Encore un réveil étouffant dans Robert et on sort même le haut-vent pour avoir un peu d’ombre et permettre à Lola de rester un peu dehors.
Allez, cette fois, c’est la bonne ! On fait les dernières 40 minutes de trajet pour arriver sur le parking de départ de la randonnée d’aujourd’hui vers le « vrai » bout du Nord. Sur place, il ne reste que quelques espaces pour se garer mais on voit bien que les gens, à 16h, terminent leur balade et personne ne part dans l’autre sens donc on risque d’être pas mal en solitaire pour cette marche et ça nous va très bien. Au programme : Knivskjellodden, le bout du bout ! Avec 16km aller-retour à faire pour environ 5h de marche mais sans dénivelé.
Knivskjellodden (traduction « la lame du couteau » probablement par rapport à la forme de la pointe) est le grand frère oublié du Cap Nord. Le point est en fait environ 1600 mètres plus au nord que le Cap Nord et constitue donc le point le plus septentrional d’Europe. Il ne nous en fallait pas plus pour y aller.
Nous partons donc sous un beau soleil qui nous fait presque regretté de ne pas être en short. Mais, attention, le Cap Nord peut vite changer de météo et nous prenons avec nous polaire et coupe-vent, dans le doute. Le sentier est bien balisé et beaucoup de gens ont déjà emprunté le chemin donc ça se fait bien. Le paysage quasi désertique nous plonge dans un grand plateau fait d’herbes dures, de roches noires et de zone de quartz très blanc dont on pourrait penser qu’il reste de la neige par endroit. De superbes cairns nous guident majestueusement « les gens se sont arrachés pour faire tenir ces structures. » Par moment, nous tombons sur des petits lacs dont une légère brume sort de l’eau. La marche est plutôt simple mais il faut être très attentif là où nous mettons les pieds car il y a beaucoup de gros cailloux un peu partout.
Au cours de la balade, nous apercevons sur notre droite le fameux Cap Nord officiel avec sa sculpture en forme de globe tout au bout de la pointe. L’image est très belle : la falaise plonge dans une mer de nuages.
Mais pour nous, ce n’est pas terminé, loin de là et nous commençons notre descente vers la mer. « C’est bizarre de descendre dans le début du randonnée. » Et qui dit descente, dit plongée dans le gros nuage qui s’est stocké au fond de la vallée et sur la mer. On enfile vite nos polaires et continuons notre marche, nos cheveux se parsemant petit à petit de gouttelettes de pluie. Malheureusement, ce nuage ne nous lâchera plus jusqu’au bout et nous progressons donc en ne voyant pas à plus de 20 mètres devant nous. En même temps, ça donne un petit côté mystico-mystique à tout ça. A tout moment, un ours polaire pourrait surgir du « fog » !
« Ba, ça y est, où est au point le plus au nord ! Maintenant, ça ne sera plus qu’une redescente vers la maison ». Serait-ce un début de nostalgie de la part de Guillaume ?! On se trouve un petit coin entre des rochers pour nous protéger du vent du nord du souffle fort ici, avec ce qui semble être une vue sur la mer. Le café apporté avec nous nous fera un bien fou et nous donnera l’élan pour faire demi-tour.
2/3 sous le soleil à l’aller, 2/3 sous le brouillard au retour : c’est le jeu. Autour de nous, le granit se colore de rose et nous apercevons, quand ça se dégage un peu, les belles formations de roches en mille-feuille formant parfois d’impressionnantes crevasses herbeuses. Nous entendons les vagues de la mer accompagnées des cris de mouettes cachées par la brume, alors qu’on laisse derrière nous ce fameux bout du monde : une grande étape dans notre voyage vient de se faire. Même dans ce paysage de fin du monde, nous croisons une famille de rennes qui nous regardent passer d’un peu pus haut, se demandant s’en doute, eux-aussi, qu’est-ce-qu’on fiche ici par ce temps.
Sur le retour, on prend le temps d’écouter les cris des dizaines d’oiseaux qui nous entourent. Camouflés par le « fog », ils sont plus intrépides et s’approchent davantage de nous, pour notre plus grand plaisir. On arrive même à prendre en photo un nouvel oiseau à la collection : le pluvier doré avec son cri strident comme une bip d’alarme.
Une dernière petite montée et nous passons la lisière des nuages. Bonheur de retrouver un peu de vue et on se pose un moment pour apprécier à nouveau le paysage et Guillaume jouer un peu avec le drone, qui a failli se faire attaquer par un couple de grands oiseaux qui volent autour de lui ; ils devaient avoir leur nid dans les environs. Après une dernière petite récolte de quartz souvenir, nous rentrons au camion vers 22h30, à nouveau dans le brouillard qui nous a rattrapé sur la fin.
On est frigorifié par la bruine et le vent qui passaient à travers nos couches de vêtements : vite, un bon thé chaud, avant de reprendre 5 minutes de route vers le Cap Nord officiel. On roule à deux à l’heure car le brouillard est épais et on ne voit pas à moins de 10 mètres donc mollo mollo « faudrait pas qu’un renne déboule de nulle part. »
Minuit passé, on arrive sur place en espérant pouvoir esquiver le parking payant dont l’entrée devrait être libre à cette heure-ci. Dommage, un jeune homme est présent au guichet et nous demande 175 NOK (environ 15€) pour l’accès. Heu, comment dire que, de une, le prix est exorbitant juste pour un stationnement, et de deux, vu le « fog » aucun intérêt à passer la nuit ici. Demi-tour donc sans la photo souvenir avec le globe du Cap Nord. Tant pis. C’est dans la tête !
Nous reprenons donc notre route en sens inverse : y a qu’un seul chemin donc c’est un brave aller-retour, mais en même temps, on n’y voit strictement rien donc ça change. On passe à nouveau le long tunnel sous-marin pour rejoindre le continent et, là, miracle, on retrouve le soleil direct à la sortie. On finit donc les quelques kilomètres jusqu’à notre point dodo nature avec les yeux à nouveau grands ouverts sur ce beau panorama.
Clairement, on est un peu paumé dans les horaires et on mange à plus de 2h du matin pour finir sous la couette vers 3h30, et encore, on n’est pas totalement fatigué. On n’a pas encore déterminer quand se recaler sur des horaires classiques mais il va falloir si pencher un jour quand même.
En attendant, une grande étape vient d’être passée pour nous et maintenant, ça ne sera qu’un retour progressif vers le sud toulousain… même si encore pleins de choses nous attendent sont notre parcours !
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