350ème jour. Sonnerie du réveil à 7h pour un levé des corps à 7h30 en douceur. La nuit fut assez calme si on oublie les deux ou trois sursauts dans le lit : nous étions sous des chênes qui lâchaient de temps en temps un ou deux glands pile sur le toit de Robert ; c’est que ça résonne fort directement sur la tôle.
9h30 nous sommes à l’entrée du site de la « Tanière du Loup ». Notre porte monnaie allégé de 70 zlotys (soit 16€), nous nous garons facilement sur ce grand parking. Après avoir vérifié auprès du point information, nous pouvons faire toute la visite avec Lola, du moment qu’elle est toujours en laisse. Parfait, ça va lui faire une bonne balade à elle aussi.
Et nous voilà donc partis pour 2h de déambulation à travers cette fameuse « Tanière du Loup », soit le dernier bunker d’Hitler avant la chute des nazis. Au départ, nous pensions que c’était le bunker où Hitler s’était donné la mort mais en fait, les derniers jours du dictateur se déroulèrent à Berlin où il avait pris ses quartiers le 16 Janvier 1945 et où il se suicida le 30 Avril de la même année. Cependant, ce qui fait que cette « tanière » est un lieu important, c’est surtout que c’est ici que s’est déroulé un fait historique qui aurait pu changer le court de l’Histoire, ou du moins, la fin. Le 20 Juillet 1944, le chef d’état-major de l’armée de remplacement, le colonel Claus Count Schenk von Stauffenberg, a mené un coup d’État manqué contre Adolf Hitler dans la caserne pour les briefings de la situation. En plus d’Hitler et de Stauffenberg, 23 autres personnes ont participé à la réunion. Hitler a survécu, avec des blessures légères. Suite à l’explosion, 4 personnes sont mortes et 11 autres ont été blessées. C’est assez déroutant de se dire qu’Hitler a marché là où nous nous trouvons ainsi que toute une armée de soldats SS.
Les restes des bunkers lourds anti-aériens sont encore très impressionnants par leur massivité. Ils étaient construits de telle manière que le véritable abri intérieur, avec des murs et des sols pouvant atteindre 2 mètres d’épaisseur, étaient recouverts d’une couche de béton armé d’au moins 3,5 mètres d’épaisseur, soit un total de plus de 5 mètres de matière. Par endroit, les bunkers ont été comme éventrés ou ouverts comme un livre posé à plat et l’on peut voir les renforts de ferraille et les couloirs, même si pour la plupart, c’est interdit de pénétrer à l’intérieur.
La forêt et la nature a déjà repris leurs droits sur tout ce béton et les couleurs du vert mélangé au gris sont très chouettes à photographier. Le circuit est bien pensé et il y a un panneau pour chaque bâtiment devant nos yeux donc on peut se rendre compte de la vie de village qu’il pouvait régner ici en 1944 : casino, salon de thé, salle de briefing, résidence principale, résidence pour les invités, salle de sténographie, cuisine, garage, salle des armes.
Il y a également toute une salle qui retrace le jour de l’insurrection de Varsovie, le 1er Août 1944. Hitler voulait que « tous les habitants (soient) tués, aucun prisonnier ne doit être fait. Varsovie doit être rasée afin de donner à toute l’Europe un exemple terrifiant. » Il confia la tâche au bien connu Heinrich Himmler. Malgré une résistance de la ville pendant plus de 63 jours, les soldats allemands tuèrent les insurgés, procédèrent à des exécutions massives de la population civile et utilisèrent les habitants comme « boucliers humains ». Les combats ont fait environ 200 000 morts et Varsovie a subi d’énormes pertes matérielles également, notamment des centaines de monuments rasés et lieux culturels et sacrés détruits. Nous ne manquerons pas d’avoir une pensée pour cette période terrible de l’Histoire quand nous la visiterons dans les prochains jours.
Malgré le thème pas vraiment très joyeux de la visite, cette promenade culturelle nous a vraiment bien plu : entre urbex et Histoire, c’est un beau combo. Et avec le soleil en prime, on ne peut pas demander mieux.
A si… une douche chaude gratuite ? Allez ! On se rend compte qu’il y a des douches en libre accès « on a payé l’entrée, on va pas se gêner ! » Ça fait un moment qu’on n’avait pas pris de « vraies » douches bien chaudes en dur et avec une pression et une eau illimitée, et il faut dire que c’est quand même bien sympa.
Une fois tout le monde propre, on roule pour se trouver un coin pique-nique, un peu par hasard, dans un port d’une petite ville. Rien de bien exceptionnel mais il commençait à se faire tard.
Au départ, on voulait aller visiter un village et un grand lac mais à peine on prend la route principale qu’on arrive sur des travaux sans redirection possible et vu la tête des routes polonaises, franchement, on n’a de moins en moins envie de faire des détours. Finalement, on laisse tomber ces deux points pour essayer de tracer en ligne droite vers l’est du pays pour rejoindre une réserve d’animaux. C’est tout de même à presque 300 kilomètres donc on en fait bien 200 aujourd’hui et on terminera demain matin.
Guillaume nous trouve un point dodo en bord de rivière sur un sol bien sableux mais qui a l’air de tenir sous les roues de Robert. Pas de pluie annoncée dans la nuit ni pour demain donc pas de quoi s’inquiéter. Une balade histoire de voir notre « jardin d’un soir », un joli coucher de soleil rose et on rentre dans notre maison-roulante pour terminer cette soirée comme tous les soirs, dans notre petite routine : devoirs, photos, cuisine, nourrir Lola, manger, balade du soir, faire le lit, lecture et dodo. Un rythme où chacun s’est ce qu’il a à faire sans qu’on est plus rien à dire. Après presque un an dans ce mode de vie, on a vite recréé nos petites habitudes familiales.
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