de rhum français « ouaaaa mais vous êtes des malades de sortir ça sous nos yeux », dit Matthieu, « vous savez, ça fait presque 2 ans que j’ai pas bu ça ! » et il se sert un Don Papa, l’œil brillant de joie. On n’avait pas conscience de notre trésor. Un feu s’allume sur la plage autour duquel nous nous retrouvons pour nous réchauffer avec cuisses de poulet, aubergine sur le feu, un gâteau au chocolat en dessert et des digestifs vendéens pour clôturer le tout : liqueur au caramel beurre salé, une tuerie ! Une soirée inoubliable pour ce Noël 2023.

Tout le monde se réveille à 8h30 au son du klaxon d’une voiture qui se gare au milieu des camions : un vieux papy tout courbé sort de sa voiture. « Il passe tous les jours pour vendre ses « simits », un pain au sésame traditionnel ». Un régal ! Et du fait maison.

La journée s’écoule sans qu’on se pose véritablement la question de l’heure. Nous faisons un petit groupe pour aller chercher du bois. Toute une épopée. Nous avons repéré un pin mort assez loin sur la plage. L’équipe « bois » (on se croirait à KohLanta), munit de la tronçonneuse électrique d’un des campeurs, entame la découpe du tronc « Non ! Y a plus de batterie ! Il faut finir à la hache, à l’ancienne. » C’est un peu la DDE : un qui travaille pour quatre qui regardent. Une fois l’arbre au sol, le campeur sur-équipé arrive avec son quad, ficelle l’arbre et le tire jusqu’au campement : une vision très amusante, d’un homme tirant un tronc d’arbre le long de la plage. Nous sommes comme déconnecté de tout et nous mangeons à 15h, le corps lourd de trop de soleil « moins on en fait, moins on veut en faire » et on a juste envie de rester là à papoter avec les gens, simplement.

Ça fait quand même déjà trois soirs qu’on dort au même endroit, sans avancer sur notre parcourt. Nous décidons donc de dire au revoir à tout le monde juste avant le repas de Noël. Malgré tout, on a aussi envie de se retrouver un peu au calme, juste tous les deux. Nous saluons toutes ces belles personnes, avec un petit pincement pour ceux avec qui nous avons vraiment partager des supers moments « Profitez bien de votre voyage et belle vie à vous tous ! ».

Nous partons à 18h, les au revoir se sont un peu éternisés et la nuit commence déjà à gagner la route. Nous nous garons juste à côté du départ de randonnée vers les flammes éternelles « On ira voir ça avec le levé du soleil, ça sera top ! »

Notre repas de Noël en amoureux sera composé d’un wrap croustillant épinard, fromage, œuf brouillé accompagné d’un verre rouge Bordeaux, offert par Gérôme, le cousin de Guillaume à notre départ et pour finir sur une petite part de gâteau au chocolat. Un repas simple qui nous ressemble finalement.

Nous sommes crevés de ces trois jours intenses en sociabilisation, en parlote, en rire et en soleil et Morphée ne sera pas longue à venir nous bercer ce soir.


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