Comme prévu ce matin c’est randonnée pour rejoindre le monastère au bout de la plage sur une presqu’île. On y va un peu à l’aveugle « il faudra faire du hors piste car sur la carte IGN le chemin en pointillé est fractionné ». On verra bien, totale confiance en Guillaume « on arrive toujours à bon port, même si y a des détours. »
Debout à 8h et on voit les gens du village se réunir sur la place où nous sommes garés pour aller travailler, certains en bottes de ferme pour les vaches et d’autres avec un calepin sous le bras pour les archéologues qui découvrent encore des zones du site. L’amoureux de Lola n’a pas quitté son poste de garde derrière le camion et vient nous saluer dès que nous ouvrons la porte. Il sera notre guide canin pour toute la journée alors que notre louloute restera avec Robert : on pense fort à elle pendant la randonnée « elle aurait adoré venir avec nous, elle se serait amusée comme une folle » mais sa collerette l’empêche trop dans ses mouvements, ça aurait été compliqué de la gérer.
Nous voilà prêt. Le soleil est toujours avec nous et nous tombons vite les polaires. La balade commence par une route de campagne entre les différentes fermes « nous n’avons clairement pas la même conscience du bien-être animal ». Les vaches n’ont pas d’herbe, nous sommes dans des marécages car en bord de lac et elles sont donc parquées dans des hangars avec pour certaines de la boue/bouse jusqu’aux genoux, on se demande comment elles peuvent bouger et comment les fermiers peuvent les traire. Petit pincement au cœur. Au bout de la route, c’est là que ça devient critique car il faut se fier à l’instinct de Guillaume. Bon, cette fois-ci, c’est raté : on suit un genre de sentier qui s’avère être des chemins faits par des sangliers très probablement et nous sommes rapidement bloqués entre buisson, bambous, marécages, vase et un ruisseau impossible à traverser. Nous devons faire un brave demi-tour : les esprits ne s’échauffent pas encore mais il va pas falloir que ça dure trop longtemps cette histoire. « Allez, on prend à droite plutôt sur la route ». Bien vu. On tombe à nouveau sur des fermes dont le récolteur de lait fait la tournée. Les fermiers nous saluent, se demandant bien où nous devons aller et nous regardent continuer le chemin accompagné de « notre » chien. On l’a nommé Loffy pour l’occasion. Cette route prend également fin par une énorme flaque de bou(s)e. « Il faut grimper maintenant, c’est l’aventure ! » dit Guillaume, l’œil brillant de bonheur : il adore faire du hors piste et découvrir ses propres chemins (et moi derrière qui parfois râle des passages improbables). Hop ! un rocher, hop ! un buisson d’épines, hop ! un demi-tour car trop haut, hop ! un semblant de chemin, hop ! une belle petite herbe verdoyante, hop ! « donne-moi la main, j’y arrive pas… », hop ! Une plage, hopopop ! Une merveille de paysage !
Nous sommes seuls (et on comprend pourquoi vu le trajet) et c’est très jouissif : « c’est commes dans le Seigneur des Anneaux ! » Les plages ont très peu de déchets et nous avons bien anticipé : chaussure d’eau pour traverser à certains endroits où nous ne pouvions escalader. C’est paradisiaque et nous arrivons enfin à la presqu’île. De la plage au monastère, nous passons par un chemin de sable, l’eau de chaque côté. Un dernier effort et nous allons visiter les ruines tout en haut du haut. La vue est juste parfaite et les montagnes autour magnifiques. « Ça valait vraiment le coup. – Ha, je suis content de te l’entendre dire ! (tout sourire du conquérant) » Nous prenons le temps de grignoter quelques noix et un peu de chocolat en admirant le panorama. Loffy en profite pour faire une micro sieste, lui qui ne faisait que des allers-retours devant sur les côtés derrière pendant la balade. 2H30 tout de même pour rejoindre ce coin de paradis. Le chemin de retour n’en prendra d’1h30. Nous avons finalement trouver un sentier « balisé » qui nous a fait éviter toute la partie escalade improvisée.
Une fois arrivée au camion, nous décidons de bouger un peu plus loin, histoire de se garer proche du château en ruines. Un léger repas englouti à 15h et nous revoilà sous le soleil turc pour une promenade avec Lola, cette fois. Du château, il ne reste que quelques murs et une tour reconstituée. Le plus surprenant est la nécropole, située au pieds du bâtiment. Nous n’avions jamais vu ça. Les archéologues ont trouvé 300 tombes directement creusées dans la pierre, parfois plusieurs (une famille?) sur un même rocher. Elles étaient refermées par de lourds rectangles de pierre comme des sarcophages. Le site est très agréable à se balader : nous pouvons aller partout sans contraintes et c’est encore très sauvage car le lac de Bafa n’est pas très touristique. Le paysage entre oliviers, tombes dans les rochers, le château en hauteur, l’herbe verte, les bateaux des pêcheurs amarrés, l’eau du lac, le grand vent qui souffle et les montagnes en fond : époustouflant.
Quelle belle journée. La Turquie typique et brute comme on a aimé la découvrir.
Laisser un commentaire