Réveil sous un temps maussade avec une épaisse couverture de nuages blancs. Il est déjà 9h quand on ouvre les yeux ; on a du mal à récupérer et à s’ajuster encore à l’heure turque. Ce matin, c’est douche chaude dans le camion. C’est toute une épopée encore cette histoire : « on fait que déplacer des trucs d’un endroit à un autre, c’est usant. » Effectivement, pour chaque chose qu’on veut prendre, il faut sortir d’autre chose mais c’est grâce à ça qu’on économise de la place en rangement. Du coup pour une douche « in the truck » on bouge les doudous et le coussin de Lola, la plaque en bois en dessous qui finissent dans le couloir ; ensuite c’est accrochage du rideau de douche et sorti du tuyau ; enfin la douche est prête. C’est quand même royal de pouvoir être tranquille avec eau chaude dans un camion de ce gabarit : on s’autorise même shampooing et après-shampooing (100 % naturel), c’est pour dire. Le seul inconvénient, c’est le séchage des serviettes et du rideau. Heureusement, il ne pleut pas donc tout finit aimanté sur la carrosserie ; nos guirlandes de Noël en quelque sorte.
Avec tout ça, midi arrive très vite et on se met en mouvement jusqu’à Izmir, une très grande ville en bord de mer pour s’arrêter manger. Sur la route, nous sommes très surpris de voir énormément d’usines de fabrication d’éoliennes, dû jamais vu pour nous : les pales sont énormes au sol « c’est aussi gros que des fuselages d’avion », se remémore Guillaume. On ne pensait pas la Turquie si engagée dans l’énergie renouvelable et il est vrai qu’on voit sur les crêtes bon nombre de ces « moulins à vent modernes ».
Avant notre repas de midi, on se fait une petite balade en front de mer. Je suis quelque peu tendue au moindre aboiement et Guillaume fait le garde du corps de notre louloute, les chiens ayant plus peur des hommes, semble-t-il. Pour la grande stressée de la vie que je suis, il va me falloir du temps pour retrouver la tranquillité en balade.
Izmir n’est pas une ville très attrayante mais elle est juste gigantesque avec des maisons partout sur les montagnes, des buildings qui poussent de temps en temps dans le paysage, un brouillard de pollution constant et des bouchons sur les routes principales : on se fond dans la circulation turque en serrant de temps en temps les doigts de pied sur le frein. « Les turcs ne veulent pas user leurs clignotants, on dirait, ils en ont trop besoin pour les warning quand ils se garent en troisième double file. (rire) »
Qui dit grande ville, dit enseignes de magasins connus et on se dégote un Décathlon pour « claquer quelques billets… et y en a du billets en livres turques ». On repart avec un bonnet et un pantalon de pluie pour Monsieur, une polaire pour Madame et un complet legging / manche long pour chacun : paraît pour l’hiver bulgare !
La nuit est déjà là (c’est normal en partant aussi tard ce matin) et on se trouve un coin dodo pas trop loin de la grande route en bord de forêt. Comme partout, il y a encore et toujours des chiens errants mais ceux-là sont davantage sauvages et restent à distance de nous en ne faisant d’aboyer. Pendant la balade « pipi express de Lola », on voit un peu partout des os, c’est un genre de charnier pour chien quoi. Bon, pas hyper accueillant mais ça fera l’affaire pour cette nuit : j’ai même vu un crâne de chien en assez bon état « tu le récupéreras demain, je veux pas que ça embaume tout le camion ton truc. – Oui, je vais attendre le jour, va. »
C’est un sentiment bizarre qui nous accompagne depuis que nous sommes passés en Turquie ; à la fois curieux de découvrir ce pays mais on n’arrive pas à être encore en mode voyage. On ne fait que gérer des petites galères sur des petites galères, plus ou moins urgentes, sans visiter rien, sans prendre vraiment le temps. J’en ai souvent un peu marre de tout, du stress, de chercher des spots, de rouler. Peut-être l’hiver et les fêtes de fin d’année qui approchent loin de tous me dépriment un peu et je suis souvent inquiète pour Lola. Guillaume m’ouvre grand les bras pour un câlin de réconfort et ça repart pour un tour.
Mine de, on attend beaucoup d’Ephèse et de son très beau site antique : on espère que ça sera le début de notre vraie aventure turque. Demain matin, réveil programmé à 6h30 pour se recaler comme il faut dans un cycle de sommeil et pouvoir profiter de la journée complète.
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