Marmorslotter

Nous nous étions trouvés un petit coin de terre pour passer la nuit à 1,5km du parking officiel payant de la balade de ce matin : on n’est pas à 3km prêt. Nous voilà donc bien équipés pour affronter la pluie annoncée et qui commence doucement à tomber. Heureusement, ça ne sera pas trop long, on en a pour 6km maximum donc retour au bercail avant midi. Nous suivons le sentier Marmorslotter, littéralement « château de marbre ». On a hâte de voir ce que va donner cette belle rivière dont on perçoit faiblement le bruit pour l’instant. Le chemin est plutôt bien aménagé avec des planches de bois pour passer aux endroits les plus humides, en même temps, maintenant, on a de supers chaussures waterproof : c’est le grand test du spray appliqué hier qui semble bien efficace ! On est bien équipé, Guillaume avec son sur-sac orange fluo, que si on était en Amazonie, impossible de le perdre de vue et moi avec ma moustiquaire-de-tête-de-l’armée pour contrer mes amis les moustiques qui s’attaquent immanquablement au visage, les malotrus ! « Bon, je l’enlève, j’ai du mal à respirer, je la mettrais en cas de force majeur. » Nous sillonnons la forêt bien humide où les ploc ploc des gouttelettes de pluie raisonnent sur les fougères. C’est aussi sympa de ressentir la forêt renaître par la pluie avec cette odeur de terre humide si particulière.

Une dernière descente et nous arrivons sur la berge de cette impressionnante rivière dont le bruit et les remous nous fascinent. Sa couleur bleue claire glaciale aurait été plus saisissante avec du soleil mais nous pouvons tout de même en apprécier les reflets. Ce qui retient tout de suite l’attention, c’est le marbre. Partout sous nos pieds avec ses belles nervures noires. Pendant des milliers d’années, l’eau, le sable et la glace ont creusé des grottes, des nids-de-poule à la surface du marbre créant ce paysage spectaculaire. Le marbre est une roche molle et facilement soluble, et l’usure naturelle de la roche se produit donc plus rapidement ici d’avec d’autres roches plus dures. L’une des formations spéciales du lieu est la texture des pierres, qui est formée par de l’eau turbulente qui coule sur la surface soluble. Avec le tourisme accru dans le lieu ces dernières années, cette curiosité s’est rapidement usée et c’est donc pour cela qu’on nous demande de retirer nos chaussures pour parcourir ces rochers. Superbe idée finalement, la sensation est très étrange « comme des écailles de dragon » et on est toujours avide de sensation forte de nos voûtes plantaires et ici y a matière à toucher surtout que l’eau est bien bien fraîche, en même temps, elle provient du glacier donc bon.

Après deux heures de marche sous une fine pluie, on rentre fissa au camion juste avant le déluge d’eau qui commence à se profiler dès midi et qui ne s’arrêtera pas une seconde du reste de la journée. On décide de changer un peu de point de vue pour manger et nous nous garons aux bords du lac Langvatnet dont nous n’aurons finalement pas grande vue : la buée fait vite écran sur les fenêtres et les pâtes au curry maison de Guillaume n’arrangerons rien à l’air ambiant.

On prend le temps car de toute façon nos activités pour aujourd’hui sont terminées vu la météo. On va faire du repérage en Robert pour la grosse randonnée prévue pour demain aux pieds du glacier Svartisen (environ 15 à 20km, on n’est pas sûre des distances car on a lu plutôt expériences donc on se dit 17-18 pour couper la poire en deux). La route pour arriver jusqu’au parking officiel à un péage de 150NOK (15€ environ) : on en a déjà vu et passé des types de caméras comme celle-ci et on espère que notre plaque d’immatriculation étrangère ne soit pas décryptée comme nous l’avez dit un norvégien sur l’une de notre première randonnée de la Madonna. On fait demi-tour pour se poser sur un coin de terre en bord de route afin d’éviter de payer les 135NOK de parking-camping pour la nuit sur place et demain réveil un peu matinal pour affronter cette brave marche qui nous attend. La pluie est encore et toujours là ; qu’à cela ne tienne, on sort un jeu de société, « Parks » pour rester dans le thème. Je prends également le temps de continuer mon plaid hippie qui arrive bientôt à la phase finale d’assemblage pendant que Guillaume termine pour la seizième fois son jeu Borerland sur la Switch, une fois entière avec chaque personnages possibles. J’avoue que ça me laisse dans une incompréhension certaine mais l’important c’est qu’il prenne du plaisir : chacun ses activités, c’est ce qui fait notre complémentarité aussi.