Palerme

Aujourd’hui, visite de notre dernière ville sicilienne : la plus grande de l’île, Palerme. Une nuit perturbée par les bruits de la ville et des feux d’artifices (on n’a toujours pas compris pourquoi tant de pétards et autres trucs explosif partout dans les villes?) mais nous fermons les portes de Robert à 9h pétante avec une Lola en petite boule qui patientera comme à son habitude.

Le parking est vraiment bien placé, y a pas à dire, et en 5mn nous sommes devant les Catacombes des Capucins, un lieu sacrément touristique mais un tourisme morbide, il faut bien l’avouer. Âmes sensibles s’abstenir. Plusieurs bus sont déjà sur place et nous avons le plaisir de nous accoler à une visite guidée en français, mine de rien et apprenons bien des choses sur ce lieu. A peine avons-nous descendu les quelques marches qui nous mènent dans les sous-sols que nous sommes directement face à un long couloir, sur les murs duquel sont littéralement suspendu des restes de squelettes datant, globalement du XVIIIè et XIXè siècle. Le silence se fait. Les crânes sont comme disloqués, certains ont encore des moustaches et des cheveux, la peau est devenu lambeaux de cuir, les corps sont difformes de par le rembourrage de paille et les vêtements poussiéreux nous plongent comme dans un film d’horreur grandeur-nature. C’est tellement « vrai », on se croirait avec des très très bons effets spéciaux tellement c’est brut, frontal et choquant. Une forme d’humilité de notre pauvre condition d’être humain nous vient immanquablement à l’esprit « on finira tous comme ça. – Même Trump ou Musk. » Ici, reposent 300 corps embaumés. On est surpris du peu de « protection » qu’il y a, nous respirons l’air autour, pas de vitres entre eux et nous, et naturellement, le tourisme et l’affluence de gens transforment le milieu et les effets directes sur les momies. Ce cimetière fut utilisé jusqu’à la fin du XIXè siècle, et une fois la Sicile rattachée à l’Italie, ces catacombes sont devenues musée. Anciennement, les corps des défunts étaient lavés, séchés et empaillés, puis remis aux familles qui les habillaient et venaient ensuite les « accrocher » dans l’alcôve choisie. Le recueillement se faisait donc face au corps inerte. Il est dur de s’imaginer venir voir un proche décédé, pendu ici et dont le temps détériore petit à petit le corps devant nos yeux. Nous marchons donc de couloirs en couloir avec chacun son thème : les hommes, les femmes, les enfants, les familles, les professionnels, les moines. Au départ curieux et à détailler chaque squelette, sur la fin, on est plutôt content de terminer le tour et de ressortir à l’air libre, en prenant une grande inspiration. A l’intérieur, les photos et vidéos étaient interdites pour des raisons évidentes, mais Guillaume a réussi à en voler une rapidos, juste pour le souvenir.

Une longue marche de 20mn nous attend pour rejoindre notre seconde visite, ce qui nous laisse le temps de discuter ensemble de la mort, du recueillement, limite de la futilité de la vie en somme. Nous arrivons devant la Villa de Vincenzo Florio, une demeure construite en 1899, mélangeant de nombreux styles architecturaux (art déco, baroque, renaissance) ayant brûlée puis restaurée et devenue maison-musée. Nous sommes accueillis par une femme qui nous suivra tout le long de la visite comme garde du corps. « On a l’impression de visiter une maison qu’on veut acheter (rire). » L’entrée nous plonge directement dans le bain avec les murs entièrement recouverts de toile en tissu brodée d’un vert tendre plutôt chatoyant. Certaines moulures brûlées ont été conservée et le neuf s’est fait sur le vieux. Les pièces sont vastes avec du mobilier épuré pour une mise en situation un peu maladroite parfois. Nous montons un grand escalier en bois clair pour rejoindre l’étage moins fourni et plus vide, ce qui nous donne vraiment l’impression d’une visite immobilière. Nous allons jusqu’au toit-terrasse qui nous donne une petite vue sur la ville et les montagnes au loin « le coin parfait pour un adolescent rebelle qui vient fumer en cachette de ses parents ». On s’imagine un peu la vie, une vie entre ces murs. On redescend par où nous sommes venu pour aller voir le sous-sol qui forme plus un genre de boudoir, une garçonnière, avant de rejoindre le grand jardin. « On réfléchit et on vous rappelle », rigole-t-on entre nous.

