Comme à notre habitude, réveil 8h pour un décollage à 10h vers le parking de la randonnée d’aujourd’hui : à l’assaut du glacier Svartisen. Il a plu non-stop hier et dans la nuit donc le sentier va être compliqué à appréhender « c’est le moment de vérité ultime pour nos chaussures de randonnée ! » Je vais regarder un peu les tarifs et les horaires du bateau qui peut nous faire éviter 8km aller-retour en marchant sur la berge. 15€ par personne pour un aller unique et 6€ pour le chien. Bon, on fait l’aller à pied et si c’est trop la misère, on se paiera un billet de retour sur l’eau. C’est parti !
On déchante très très vite dès les 30 premières minutes : le chemin est littéralement sous trente centimètres d’eau par endroit et il faut se faufiler entre la jungle de fougères trempées, les racines glissantes, les mares de boue et même par endroit traverser des petites cascades sans autre passage que les deux pieds dans l’eau. Ça n’en finit pas et on en a pour 2h comme ça avant de retrouver le chemin officiel de randonnée avec 3km vers le glacier. Je ne suis pas dans un état de colère mais dans une tristesse immense face à ces énormes flaques dont nous devons immanquablement finir par marcher dedans. Nos chaussures, nos pantalons, jusqu’à nos Kway ne sont plus que dégoulinade de pluie. S’en est trop pour moi et je continue à marcher mon visage en larmes… mais pas question de faire demi-tour, on a déjà passé un gros tiers. Guillaume, en réponse à ma détresse, s’émerveille de tout « ho j’ai glissé, trop rigolo. Indiana Jones ! La nature dans toute sa puissance. » Y en a un au moins qui s’amuse bien. Lola nous suit bien gentiment les quatre pattes dans les flaques jusqu’au coude de chien. C’est dur pour moi, je n’arrive pas à ressentir autre chose que de la déception.
Nous arrivons enfin au quai de débarquement ; maintenant, c’est beaucoup plus simple : plus de végétation, juste cette pierre rouge fer et cette rivière déferlante de son bleu glacial. Il est midi quand nous entamons cette deuxième partie : on a 4h devant nous avant de prendre le dernier bateau de retour à 16h. « Ça devrait le faire ! » Malheureusement, le vent se lève et je suis congelée sur place. Allez, on marche d’un bon pas pour se réchauffer. Plus on avance dans la randonnée et plus mon moral revient petit à petit pendant que Guillaume zigzague en tout sens, l’appareil photo en main. « Une des plus belles randonnées », clame-t-il encore une fois. Le paysage est vraiment unique, première fois qu’on marche sur ce type de roche en étage avec un panel de couleurs si varié de rouge, d’ocre, d’orange, d’or, de noir, de gris. Une palette de peintre sous nos pieds. Au dernier kilomètre, on aperçoit enfin le fameux glacier tant attendu. Un gigantesque bras de glace descend de l’horizon vers un lac d’altitude « il y a des années, il touchait le lac, le malheur ! » Il est très impressionnant mais ça ne sera qu’une fois véritablement à ses pieds qu’on aura l’échelle réelle de sa grandeur et de sa force.
On se cale dos à des rochers, histoire de se protéger un peu du vent qui nous frigorifie pour déguster nos sandwichs oeuf-carotte-fromage et se revigorer avec un des meilleurs cafés de randonnée. Bien entendu, Lola a aussi une portion supplémentaire de croquettes et des friandises spéciales Norvège : des morceaux de poisson séché. Elle en raffole mais c’est une horreur niveau odeur à chaque fois qu’il faut lui en sortir du sac.
« On se donne 30 minutes et après on fait demi-tour pour être tranquille pour la redescente. » Tu parles, une fois partis, on y ai resté une bonne heure devant ce glacier. Incroyable d’avoir accès si facilement à lui. On est allé au plus prêt, histoire de le saluer bien bas et de lui faire une petite caresse « c’est dingue comment ça a l’air fragile » La glace est faite d’énormes cristaux translucides et la lumière du soleil, qui est revenu, nous offre un beau jeu kaléidoscopique. Ce bleu glacial, profond et intense. Une chose vraiment très spéciale à voir, qu’aucune photo ne peut retransmettre vraiment. Il faut le sentir. Quelle joie et quelle émerveillement. Quelle belle récompense après tout ce trajet si difficile.
Après une petite récolte de deux, trois cailloux à mettre dans notre collection de tableau de port de Robert, nous reprenons le chemin du retour sur une cadence plutôt tranquille vu que plusieurs autres randonneurs font de même pour rejoindre le ponton de départ donc on se dit qu’il ne nous laissera pas sur le carreau. « Quelle heure ? – 15h37. Nickel 20 minutes d’avance. » On espère juste qu’il y aura assez de place pour tout le monde, surtout qu’il y a aussi 7 chiens à répartir dans l’habitacle pour ne pas avoir trop de soucis d’aboiements ou de grognements. Pile le nombre de place et notre Lola, comme bien souvent, fait de l’œil au voisin d’à-côté en réclamant des caresses en posant sa tête sur son genou : quelle coquine ! On est très content d’avoir pu prendre ce bateau malgré le prix car mentalement on n’était pas prêt pour refaire la jungle en sens inverse.
Arrivée au parking et notre note réglée (30€ pour deux, le capitaine nous a offert la place de Lola), nous retrouvons notre Robert pour se mettre enfin au sec ; nos doigts de pieds réclamant éperdument des chaussettes propres. Lola file direct sur le canapé nous donner un beau concerto de ronflements, signe d’une bien belle journée passée pour elle.
Avec tout ça, Guillaume trouve la force de conduire une grosse heure pour rejoindre un point très attendu dans notre voyage : passer le Cercle Polaire Arctique – 66,33° Nord. Nous nous garons sur le parking du centre d’information qui est aussi Le point pour signaler la frontière du cercle. Parfait, on se trouve une place parmi les nombreux autres camping-cars qui passeront la nuit ici comme nous. Trop curieux pour attendre demain, nous enfilons nos chaussures pour jeter un coup d’œil au centre, qui est finalement plus une grande boutique de souvenirs qu’autre chose, et allons jusqu’à la statue représentative du passage où je sors mon carnet à dessin pour marquer le coup.
Une journée montagnes russes émotionnelles dont tous les beaux moment ont réussi à bien vite éclipser la trempette de ce matin. Moments mémorables !
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