Le petit kiffe de se réveiller les bras sortis de la couette et le bout du nez à la température normale du corps. C’est décidé, on a pris une soirée de plus dans cet appartement car on n’a pas le cœur de laisser Lola toute seule dans le camion par -10 dehors donc du négatif dans Robert. Premier argument, et puis après avoir passé la journée entière dehors dans Bucarest, on se dit qu’une bonne douche chaude nous fera pas de mal pour détendre les crispations des courants d’air glacés.
Nous prenons donc l’une des deux lignes de métro pour nous rendre au Musée du Paysan Roumain. Bon, on est encore des boulettes de l’organisation et les portes sont fermées le mardi. Arf… « Pas trop loin y a le Musée du Village Roumain, faut juste traverser ce parc et on y est. » Allez, on enfonce un peu plus notre bonnet sur la tête et nous allons dans ce joli parc qui prend tout de suite une dimension particulière avec toute cette neige. On ne se sent quasiment plus dans une gigantesque capitale bouillonnante de voitures et de piétons en bottes à crampons. 11H, nous entrons dans le village. « On a le don pour faire le seul musée de plein air un jour de -10, nous. » Le site est très vaste et découpé en différentes zones selon les régions roumaines. Chaque région avait son type de maison, d’usage de matériaux, de métiers, d’outils et de formes d’églises. Nous déambulons à travers le temps et passons parfois une tête par une fenêtre pour essayer d’apercevoir les reconstitutions d’époques qui se trouvent à l’intérieur. Malheureusement, l’hiver, les maisons sont fermées donc on ne peut pas entrer, mais d’un autre côté, la neige lisse le paysage et créée comme un tout de toutes ces bâtisses, cachant subtilement les aménagements modernes, du type lampadaire, poubelles, bouches d’égouts, pour nous immerger un peu plus. Nous lisons brièvement les panneaux de chaque demeures : on évite de trop rester statique car les pieds et les mains se refroidissent vite et le soleil se fait de plus en plus timide aujourd’hui.
Après deux heures de visite, nous nous dirigeons vers un restaurant végétarien, repéré plutôt. Il faut qu’on se fasse un arrêt tranquille dans un lieu chaud pour pouvoir repartir de plus belle cette après-midi. Nous n’arriverons jamais à ce restaurant, pour cause de ratage de station de métro. Il ne m’en faut pas plus pour commencer à voir les choses en noir et le froid qui n’arrange rien « bon, ba, on va juste pas manger comme ça la question ne se posera plus et on sera à l’heure pour le Free Tour ; de toute façon, il reste qu’une heure avant le rendez-vous donc c’est mort ! » Heureusement, Guillaume et son éternel calme, nous dirige vers le point de rassemblement de la visite et nous dégote une brasserie sympathique qui nous sert en moins de 20 minutes et hop ! On est dans les temps pour tout faire. Toujours un pour rattraper l’autre !
Le ventre bien plein et le moral réchauffé, nous retrouvons donc notre guide, Laura, qui nous conduit à travers Bucarest pour découvrir avec elle la dualité de la ville : entre communisme et démocratie. Une histoire de dingue, la Roumanie, dont on n’a que très peu de connaissance. Nous prenons conscience de toute la brutalité du communisme de Nicolae Ceaușescu et de la folie de cet homme, de 1945 à 1989. C’était hier en somme. Ce dictateur a détruit une bonne partie de Bucarest pour la reconstruire à l’image d’une grande ville communiste. Les bâtiments sont monumentaux et le Palais du Parlement, deuxième plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone, est un vestige très représentatif de cette période sombre pour bon nombre de roumains. Avant la révolution de 1989, la population avait certes un toit et un peu d’argent pour chaque individu mais la nourriture, l’eau chaude et l’électricité étaient rationnées. A quoi bon de l’argent si il n’y a plus de denrées à acheter. Pendant ce temps, Nicolae Ceausescu vivait bien à l’abri dans sa demeure grandiose attendant que son palais se construise (chose qu’il ne verra jamais, il fut fusiller avant sa construction). Un peuple qui a faim est un peuple qui se soulève ; et c’est ce qui s’est passé le 21 Décembre 1989. Notre guide était vraiment bien et nous passons par les différents endroits importants pour la libération de la Roumanie. Nous traversons la place où se sont tenues les émeutes et la mort de centaines de manifestants : des trous de balles sont encore visibles sur certains bâtiments ; ça fait froid dans le dos. Après 2h d’histoire et d’anecdotes, nous sommes euphoriques de tout ce savoir, même si le froid a raison de nous. Nous allons donc jeter un coup d’œil dans l’ancienne ville et reprenons vite le métro, pour retrouver notre louloute qui a bien traîné sur le lit toute la journée au chaud. Si demain la motivation est encore là, nous irons refaire un tour pour aller voir les bâtiments manqués aujourd’hui, et pourquoi avec Lola ?!
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