Preikestolen

Comme prévu, le réveil sonne à 2h45 et tout le monde debout à 3h pour petit-déjeuner comme si il était 8h. Une heure plus tard nous claquons la porte de Robert pour démarrer notre randonnée. A 4h du matin, ici, il fait vraiment très lumineux même si le soleil ne se lèvera que dans une grosse demi-heure. Nous partons donc sans lampe, nos yeux s’accoutument à la pénombre où on voit suffisamment pour se guider à l’œil. Lola n’a pas rechigné à engloutir sa gamelle ni à passer son harnais, elle sent que c’est quelque chose de chouette qui va se passer aujourd’hui, elle ouvre même la marche « venez mon gang, suivez-moi ! »

Notre objectif premier est de rejoindre le parking officiel payant du départ de la randonnée de Preikestolen qui se trouve à 4 kilomètres. Nous entamons donc notre marche en forêt entre pins, fougères, pierres glissantes et flaque d’eau. Ça monte, ça descend, ça monte, ça redescend. Heureusement nous sommes encore bien agiles sur nos jambes et pleins d’entrain : rien ne nous fait peur, surtout avec l’application Visorando qui nous permet d’être sûre qu’on est bien sur le bon sentier car il y a pas mal de bifurcation et de fausses routes à éviter, mais notre guide Guillaume assure. « C’est tellement agréable de commencer à l’aube une randonnée. » Effectivement, un calme ambiant règne encore sur cette nature qui commence à s’éveiller, même si les oiseaux sont déjà bien debout depuis plusieurs heures, en atteste mes boules Quiès. Nous passons à côté d’un petit lac tranquille dont une légère brume fait office de couette sur l’eau où quelques nénuphars sommeilles encore. Pas un bruit, juste nos essoufflements et nos battements de cœur bien en vie qui résonnent à nos oreilles voir même dans nos gorges. On se sent pleinement vivant. « Et on devient des sportifs, regarde comment je récupère bien, même pas essoufflé. Une micro pause et ça repart comme si de rien n’était. » Guillaume est grisé par l’effort et le paysage autour. Cette première partie de randonnée nous fait passer deux petits cols jusqu’au fameux parking : plaine herbeuse, marécageuse, sol rocailleux plus aride, chemin de terre et coulée de rivière.

Après 1h30, nous arrivons à notre premier point de chute. « Micro pause, on mange une barre de céréales et on repart ? » Pour une micro pause, c’en est une. A peine 2 minutes assis sur un banc qu’une nuée de « midge » nous attaque : ce sont des toutes petites mouches qui viennent, non pas piquer, mais manger un peu de notre chair. Comment dire, que ça n’est pas du tout agréable et ça arrive par dizaine. Vite, vite, on reprend la route pour les semer. Nous entamons la deuxième partie de la randonnée qui s’étale également sur 4 kilomètres pour atteindre les 600m d’altitude du Preikestolen. « Ça pour 25€ ?! » Guillaume n’en revient pas du prix demandé pour le parking et nous rigolons d’avoir trouvé une bonne alternative pour faire cette incontournable rando mais un peu à notre manière. Le sentier est plus aménagé qu’au début : ici, d’énormes rochers ont été entassés pour former de grands escaliers aux marches extrêmement hautes « ça nous coupe le tempo tellement on doit forcer… » Devant nous, personne. Nous pensons être les premiers marcheurs en montée de ce matin. Nous ne croiserons que quelques couples qui eux redescendent déjà, peut-être des locations de maisons directement sur le site car ils sentent bon, signe d’hygiène corporelle régulière et ils n’ont pas trop le profil des campeurs en nature, surtout vu les petits sacs. En tout cas, ça nous va qu’ils descendent, ça fera moins de monde en haut. Cette partie est tout de même physique, il faut se le mériter le point de vue et nous passons deux longues et pentues montées qui nous chauffent bien les cuisses « l’acide lactique du début se fait bien sentir là ».

De nombreux panneaux indiquant l’avancée de la randonnée jalonnent les bordures. 2000M, c’est la moitié ! 350, 250, 150, 50, ça y est, on y est ! Une dizaine de personnes sont déjà sur place : on se demande comment ils ont fait, vu que le parking n’ouvre qu’à 6h. Peu importe, ça reste très correct vu la fréquentation annoncée du site (plus de 300 000 personnes par an!) Photo du bout du fameux caillou oblige : bras en l’air et sourire aux lèvres. C’est quand même quelque chose. Cependant la meilleure vue n’est pas celle-ci, il faut prendre un pas de recul ou plutôt un pas de haut pour apprécier davantage cette beauté géologique. No problemo ! On grimpe donc quasiment au sommet Neverdalsfjell d’à-côté (630m d’altitude) pour trouver cette vue incroyable sur le fjord, sur le rocher, sur la forêt, sur les lacs. On se trouve un siège hyper confort taillé dans la roche où nous nous offrons une belle pause au soleil : c’est dur de fermer les yeux devant ce paysage, même si il y en a une que ça ne dérange pas du tout, Lola se paie une sieste bien méritée. Nous passons bien une heure à ne rien faire de spécial, juste apprécier le moment et grignoter notre pique-nique de 7h du matin.

Allez, on fait demi-tour, 8 kilomètres dans l’autre sens nous attendent. « On a vraiment mais vraiment bien fait de monter à 4h. – C’est clair ! » Sur le chemin, nous croisons un flot continu de marcheurs qui grimpent vers le rocher. Il faut même parfois attendre pour pouvoir se faufiler entre deux personnes. Dommage pour eux mais dans moins d’une heure, ils seront facile une cinquantaine là-haut, et il en vient encore.

Nous arrivons à la bifurcation pour reprendre le premier chemin. Nous ne pensions pas avoir fait autant de montée et les descentes sont plutôt acrobatiques, ça glisse fort sur les racines trempées, surtout qu’un nuage bas s’est stocké sur cette vallée, ce qui rend l’air encore plus humide. Nous arrivons enfin aux pieds de Robert après 7h de randonnée pour 1000 m de dénivelé cumulé et un peu plus de 16 kilomètres dans les pattes : on est rincé !

On trouve tout de même la force de faire quelques étirements avant de reprendre une heure de route et se poser sur un point dodo tout mignon, certes en bord de route, mais surtout en bord de rivière dont nous allons goûter la température de l’eau : rien de mieux que l’eau fraîche pour revigorer nos jambes lourdes. Nous arrivons tôt sur place, ce qui nous laisse le temps de faire une douche au soleil, un brin de petit lessive et des siestes pour finir cette bien grosse journée, avant de prendre le ferry demain vers de nouvelles aventures, qui seront très probablement encore marquées par nos pas de chaussures de rando !

2 réponses à “Preikestolen”

  1. Avatar de Saulnier viviane
    Saulnier viviane

    BRAVO 👏 👏 👏 les grands sportifs. Carpette la minette 🤣.Merci pour ces photos justes sublimes et ton récit vivant élo, on le vit de très près et quel bonheur. Bisous fort à vous trois 🥰

  2. Avatar de Mamanclo
    Mamanclo

    Magnifique récit, du grand art ! On l’a bien vécu sans acide lactique …
    Vous frôlez le haut de game des sportifs en montagne, vous nous épatez !!!
    Pensez à soigner la récupération des cellules musculaires entre 2 grandes randos, ce n’est pas anodin. 👏 à tous les 3.🥰

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