Kaperdalen

Nous quittons notre coin nature en début d’après-midi sous un ciel qui est bien menaçant comme prévu. Nous nous dirigeons donc vers cette fameuse grande île Senja. Nous arrivons sur le parking d’un petit village musée Sami, Kaperdalen, à 15h. Vite, vite, il ferme à 16h : c’est ça de vivre en décalé, on a les sites à visiter quasiment tous sur le point de fermer, mais bon, de toute façon, on n’en visitera assez peu vu les tarifs appliqués. Nous marchons donc quelques mètres dans une forêt de fougères pour arriver sur une genre de clairière où deux vieilles maisons faites de bois et de terre sont construites. Une femme-guide nous reçoit et après avoir payer 160 NOK (15€) pour deux, nous suivons une courte mais très intéressante visite guidée en anglais, presque en particulier, une norvégienne se joindra à nous. Nous savions que cette ancienne « tribu de Laponie » avait vécu dans le grand nord mais nous ne pensons pas trouver des traces d’eux dès maintenant. Nous sommes donc très attentifs aux explications plutôt claires de notre guide. Les Samis étaient pour la plupart d’anciens éleveurs de rennes, nomades, voyageant au gré de la migration de leur bétail. Ici, deux habitations ont été restaurées et habitées jusqu’en 1963 par un homme sami et sa compagne. Cette ancienne ferme comprenait vache, mouton et cheval et le plus gros de leur vie était faite de cueillette, d’agriculture, de chasse, de pêche et de travail du bois. Les Samis étaient reconnus pour leur habileté à la fabrication de bateaux d’où leurs liens étroits avec les Vikings de l’époque qui commercialisaient également les fourrures. L’histoire de ce peuple est une histoire faite d’esclavage, de migration, d’oppression ; le pouvoir norvégien avait lancé une sorte « d’apartheid » contre les Samis qui ont dû renier leur coutume, leur langue, leur croyance pour devenir « de vrais norvégiens ». Aujourd’hui, ce peuple est à nouveau reconsidéré, ils ont un drapeau officiel et leurs coutumes sont reconnues comme entité propre. Les descendants samis peuvent à nouveau revendiquer leur appartenance qu’ils portaient depuis bien longtemps comme un fardeau et taisait leurs origines. Nous sommes très contents de pouvoir découvrir un bout de cette Histoire dont nous verrons plus tard dans notre voyage d’autres facettes.

Pour le moment, nous entrons dans cette maison sommaire faite de piliers de bois pour la structure et d’écorces de bouleau pour les murs ; le tout est recouvert de l’extérieur sous une grande butte de terre qui finit l’isolation. Quelques photos d’époque nous montre comment ils vivaient et on sent que la guide est passionnée par cette histoire : c’est très agréable. Nous finissons le tour par l’extérieur où une légère pluie nous annonce la fin de la cession. Nous repartons donc nous mettre à l’abri dans Robert avec l’envie d’en savoir davantage sur ce peuple. Et, joie, la guide nous a montré une plante comestible qu’on trouve un peu partout en Norvège « delicious in a porridge ». Mes yeux en pétilles d’avance.

Nous reprenons la route sous cette pluie qui voile bien vite les sommets tout autour. Nous nous arrêtons tout de même à un joli point de vue « moderne », Bergsbotn, dont l’architecture en forme de vague titille l’intrépide Guillaume qui se lance dans une série de glissades dont il a le secret. Bien entendu, je fais bien gentiment son public.

Quelques kilomètres plus loin, nous nous arrêtons sur un second point de vue, Tungeneset, en bord de mer cette fois-ci où nous sortons marcher sur les énormes rochers avec en fond le déferlement des vagues qui s’écrasent à nos pieds et la bruine mêlée au vent qui nous fouettent sacrément le visage « pire journée » ironise-t-on tout le long de la balade. Nous remontons dans notre Robert pile quand le ciel se dévoile un peu et que le soleil illumine la mer : mauvais timing, ça arrive aussi. Tant pis. « Ça a un côté très viking ce temps, en même temps : brume et mystère. »

Nous avons un peu changé notre programme de visite de l’île car on a appris qu’il y a avait un festival dans un village de pêcheurs dans deux jours dans le sud donc il va d’abord faire les randonnées du nord pour pouvoir profiter un peu de ces festivités d’été.

Nous nous garons donc sur le parking gratuit de Mefjordvær, très accueillant pour les camping-car (on prend la dernière place libre) avec vue sur la mer et les montagnes à pic autour. Quelle panorama. La montagne se découpe sur l’horizon comme si on l’avait tranché au couteau, une crête hyper nette « un peu comme quand on se coupe une tranche de fromage norvégien, quoi. » 20h30, on entame une balade le long de la mer qui va vite être avortée au bout de 30 minutes : les roches sont glissantes, il serait mal venu de se faire une cheville ; et nos chaussures commencent à être trempées, alors qu’on prévoit une grosse randonnée demain, mauvais combo. « Pire journée ! » Allez tout le monde fait demi-tour pour se mettre au chaud dans le camion sous le plaid et écouter les mouettes rirent de nous pendant tout le reste de la soirée. « Pire journée… » y a pire comme journée !

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