Vallée Husedalen

Encore un matin plutôt dur pour mes yeux : nous n’arrivons pas vraiment à nous faire à ce soleil qui est avec nous quasiment 20 heures par jour et nous n’avons pas encore le réflexe de tout fermer aux alentours de 19h. Résultat des courses : minuit sonne et on est toujours les yeux grand ouvert, limite à regarder les nuages qui se teintent légèrement de rose et d’orange. Du coup, Guillaume repousse le réveil d’une heure après mes nombreux grognements de tête dans le cucul.

Une fois nos ventres pleins et Robert mis en place pour rouler, nous allons donc rejoindre notre point de départ de randonnée à 1h de là, dans la vallée Husedalen. Comme nous sommes dimanche, on espère ne pas avoir trop de monde sur les sentiers et pouvoir profiter du paysage sans voir une casquette jaune fluo passé devant nos yeux, par exemple. Quelques véhicules sur le parking mais rien d’excessif donc vite, wraps dans le sac, chaussures aux pieds et harnais de Lola « museau ! », en avant.

A peine 100 mètres de fait qu’on aperçoit sur la droite un petit pont de bois qui traverse la furieuse rivière. Une vingtaine de photos plus tard, nous reprenons notre marche pour arriver à la première cascade : Tveitafossen. Elle est déjà vertigineuse depuis notre mètre soixante/quatre-vingt d’humain. Les embruns nous dégoulinent du visage pendant que nous restons ébahis devant ces mètres cubes d’eau déferlants.

Nous longeons un temps une grosse conduite forcée « un gros tuyau, quoi » qui sert à dévier le courant pour amener l’eau vers une petite centrale hydroélectrique en contre-bas, puis nous nous engouffrons dans une forêt claire et verdoyante. Bien sur qui dit cascade, dit prise d’altitude, donc nous montons doucement le sentier pour apercevoir entre les arbres, puis de manière plus frontale, ce mastodonte de cascade : Nyastølfossen. Elle est monstrueuse de beauté et quel bruit. Elle s’écrase sur des rochers dans un fracas assourdissant. L’eau est tellement brassée qu’on dirait de la poudre blanche qui s’écoule et volette. On en prend plein les mirettes. « Elodie, je l’ai trouvé ! » En s’avançant un peu sur un bout de cailloux, l’arc-en-ciel perpétuel nous salue de ses couleurs.

Déjà deux cascades et on est aux anges. La troisième demandera davantage d’altitude et c’est une bien bonne montée en ligne droite, directe sur d’énormes rochers lisses qui nous attend. Lola tire la langue mais arrive toujours à se rafraîchir avec quelques lampées dans des petits cours d’eau qui ruissellent un peu partout sur le chemin. Enfin la troisième est devant nous : Nykkjesøyfossen. La cadre est paradisiaque, d’ailleurs, on croise plusieurs marcheurs/campeurs avec des gros sacs et tapis de sol dans le dos. Le lieu se prête parfaitement au camping sauvage en tente, qui est autorisée très largement en Norvège. Nous sommes dans un creux de la vallée où une petite clairière s’est créée autour de la rivière et où l’herbe moelleuse appelle à la sieste, indubitablement. Ce n’est pas la plus impressionnante en taille mais son environnement est exceptionnel. Nous nous posons pour profiter du soleil, grignoter notre pique-nique et aérer nos chaussettes qui commencent à souffrir d’une odeur latente dans les chaussures.

On se tâte un moment avant de reprendre le chemin pour faire un bon 100 mètres de dénivelé supplémentaire et aller voir la quatrième et dernière cascade : Sotefossen. Aucun regret, c’était une très bonne idée de continuer. Là-haut, nous sommes sur une grande plaque rocheuse d’où nous apercevons bien, mais alors bien plus haut, cette « maman » cascade. « Incroyable ! D’où vient toute cette eau ? J’aimerai trop aller voir encore plus haut. C’est le problème avec les cascades, on veut toujours voir plus loin. »

L’endroit est sublime et nous pouvons aller au plus près du courant. Pas de barrières de sécurité, ni rien, juste le bon sens des randonneurs. L’eau est d’une transparence telle qu’on pourrait la boire directement la tête dans le torrent. « Là, une passerelle ! » Bien entendu, Guillaume file faire la traverser pour se confronter à la puissance de Mère Nature. Il est vrai que ça donne envie et je m’y risquerai aussi (même si le risque était nul vu la construction en dure du pont… mais quand même, ça fait quelque chose de voir toute cette eau passée sous nos pieds à une vitesse démente.) Nous continuons à longer tout le cours d’eau pour arriver en haut de la troisième cascade, là où tout bascule : un remarquable point de vue sur la vallée où nous avons mangé en bas.

Le chemin du retour se fera par le même sentier mais en descente, c’est souvent plus rapide, même si sur la fin, à 300 mètres de l’arrivée j’entends toujours un « je suis mort » venant de Guillaume. Au total : 5 heures de randonnée pour 11 kilomètres, avec 700m de dénivelé cumulé et un point culminant à 660m. C’est qu’on y prendrait vite goût à ces marches interminables avec des paysages comme ça. « Cerise sur le pompom », on réitère notre expérience de la précédente rando et on se fait une trempette des gambettes dans la rivière, bien fraîche, bien oxygénée, directement descendu du glacier.

On ne roule que quelques minutes pour se poser sur un parking pas trop loin de l’embarcation du ferry pour demain à Kinvarsik : heureusement qu’on a trouvé vite car la fatigue nous tombe dessus rapidement. Encore un point administratif à régler : on va s’inscrire sur un site, Autopass et AutopassFerge, pour avoir des réductions sur le prix des routes et des ferrys. On en avait eu connaissance peu de temps avant notre entrée dans le pays mais là, vu les tarifs appliqués, on ne rechigne pas devant des tarifs préférentiels, même si l’avance conséquente d’argent (3000 NOK, soit environ 300€) qu’on doit faire à la compagnie va sûrement à des transactions inconnus dont nous n’avons pas connaissance ; tant pis pour la spéculation, bonjour les promos (rire, jaune tout de même).

Après ces deux randonnées exceptionnelles, il va vite me manquer des superlatifs pour décrire au mieux tout ce qu’on peut voir et tout ce qu’on ressent tellement c’est… Guillaume me demandait tout en haut de la cascade « tu crois qu’on est à l’apogée de notre bonheur ? » Que répondre. Juste tout embrasser.

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