Il nous reste encore un bon bout de chemin avant le Cap Nord qui est à bien 8h de trajet, mais on est si bien, ici et maintenant. Le soleil nous réveille en nous cuisant comme deux petites miches de bon pain à l’étouffé dans Robert. On ouvre les fenêtres et, miracle, un courant d’air vient nous caresser. On sent bien qu’on va rater le prochain ferry ; heureusement, il y en a toutes les heures donc on n’est pas au pièce non plus.
Après un petit-déjeuner accompagnés de nos amis, les taons qui tournent autour de leur repas humanoïde et canin, je me lance dans une lessive rapide de petites-culottes pendant que Guillaume se remet au ukulélé, qu’il avait un peu délaissé avec le mauvais temps. Souchon nous résonnera dans la tête un bon bout de matinée du coup « Olala la vie en rose… »
Bon, là, il faut y aller, et on décolle pour attraper le ferry de 17h. On choisit de prendre deux bateaux à suivre pour s’éviter deux heures de routes par les terres et économiser essence et usure de notre Robert tant aimé. C’est un ferry courte-distance électrique et 20 minutes plus tard nous voilà de l’autre côté. Avec les 10 minutes de retard au départ, on va sûrement devoir attendre une heure pour choper le suivant. On roule donc tranquillement sur cette belle route entre montagnes et mer (encore et toujours ce sublime paysage!). « Regarde, ils embarquent encore ! » Et hop ! Nickel on a pu prendre le suivant directement, qui devait patienter un peu les voyageurs en retard de notre précédent ferry. Encore 40 minutes de tangage et on retrouve le continent. Avec notre abonnement Autopass, cette manœuvre nous reviendra à moins de 10€ et quel gain de temps et de fatigue surtout.
Allez, je prends le volant direction le Cap Nord. Les routes en Norvège ne nous font absolument pas regretter de faire des kilomètres et le ciel ce soir est couvert de quelques nuages qui nous donnent une impression de « déjà-vue » entre chien et loup, une ambiance qu’on n’avait pas ressenti depuis plusieurs mois avec ce soleil continu. Une musique d’ambiance en fond, les nuages qui voilent le ciel, le soleil qui décline un peu, les montagnes se jetant dans la mer, Lola qui dort paisiblement sur le canapé bercée par le ronron de Robert : tout est aligné, tout est à sa place et c’est chouette de pouvoir en prendre conscience quand on le vit à l’instant.
On se fait un arrêt free wifi dans une station essence Circle K. C’est vraiment royal : on s’était dit qu’à mi-parcours, on se paierait un aspirateur de garage pour remettre le camion comme neuf, mais avec tous les déboires du soufflet de cardan et la longue pause, on avait laissé ça de côté. Là, sur le côté du magasin, un aspirateur en libre service et gratuit : qui l’aurait cru. Je n’ai jamais été aussi contente de faire le ménage (et c’est pas peu dire), c’est limite jouissif de voir tous ces cailloux et ces amas de poils incrustés dans la moquette de devant nous dire adieu. Trop bien.
On roule encore deux heures jusqu’à minuit pour se poser un peu avant la petite ville d’Alta avec une vue sur la mer de Norvège. A défaut de voir des élans sur la route, on s’arrête pour photographier de biens rigolos lamas plus ou moins poilus. Un endroit vaste et calme où nous essayons de faire le moins de bruit possible car deux, trois camping-cars sont entrain de dormir pendant que nous, nous nous attelons à notre repas du soir à 2h du matin. On se laisse jusqu’au Cap Nord pour rester dans ce rythme-là et ensuite on se recalera petit à petit dans des horaires classiques car il y aura de moins en moins de touristes et on veut pouvoir profiter aussi des quelques musées possibles et d’autres activités pour la Finlande.
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