La nuit fut quelque peu mouvementée par les boumboums des basses estoniennes alentour mais pas de repos pour les braves, on se lève à 8h30 pour être prêts à recevoir les copains, Sam et Lou, qui nous rejoignent sur place pour passer quelques jours ensemble. Vu que c’est une capitale, on va laisser Lola tranquille dans le camion pour aujourd’hui, ça ne lui fera pas de mal vu la journée assez éprouvante d’hier. Une petite balade en bord de plage en attendant de voir arriver le Renault Master Blanc immatriculé 92.
On est tout content de les revoir et encore un peu maladroit pour leur montrer notre attachement : on sent qu’une belle amitié est entrain de se jouer ici, entre nous.
11h on décolle direction le bus qui nous amènera directement au centre historique de Tallinn. L’Estonie est réputée pour être un pays à la pointe technologique, nous apprend Sam. Nous montons dans le bus et essayons de comprendre le fonctionnement d’achat de tickets de transport avec paiement en sans contact. Quatre bip plus tard, on s’assoit sans trop savoir si on voyage illégalement. Arrêt, tout le monde descend ; au moins, nous n’avons pas eu de contrôleur pour nous sanctionner. On réitérera l’opération sur le retour.
On arrive sur la Place de la Liberté où nous prenons un moment pour déchiffrer le sens de la colonne de la victoire de l’Indépendance de l’Estonie de 1918-1920 contre les russes ; alors qu’officiellement, ils ont leur indépendance depuis seulement 1991. Les pauvres ont dû lutter un siècle pour retrouver leur liberté, marqué en plus par la Seconde Guerre Mondiale entre nazis et soviétiques : encore un pays dont l’Histoire ne semble pas avoir été douce pour lui.
« Le drapeau, c’est bleu, bleu foncé, blanc ? Ou noir ? Regarde, là c’est pas le même bleu ?! » Sam est très à cheval sur les couleurs officielles, on dirait (rire).
La météo est ensoleillée donc on prend le temps pour lire différents panneaux explicatifs sur la vieille ville et les anciennes fondations représentées au sol dont seulement, deux tours de pierre sont encore debout. Il flotte comme un air de vacances entre amis et nos pas sont lents et légers. La ville est très agréable à se promener entre vieilles pierres, rues pavées, maisons plus modernes, jardins fleuris, remparts en bois ; elle regorge de petites ruelles escarpées d’où sort par moment le chant d’un musicien de rue.
C’est très coloré. Nous n’avions aucune image qui nous venaient à l’esprit quand on nous parlait de Tallinn et même de l’Estonie en général ; c’est donc une belle découverte. Nous passons devant l’église Saint Nicolas dont nous n’entrerons pas à l’intérieur, le billet du musée étant un poil trop cher pour nous mais dont la peinture des murs en bleu canard sombre nous interpelle. Les maisons autour possèdent des façades colorées pastels qui rendent les rues très lumineuses.
Nous poursuivons en allant voir la Cathédrale Sainte Marie dont nous retrouve l’architecture de toit en fer bleuté. Ici aussi, l’intérieur est payant ; nous passons une tête malgré tout pour y voir les murs recouverts de blasons sculptés mais la femme de l’accueil veille au grain et nous faisons demi-tour fissa.
Autre rue, autre bâtiment historique : la Cathédrale Alexandre Nevsky, qui est le symbole de la ville. On retrouve nos histoires de dôme en oignons qui nous plongent dans l’architecture soviétique orthodoxe, juste en face du Parlement estonien au drapeau flottant au vent. Nous entrons à l’intérieur et retrouvons le style surchargé des orthodoxes avec des dorures partout et des icônes religieux peints. Le moindre centimètre est utilisé. Les photos sont interdites et un agent de sécurité nous le rappelle vite. Nous voyons des fidèles baiser les peintures comme on avait l’habitude d’en voir en Bulgarie ou en Roumanie. Ça nous replonge un temps dans nos voyages respectifs.
Nous sommes surpris par le nombre de touristes qui marchent à nos côtés, entre groupes d’allemands en visite guidé ou badauds le nez en l’air, on se faufile pour essayer de trouver des coins tranquilles en ville.
Nous passons jeter un coup d’œil au château de Tallinn et à sa tour Pikk Hermann où nous trouvons enfin la réponse à la question colorimétrique de Sam : « Chaque jour au levé du soleil, mais au plus tôt à 7h du matin, le drapeau national de la République d’Estonie est hissé sur la grande tour et abaissé au coucher du soleil. Lors du levé du drapeau et de la descente, les phrases d’ouverture de l’hymne national sont chantées « Mu isamaa on minu arm » – Terre de mes pères, Terre que j’aime. Le drapeau fut hissé pour la première fois le 12 Décembre 1918, il a flotté jusqu’à l’occupation de l’Estonie en 1940 par les allemands et n’a été érigé à nouveau que le 24 Février 1989, jour de l’Indépendance. La signification des couleurs : Bleu, avenir radieux et ciel nordique ; Noir, passé sombre de la nation et du sol ; Blanc, s’efforçant d’atteindre l’illumination. » Et voilà Sherlock !
