Nous nous levons avec la surprise d’un bon manteau blanc tout autour du camion : la neige tombe sans arrêt par gros flocons. Splendide ! Nous entamons donc notre visite du village de Viscri en suivant un petit chemin entre des champs pour arriver sur l’artère principale. Nous sommes seuls au monde, le village semble sans vie pour un samedi matin. Nous marchons en plein milieu de la route, Lola sans laisse et nous nous en donnons à cœur joie pour prendre pleins de photos et faire des glissades sur le verglas. Il faut même être très vigilant car bien souvent nos pieds dérapent sans somation tellement la couche est épaisse. Il a du faire un temps glacial avant qu’on arrive car aujourd’hui, c’est plutôt doux. Nous sommes ébahis par toutes les maisons aux façades colorées qu’offrent ce village (et finalement, nous en reverrons tout au long de notre route). Les teintes sont parfois douces, parfois osées, parfois passées, parfois pimpantes. Bleu ciel, vert mentholé, orange vif, jaune pâle, bleu Klein, rouge carmin, ocre doré, vert herbe, rose saumon… Tout est possible. Il y aurait véritablement une autre ambiance si les murs n’étaient que gris ; ça serait limite angoissant avec le silence qui règne tout autour. Mais là, ces touches de « vie » dans ce blanc sont de vrais lumières. Nous allons voir de plus près l’église évangélique fortifiée. Nous ne pourrons rentrer que dans la cour car par temps de neige, le reste du site est fermé au public. Tant pis, le bâtiment est tout de même très impressionnant avec des tours aux toits pointus recouverts de tuiles en forme d’écailles de poisson. Guillaume en profite pour s’essayer à de nouvelles figures de glisse : chute sur les fesses sera ça plus réussie ! Nous sommes sous le charme de ce village et Lola furète partout et glisse parfois, rencontrant sur son chemin plusieurs chiens errants plus ou moins grognants mais sans incident. Elle semble avoir retrouvé la confiance envers ses congénères et tente des approches plus calmes, moins sur la défensive. Il lui a fallu un temps pour calmer son angoisse de l’attaque et retrouver les bons codes de communications. Tant mieux.
La neige n’ayant pas du tout réduit sa cadence, nous rentrons au camion trempés mais heureux. En route pour la prochaine ville roumaine : Sighisoara. Incroyable, encore des maisons tout en couleurs « Ta mère serait aux anges, Guillaume. – Oui, si elle habitait en Roumanie, elle changerait de couleurs tous les ans. » Nous allons voir le centre historique de la ville avec sa Tour de l’horloge et ses toits aux écailles colorées. Nous flânons dans les rues qui se prêtent très bien à cet exercice. Nous arrivons devant le fameux escalier couvert en bois, construit en 1642 dans lequel tout le monde se prend en photo. Nous n’échappons pas à la règle. Ce dernier permet d’atteindre l’église Biserica din Deal au sommet. Nous ne ferons pas de visite d’église pour une fois, elles sont toutes payantes et clairement on n’en a un peu marre de devoir toujours payer pour avoir accès à des lieux qui devraient être ouverts gratuitement au public. Que la culture et le patrimoine puisse devenir un jour une histoire de riche nous désole un peu (même si c’est déjà le cas, il faut croire!). Nous redescendons de notre promontoire par le cimetière dont les tombes sont couvertes de neige donnant un côté fantomatique aux ombres qui se dessinent dans les arbres ou derrière les pierres tombales. Une petite fringale ?! Vu ce qu’on a économisé en visite, on se paie le luxe de se manger deux « langosis au chocolat », des sortes de galettes de pain fris dans un bon bain d’huile que l’on déguste tiède. Ça nous réchauffe le corps et l’esprit tout ce gras.
Sur la route vers Sibiu, notre prochain point, nous nous arrêtons voir le village de Biertan, dont l’église fortifiée est classée au patrimoine de l’UNESCO. Malheureusement, nous arrivons une heure trop tard, les portes sont clauses. Tant pis. On arrivera bien à entrer dans une de ces fameuses églises fortifiées à un moment ou à un autre, on a l’impression qu’il y en a dans tous les patelins.
La nuit tombe tout juste et nous nous garons sur un parking en plein centre de Sibiu que nous visiterons demain. Elle nous réserve, elle aussi, de belles curiosités, paraît-il.
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