Après cette visite d’un autre temps, nous continuons notre chemin vers le théâtre national dont les murs extérieurs sont un peu défraîchis mais dont la façade à colonnes en impose pas mal, avec son tapis rouge composé de fleurs de Noël velours. C’est un lieu encore une fois touristique et bon nombre de gens viennent se prendre en photo devant un grand sapin de Noël fait entièrement au crochet « trop bonne idée, l’année prochaine, je fais ça ! »

Nous passons ensuite dans un superbe jardin public dont les extraordinaires arbres centenaires nous font lever bien haut les yeux et nous questionner sur leur espèce et leur fabrication de racines : se sont des genre de ficus, bien loin de ceux qu’on peut avoir dans notre salon. Ici, ils font plusieurs mètres de haut et leurs troncs-racines forment des lianes qui pendent pour venir chercher la terre et se replanter. La nature est vraiment incroyable. La matinée est déjà bien entamée et nous commençons à avoir une petite faim. Un détour par un « panificio » tenu par un mec un peu louche-mafieux et nous ressortons avec deux sandwichs bien savoureux aubergine-mozza chauds. On se dégote un banc dans un second jardin public, au soleil, où de nombreux kiosques peints nous entourent et où une fontaine nous fait face avec son petit garçon statufié tenant un étrange cadrant solaire à multiples facettes.

Nous continuons ensuite pour retrouver le bord de mer et le port. Depuis la réservation de nos billets pour le bateau de ce soir, je suis en stress car il faut obligatoirement imprimer le ticket, d’après le mail très explicite ; du coup, je réoriente notre visite vers le quai d’embarquement de ce soir pour en avoir le cœur net. Guillaume me suit, plutôt dubitatif « franchement maintenant tout se fait avec le téléphone… » Je laisse tomber ma quête au bout de 10mn de marche quand je vois qu’il nous en reste encore 17 et qu’on est déjà bien crevés. J’envoie un mail au service et on verra bien si ils nous répondent avant ce soir.

Nous prenons la direction du retour vers Robert en passant par un grand boulevard bien animé avec de nombreuses boutiques souvenirs et autres babioles. Guillaume veut absolument m’offrir une bague de PACS en Sicile comme la sienne : je ressors donc toute contente mon doigt orné d’un nouveau bijou argenté. On traîne aussi un peu dans les boutiques de dégustation de produits locaux pour y trouver nos derniers cadeaux de Noël, avant de s’arrêter voir la cathédrale de Palerme. L’intérieur n’a rien de très exceptionnel ni flamboyant et on en fait vite le tour. La fatigue est bien présente, donc nous passons la Porte de la ville, bien jolie avec ses ornements, avant de nous engouffrer dans une pâtisserie recommandée par le Routard. Nous ne voulions pas quitter la Sicile sans avoir goûté les « cannolis » et le gâteau « cassata » à la ricotta. Ce sera chose faite cette après-midi avec le café, une fois de retour au camion.

Je tente le coup auprès des hommes de l’accueil du camping pour savoir si ils peuvent imprimer notre billet : ni une ni deux, c’est fait « gracie mile ! » Une bonne chose de réglée. Il nous reste encore quelques heures avant de devoir quitter les lieux à 18h donc on s’attelle à la préparation d’une pizza et d’une salade qui feront nos repas de demain à bord du bateau. Économie, économie.

Après avoir réglé nos 25€ de stationnement, nous rejoignons un parking gratuit à l’extérieur de la ville pour attendre patiemment 22h30 avant l’enregistrement pour le bateau de 2h du matin. Bon, clairement, ce n’est pas un endroit très sexy, c’est même plutôt glauque : les forêts sombres autour sont des lieux de rencontres masculines nocturnes et de nombreuses voitures vont et viennent, s’arrêtent, repartent, bref un peu malaisant. Une fois les pare-soleils mis, nous ne faisons plus attention à ce qui nous entoure, et avec une série humoristique ça passe encore plus vite : on a découvert « Castings » de Pierre Niney, bonne poilade.

22h on s’active un peu pour se mettre en route vers le port et, mine de, heureusement qu’on est bien large sur les horaires car « c’est Skoder » pour trouver l’entrée et tout. Après deux demi-tour, nous trouvons enfin l’entrée principale et après trois, quatre contrôles du billet électronique (!) nous nous mettons à la suite de file d’attente, plutôt courte. Allez, 1h30 à attendre avant l’embarquement à minuit et le départ de 2h. L’organisation est, comment dire, à l’italienne donc c’est vite la cohue, mais nous arrivons à monter dans le dit bateau sans encombres. « Ho regarde qui c’est ?! » On reconnaît le couple de femmes avec qui nous avions fait l’excursion de l’Etna. Trop rigolo. « On avait parié qu’on serait dans le même bateau. On se dit à demain au petit-déjeuner. » Muni de nos nombreux sacs, nous laissons donc notre Robert bien au chaud dans les soutes pour aller rejoindre notre cabine personnelle spécial « compagnon à quatre pattes » avec linoléum au sol. « Une douche ! » Guillaume fait rapidos un aller-retour au camion pour aller chercher des serviettes ; on ne va pas passer à côté d’une bonne douche bien chaude, non mais. Bonheur, je trouve des boules Quiès dans le sac à dos qui ne seront pas de trop vu le bruit assourdissant des moteurs qui grondent. Guillaume file s’installer dans le lit superposé du haut, pendant que Lola se cale à mes pieds à l’étage du-dessous : nous voilà partis pour 20h de traversée sur les flots !

Une réponse à “Palerme”

  1. Avatar de Saulnier viviane

    Top ton récit ma lolo, on y est presque avec vous 😉😘

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