Nous repartons à l’assaut de la ville pour cette deuxième journée dans la capitale. Au programme, la visite du Château de Prague. Nous laissons Lola dans Robert car nous ne savons pas trop si les chiens sont autorisés sur place et puis elle semble bien contente de rester au calme après la grosse journée d’hier.
Après une quinzaine de minutes de tram, nous voilà devant l’entrée du château. L’homme de la sécurité demande à Guillaume de quitter son sac et de passer par le portique de détection de métaux alors qu’un flux de touristes arrivent derrière. Pendant que Guillaume se rhabille de sa ceinture, nous passons tous sans autre forme de contrôle. Étrange… « Peut-être qu’il t’a trouvé à son goût ?! – Arrête, il faisait juste son métier. » Nous filons faire le queue pour prendre les billets d’entrée qui nous donneront l’accès à différents lieux.
Le dit-château est en fait un village entier fortifié dans lequel se trouve même une énorme cathédrale et d’autre lieux de culte. Nous achetons également un audioguide en français pour en apprendre davantage sur ce lieu. On dépose 50€ de caution pour le magnéto donc il ne va pas falloir le perdre. Nous avons trois heures, top chrono, pour finir le tour avant de rendre le matériel : ça chôme pas car y a beaucoup à voir. On commence donc notre visite en zigzaguant entre la foule de touristes qui est déjà sur place : nous décidons d’aller au bout du bout de l’enceinte vers la Ruelle d’Or pour ensuite revenir petit à petit vers le cœur du château. Dans cette ruelle, large de moins de deux mètres, un amas de gens s’entasse, on se croirait un dimanche matin sur le marché. Dans plusieurs maisons, ont été reconstituées des pièces d’époque avec chambre, bureau, métier à tisser, bibliothèque… « Heu… elle est où maman ? – Elle est retournée voir le numéro 22 où à vécu Franz Kafka. » Dans cette foule, nous patientons une dizaine de minutes en scrutant les hauts de tête pour y apercevoir peut-être une chevelure grisonnante et un polo rayé rouge et blanc. Bien entendu, maman n’a pas son téléphone sur elle donc on improvise une sortie de la ruelle en espérant qu’elle nous attend dehors. Joie ! « Il a pas voulu que je rerentre ! » Tout est bien qui finit bien. Après un câlin de réconfort, nous reprenons donc notre visite à nouveau à quatre et allons voir la Basilique Saint George dans laquelle nous découvrons l’Histoire de la Sainte Ludmila de Bohème, éducatrice du futur roi Wenceslas Ier et assassinée par strangulation dont le châle sera son symbole. Nous marchons donc le long des nefs, écouteurs dans les oreilles essayant de recouper les informations entendues en fonction de ce que nous avons devant les yeux. Cryptes, statues, peintures, pierres tombales, nous allons tout voir. Nous écoutons l’audioguide puis retranscrivons un condensé à l’oral pour les parents, histoire de gagner du temps et de ne fixer en mémoire que les informations clés de compréhension car c’est dense quand même tout ça. D’extérieur, la basilique dénote par sa couleur rouge, on n’est obligé de se retourner sur elle à notre passage.
Deuxième point d’intérêt, le Palais Royal dans lequel vécu Vladislav IV et son fils, Ludwig. Une gigantesque pièce centrale longue de plusieurs dizaines de mètres dont le parquet en bois est conservé nous fait face. Anciennement salle de vie, c’est un lieu encore utilisé aujourd’hui dans des occasions particulières comme par exemple lors du sommet de l’OTAN de 2002 où un grand banquet fut donné ici. Impressionnant. Nous montons ensuite vers l’ancienne chambre du fils, Louis. Cette pièce a aussi une histoire bien particulière qui retrace une triste période de la Tchéquie : il est question d’atteinte à la liberté de pratique religieuse, de défenestration, de double défenestration en réponse et d’une guerre de trente ans entre chrétien et protestant. La justice d’un autre temps. Nous terminons la visite du palais par les salles de dépôts, de registre et la Diet, genre de grand conseil royal aux bancs de velours rouge. Tout se faste et ces portraits de la famille royale Habsburg, de génération en génération dont l’un représente, d’ailleurs, Marie-Thérèse d’Autriche, mère de Marie-Antoinette, future reine de France.
