Une journée bien particulière nous attend. Comment visiter la Pologne et passer si prêt de cette ville historiquement tragique sans y faire sa visite : Auschwitz et Birkenau, les camps de concentration. Nous avions réservé en ligne depuis trois jours cette visite guidée en français car c’est un lieu très touristique et très vite complet. Nous prenons donc la route ce matin depuis le désert vers Oswiecim. Après avoir garé Robert sur le parking gratuit de la gare, nous payons une place pour Oscar qui nous rapproche du site. Une plâtré de pâte dans les estomacs et nous filons pour notre visite à 13h45.
La sécurité sur place est stricte. Contrôles des billets et des identités, scan des sacs à dos et enlèvement des ceintures « comme dans les aéroports, quoi ». Nous récupérons notre auto-collant jaune « français » et attendons sur un banc que notre guide arrive. Nous sommes un bien gros groupe, une trentaine de personnes à vue de nez. L’accent polonais de la guide nous chatouille les oreilles mais n’entache en rien la compréhension.
Nous voilà donc les uns derrières les autres pour entrer dans le plus grand camp de concentration de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale. « Arbeit Macht Frie (le travail rend libre) » La dérision nazie donne le ton par cette inscription sur l’entrée au site. Le site est très vaste et nous passons de block en block dans lesquels nous pouvons voir des photographies d’époque et des vestiges des objets et vêtements retrouvés en masse sur place à la libération, même si ce n’est qu’une infime portion du nombre total de tués. Plus d’un million trois cent mille juifs ont été tué à Auschwitz, dont un tiers des juifs polonais. Une tranche d’Histoire dont on ne se souvenait pas véritablement des chiffres et des détails. L’ambiance est pesante et les pas sont lents. Le silence se fait naturellement dans ce lieu de mémoire. Quelques chuchotements. Les barbelés électrifiés, les blocks d’essais médicaux, le tribunal qui n’en n’est pas un, la place d’exécution, les allées de comptage des « numéros » : chaque prisonnier était marqué par un matricule pour déshumaniser l’homme et n’en faire plus qu’un numéro parmi d’autre. Des tas de cheveux, des tas de chaussures, des tas de valises, des tas de vaisselles, des tas de lunettes, des tas de prothèses pour handicapés. Nous entrons dans les baraquements dans lesquels les prisonniers étaient entassés à deux par lit sur trois superpositions. Les salles de bain rudimentaires et les cachots dans lesquels étaient enfermés quatre personnes dans 1m². Un moment fort de la visite : nous sommes passés dans une chambre à gaz puis ressortis par la partie avec les fours de crémation. Un sentiment vraiment particulier de se dire qu’on a foulé le sol là où des milliers de personnes sont passées, sont tombées, ont suffoquées sans aucune chance de survie. Déjà 2 heures de visite.
Nous prenons ensuite un bus qui nous amène à la deuxième partie du camp : Birkenau. Ici, l’entrée se fait en suivant les rails de chemin de fer par lesquels étaient amenés les trains contenant les nouveaux venus. La grandeur de la zone, l’étendue des baraquements, les fils barbelés partout et ces rails interminables. Saisissant et glaçant. Nous marchons le long des rails, là même où étaient déchargés les femmes, les enfants et les hommes depuis les wagons à bétails des trains pour passer à la « sélection ». Au bout, quatre énormes chambres à gaz les attendent. Un pourcentage très faible sera conservé pour le travail et le reste finira gazé, brûlé et dispersé soit dans le fleuve d’à côté, le Vistule, soit dans les champs comme engrais. Birkenau est immense et le froid de dehors nous saisi les membre et le cœur. Nous entrons dans un des baraquements réservé aux femmes dans lequel pouvait être entassé plus de 700 individus dans des conditions de vie inimaginables. C’est difficile de se faire une idée claire des quantités, de la promiscuité, des lignes de gens attendant.
Nous sommes contents d’avoir pu visiter ce lieu au moins une fois dans notre vie. Ici, c’est joué un pan de notre Histoire dont nous avons le devoir de se souvenir.
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