Une fois les cales mises, notre Robert fut assez plane pour nous donner une nuit reposante, avec tout de même deux gros cailloux devant les pneus arrière ; il aurait été mal venu de finir au fond du ravin.
9h on s’habille en mode « randonnée » pour la dernière étape nature de notre voyage : le parc de Madonie, sur le sentier des houx géants, datants de plus de 350 ans. Au programme, 7km de marche pour 420m de dénivelé donc nous n’emmenons que des pommes et une barre de céréales pour goûter et économiser le poids des sandwichs dans le sac. Du soleil, encore du soleil, on se croirait presque au printemps. Une petite chatte toute mimi vient nous saluer, elle a passé la nuit sous le camion à l’abri : et que ça ronronne, et que ça se roule parterre, et que ça détale devant Lola qui la toise de sa hauteur « vas-y on l’adopte, elle est trop chou et on la nomme Isabelle, comme son pelage. »
On commence notre parcours en partant du refuge de Crispi qui est fermé en cette période et montons direct, bien raide, dans la forêt où on commence déjà à apercevoir de temps en temps de grands arbres au tronc multiple et aux feuilles verts foncés « bizarre, le houx, ça a les feuilles pointues piquantes… là, y en a qu’en bas et ensuite elles s’arrondissent. »
Lola nous suit pleine d’entrain, en semi-liberté, mais nous la tenons assez vite au bout de sa longe car nous croisons au bout de 10mn le chemin d’un porc noir : notre louloute frémit d’une courses poursuite que nous désamorçons rapidement. Une beau point de vue s’offre à nous sur cette grande vallée avec ses arbres multicolores, la mer au loin et l’Etna toujours dans un coin de la photographie drapé de blanc.
Nous arrivons ensuite à une seconde étape, dans un refuge en accès libre cette fois où nous trouvons quelque reste de passages de randonneurs : cendres dans la cheminée, mots écrits dans le livre d’or et des bouteilles de vin vides de Prosecco. C’est un superbe endroit, très cosy qui donne clairement envie d’y rester une nuit « à la sauvage » dans ce genre de champ vert entre arbres et rocailles.
A peine avons-nous repris le chemin, que nous voyons débouler deux chiens blancs et qui viennent saluer notre Lola et nous-même joyeusement : ils feront toute la randonnée avec nous, les coquins. Le plus grand porte un collier « Blue » donc nous nommons naturellement la seconde « Sky » pour l’occasion. On laisse Lola former un « gang » avec ces deux comparses, mais les bêtises sont vite arrivées et en moins de deux, le trio part en courant après des daims qui se cachent dans les arbres. Heureusement, tout le monde revient vite à bon port, mais maintenant, on garde notre rebelle en laisse ; du coup, nous avons avec nous maintenant « un chien de traîneau ». Elle n’aime pas du tout être à l’arrière du trio, cette meneuse-têtue, et nous arracherait presque les bras, toute proportion gardée, bien entendu. Nous assistons donc à cet effet de meute instinctif qui se créer entre chiens, mais le grand mâle, Blue, est calme et cale son allure à la nôtre. Il est adorable et demande parfois des caresses, cette grosse patate poilue. On craquerait presque pour l’emmener avec nous dans nos bagages.
La randonnée se fait donc maintenant à 5. Bien sur nous ne passons pas inaperçu face aux autres animaux de la forêt mais nous avons tout de même le plaisir de voir une dizaine de daims détaler dans la montagne, d’un petit saut de gazelle et avec leur queue blanche relevé. Le paysage oscille entre montagne, forêt, plaine de rocailles ; et après une brave montée inattendue, nous nous faisons une pause casse-croûte : toute la petite tribu s’allonge à l’ombre, attendant que les humains reprennent leur souffle. Pour le moment, nous ne voyons plus de houx mais levons de grands yeux devant les troncs gigantesques et tortueux de chênes centenaires dont les nombreuses feuilles oranges ont recouverts le sol.
De tout en haut, il faut bien sur descendre pour rejoindre le refuge de départ et cette fois, nous atterrissons dans la fameuse zone de houx géants. On les reconnaît vite à leurs boules rouges qui habillent les feuilles piquantes. D’habitude, nous les connaissons plutôt en forme de buissons dans nos forêt et c’est étrange de les voir, ici, en véritablement arbre dense. C’est un peu notre touche de Noël, avant l’heure.
Retour au camion toujours accompagnés de nos trois chiens. L’une d’entre elle fait la maligne et monte directe dans Robert genre « ici, c’est chez moi ! », pendant que les deux autres s’installent devant la porte pour une sieste au soleil.
Sandwichs terminés et café avalé, nous saluons une dernière fois nos comparses poilus de marche, ainsi que la petite chatte qui s’est réfugiée dans un arbre mais qui miaule tout de même, de loin, pour nous dire « au revoir »… ou bien « sortez moi de là ! »
15h nous reprenons donc la route direction notre dernier point de chute de la Sicile : Palerme. Un arrêt express pour faire trois courses en prévision des repas à organiser pour le voyage en bateau et nous arrivons à 18h au Green Car qui nous permettra de laisser la camion bien tranquille en sécurité toute la journée de demain et de visiter les rues à pied, vu que nous sommes en plein centre-ville. Il faut goûter les pâtisseries traditionnelles siciliennes, c’est le dernier moment-là. « Amouliné ! »
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