Déjà deux heures de passées et il nous reste la Cathédrale Vitus à faire. Le timing semble bon. On commence à faire la queue derrière des dizaines de gens pour attendre l’ouverture de cette dernière. « Heureusement qu’on est arrivé tôt ce matin sinon t’as pas le temps de tout voir pour sûre. » Une petite barre de céréales pour patienter et combler les grougrous de treize heures et nous voilà dans l’édifice. Une beauté. Nous sommes tout de suite attirés par les vitraux grandioses et très colorés : une merveille. J’écoute l’audioguide pendant que Guillaume s’occupe des photos et que les parents flânent : je serais leur professeur pour cette fois. Malgré la foule, nous progressons assez facilement dans la cathédrale. Le chapelle dédiée à Saint Wenceslas, dans lequel repose sa dépouille, est juste incroyable : des peintures retraçant des scènes de vie de ce roi adoré assassiné par son frère jaloux, un caveau de marbre et des dorures et pierres précieux partout. Vraiment beau. Nous passons devant la grande tombe de Saint Nepomuk faite avec près d’une tonne et demi d’argent puis nous nous arrêtons devant la statue de Saint Vitus connu aussi sous le nom de Saint Guy. « Paco, tu connais la danse de Guy ? Et bien, ça vient de lui. » En effet, ce martyre fut torturé et ébouillanté dans une marmite d’huile. De cette vision tremblotante du corps agonisant est tirée cette expression. Nos yeux n’en finissent pas de s’émerveiller et de se tourner en tout sens. Dernière vision sublime avant de sortir : le vitrail réalisé par le grand artiste Mucha. A défaut d’être aller voir son musée (il faut faire des choix financiers), nous nous extasions devant la douceur des traits des personnages et les couleurs flamboyantes, le soleil nous offre quelques belles variations de lumière. « On a bien fait de faire le château ! » Une visite un poil chère au départ mais nous sommes vraiment ravis de tout ce qu’on a pu voir et apprendre.
« Allez, on va manger. » Il est grand temps. Nous tombons par hasard sur un petit marché avec divers food-truck : parfait, il y en a pour tous les goûts et toutes les envies. Malheureusement, la pluie commence à tomber doucement et un vent froid souffle depuis un moment : ça ne va pas nous réchauffer tout ça. « Que fait-on ? On rentre ? – Et Danièl ?! » Arf, j’ai oublié de faire la photo de Danièl, ma mascotte de travail au château donc on repart un peu dans la ville pour lui trouver la référence parfaite à Prague. Ce sera donc une nouvelle statue de Franz Kafka dans la quartier luxe de la ville. Notre promenade en capuches nous fait revenir sur la place principale. On en profite pour aller voir à l’intérieur de l’Église Socha Madony qu’on avait loupé hier et cette fois, on ne résiste pas à notre gourmandise préférée : des kurtos accompagnée d’une « Green Beer Pivo » spécial pour fêter le jeudi Saint de Pâques où il faut manger ou boire un truc vert « On avait le choix entre une pomme Granny et une bière… Y avait plu de pomme, c’est ballot ! » Nous faisons également la visite rapide de l’église Saint Nicolas avec son grand lustre en verre original et prenons la route du retour. « On prend le métro, trop bien ! » Encore un « déjà-vu » pour moi avec les murs alvéolés irisés.
Encore une belle journée d’une douzaine de kilomètres : cette fois, on en a bien fait le tour quand même. Une très belle clôture de voyage en convoi familial !
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