Nyirbator

Cette première nuit en Hongrie fut très tranquille et nous sommes heureux de ne pas avoir besoin de mettre le chauffage pour sortir du lit « L’hiver est fini », répète Guillaume. C’est encore à voir mais on espère avoir passé le plus dur du froid avec la Roumanie.

Nous allons visiter le village Nyirbator. C’est un vrai pas de côté que nous opérons par rapport au style rural roumain. La structure de base a quelques similitudes avec le style Maramures mais les matériaux sont différents et le rendu bien plus froid. Les murs sont d’un blanc éblouissant et les toits noirs ne peuvent pas plus contraster. Nous allons donc voir le château de Bathory ainsi que l’église réformée. Tout est encore une fois fermé sans explications. Tant pis. On continue notre découverte par une ruelle piétonne dans laquelle nous pouvons admirer de belles sculptures racontant une partie de l’Histoire de la famille Bathori, anciens propriétaires du village dès le XIIIè siècle. Nous n’avons pas tout compris des panneaux explicatifs hongrois que Google trad’ décrypte comme il peut mais il est question de chevaliers et d’une confrérie de l’Ordre des Dragons. En tout cas, les statues sont joliment réalisées « La Hongrie, c’est le pays des dragons ? » Il va falloir se renseigner. Nous en profitons pour retirer des espèces. « On va avoir une sacrée liasse de billets encore ! » car pour 1 euro, il faut compter 383 forint hongrois. Pas tant que ça, ils ont des billets de 20 000 forints, du jamais vu même au Monopoly. Nous nous renseignons un peu sur cette monnaie et son histoire. Impressionnant le nombre d’inflations par lesquelles sont passés les hongrois avec des changements de monnaie et des conversions en billion de billion avec des dix puissance 27. De la folie !

Pour notre repas de midi, nous nous installons au bord d’un petit lac, histoire que Lola puisse se dégourdir les pattes librement (même si elle nous fait encore des frayeurs avec la route, cette coquine). Nous regardons des pécheurs 2.0 « Il est loin le temps où la pêche était un moment de méditation, ils sont tous sur leur portable. » Digression de la discussion sur les maisons de retraite et l’ennui qui sera remplacé par l’abrutissement des écrans, qui sait. Comme tout bon commencement de pays, nous devons remplir notre placard, devenu frigo depuis la Bulgarie, avec un brave Lidl comme on les aime.

Notre fin de journée sera faite de route accompagnée de musique et d’un beau coucher-de-soleil sur les campagnes hongroises « Tu crois que quand on aura 50 ans, on écoutera encore ce type de musique ? (Die Antwoord) – Probablement, je vois pas pourquoi ça changerait. On va pas finir à écouter de la musette. – Oui, nos parents et nos grands-parents sont dans une continuité de ce que leur proposait la société à leur époque. Et il n’y avait pas la musique à la demande donc c’est encore une autre démarche. – La musique et les concerts sont quelque chose d’important aujourd’hui pour nous, je vois pas pourquoi on aimerait plus ça à 50 balais. » Tant de considération sur le temps qui passe et des projections mentales vers demain : on a le temps de réfléchir, de discuter, de philosopher, de débattre, parfois sur des sujets que nous ne maîtrisons pas du tout… comme dernièrement le projet de société communiste parfaite de Guillaume qui finalement pourrait vite se transformer en dictature, si les gens sont pas d’accord avec lui… mais en même temps, y a que nous pour nous écouter. Lola dresse parfois une oreille depuis sa couchette à l’avant pour mieux quémander des doudouces de tête et replonger dans son Barcelona (un coussin de tête).

Une journée qui nous ressemble et finalement assez classique depuis ces 123 jours dans notre bulle roulante.