C’est l’heure de manger et on se la joue « street food » et on file tester le Mac Do d’ici, le Hesburger. Bon clairement, c’est pas foufou mais moins cher que son concurrent américain et on reste dans notre budget ; de toute façon, bien accompagné, tout est sympa.
On rigole, on rigole. Tout devient un jeu et tout est affaire de blague ou d’un petit mot plein placé pour faire sourire les trois autres : quelle plaisir de partager ces instants. On sent qu’on est devenu de plus en plus à l’aise les uns avec les autres et que les dernières barrières de « retenue » sont tombées, et on ne s’apprécie que plus.
Balade digestive au travers de la rue typique du Moyen-Âge, rue Katariina Käik, avec ses pavés et ses murs en pierre. Ici, c’est The rue touristique avec boutiques de souffleurs de verre, travail du bois, vêtement en feutrine, céramique, potier, restaurants : très pittoresque tout ça. On entre dans plusieurs magasins, on touche à tout, on rigole beaucoup, on essaie des chapeaux colorés, comme des enfants. Les Trip2ouf ont commencé une collection de magnets depuis le début de leur voyage et nous entrons dans plusieurs boutiques pour trouver la petite pépite, c’est-à-dire le plus horrible à afficher dans leur camion, et y a du level, entre poisson joufflu, truc en bois orné de faux ambres et décapsuleurs de mauvais goût. Ils opterons pour une boite d’allumettes illustrée ; au moins, c’est utile.
On passe ensuite devant l’hôtel de ville Raekoja avec sa longue fine tour pour rejoindre une rue emblématique de Tallinn : la rue Pikk aux nombreuses maisons colorées dont le travail de sculpture des portes en bois est impressionnant de précision et de détails (moulure, peinture, ornements). Lou nous fait parfois la lecture d’histoires : ici, au dernier étage, se serait déroulé le mariage du Diable ; ou encore la légende du faux prêtre ancien bourreau qui arnaque les passants et leur donne parfois des coups de pieds.
Nous entrons dans l’église Saint Olaf dont nous ne ferons pas la montée dans la tour d’observation. Cette église est assez neutre, sans grand charme avec « une belle hauteur sous plafond ». On flâne et au détour d’une rue, on tombe sur une gigantesque frise chronologique ancrée dans le sol, retraçant l’Histoire de l’Estonie et les différents évènements marquants de leur culture. « Tiens une galerie. » Et nous voilà à califourchon sur un cheval de bois à bascule pour adulte ou à faire les zouaves sur des tabourets ronds qui tournent à nous faire mal à l’oreille interne.
La fatigue commence à nous prendre les jambes ; c’est l’heure d’un petit café revigorant. On se pose donc dans un restaurant asiatique : trois café et une bière « free alcool please ». Guillaume finira avec une Carlsberg au pourcentage élevée. Satané anglais ou bien mauvaise foi de la patronne, on ne saura pas ?! On ouvre tous notre petit biscuit de providence aux messages parfois un peu tirés par les cheveux.
Encore une petite marche pour rejoindre deux points de vue en hauteur qui nous permettent d’avoir un panorama sur les beaux toits rouges en fer de la ville et tous les clochers des bâtiments historiques visités.
C’est l’heure de faire demi-tour et de retrouver nos maisons. En attendant le bus, on se fait des courses d’appoint pour le repas de ce soir. On ressort de là avec sous le bras une bouteille d’alcool local, Kanu Kukk, une macération de mûres dorées dans un alcool fort ; en même temps, c’était ça ou un genre de vodka avec un taux à 80 %, on n’a jamais vu une alcoolémie aussi élevée ailleurs ; influence russe ?!
De retour au camion, Lola pique toujours un sommeil sur le canapé alors qu’autour bons nombres de gens font des barbecues et pique-nique au soleil pour profiter des derniers rayons chauds de ce dimanche. On sort la table et les chaises entre les deux camions, comme à notre habitude. Repas de retrouvailles : maïs grillés et wraps chauds épinards et en dessert un carotte-cake à -50 %. Pour le digestif, on goûte bien sur la liqueur qui passe comme du petit lait tellement c’est sucré. La soirée se termine sur une discussion sur des séries Netflix et des recommandations de films. Bonheur ! Nous avons les mêmes goûts : Bacari et Quentin Dupieux. Le hasard fait vraiment bien les choses !
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