Glacier de Nigardsbreen

Ce matin, après une nuit au calme malgré notre point dodo en bord de route, nous nous réveillons comme des fleurs à 7h pour nous préparer et aller au parking gratuit qui sera le point de départ de notre randonnée du jour vers le glacier de Nigardsbreen. La météo annonce un temps mitigé mais correct jusqu’à 13h donc très bien pour nous. Nous nous rajoutons 6 km aller-route à la rando initiale afin d’éviter la route payante entre deux, qui nous fera économiser une dizaine d’euros, ce qui n’est pas négligeable en Norvège.

Pour la petite histoire, le nom de ce glacier provient de son avancée fulgurante dans les terres, entre 1700 et 1748, engloutissant et écrasant sur son passage neuf fermes : en norvégien « ny garde breen », le glacier des neufs fermes.

La première partie jusqu’au parking officiel est une belle promenade le long de la rivière d’un bleu mentholé. Tout le long, des panneaux explicatifs qui nous en apprennent plus sur la florale environnante, la formation du glacier, pourquoi sa couleur bleu, les mesures, les fontes, le réchauffement climatique : très agréable et avec un léger soleil en prime, on est refait. Lola est toute contente car on se la joue « à la cool » et elle peut vagabonder en toute liberté ; malgré une petite escapade fugace en solitaire de Madame entre les peupliers, elle reste sagement entre nous deux, à la queue-leu-leu.

Nous arrivons au parking où je repère à côté d’une poubelle deux paires de chaussures détrempées par la pluie de cette nuit : « no way, elles sont à ma taille », allez hop, on embarque une paire de baskets. Rando gratuite et cadeau en prime : ça nous réussie. Encore un peu plus de 3km jusqu’au fameux glacier qui est un peu perdu dans une brume blanche opaque. Le chemin balisé se fait par des escaliers en bois, sur des passerelles mais le plus gros reste à même les gros rochers bien glissants dont il faut se méfier. Le paysage dans cette vallée est splendide, et toujours cette rivière sur notre gauche qui nous montre la direction de sa source. Plus on s’approche et plus nous avons une alternance entre soleil, pluie, nuage, pluie, bruine ; ce qui ne nous fait pas rebrousser chemin, loin de là. Nous arrivons devant un grand pont en bois traversant cette rivière devenue féroce et très bruyante. Le glacier se découvre de plus en plus à nos yeux. « Regarde, le chemin continue par là » Effectivement, des petits poteaux bleus de balisage sont posés sur les gros rochers nous indiquant la voie. Nous y voilà, devant la bête de glace. Impressionnant, c’est la première fois pour nous que nous voyons un glacier : la glace n’est pas d’un blanc pur mais plutôt terreux par endroit, mais ce qui capte l’œil tout de suite, ce sont ses creux et fissures bleutés. Sous ce bras gelé, le commencement du tumulte de la rivière comme si, à tout instant, il pouvait emmener avec lui sur ces vagues cet énorme bloc de glace. Tout autour de nous, des grandes falaises rocheuses dans lesquelles nous pouvons voir les traces formées par le déplacement du glacier. Ça nous fait un petit pincement au ventre de voir tous les mètres qu’il a déjà perdu depuis plusieurs années, et on sent bien que ça ne va pas s’arranger « on en aura au moins vu un dans notre vie avant qu’ils disparaissent » me dit Guillaume, d’un air solennel.

Après une petite pause grignotage, adossée à un rocher pour se protéger du vent glacial et de la pluie, nous faisons demi-tour par le même chemin que l’aller ; seule différence, cette fois-ci, on croise une grosse dizaines de personnes qui montent dans l’autre sens. On a encore une fois vraiment bien fait de partir tôt car plusieurs bus de touristes arrivent même sur le parking. Le soleil nous fait le plaisir de pointer son nez sur la route de retour « super, on va pouvoir bien sécher avant d’arriver au camion ! » Malédiction : à peine dix minutes plus tard, un gros nuage gris arrive de derrière une montagne et ramène avec lui une bien belle averse qui nous suivra sur le dernier kilomètre, histoire de bien me contredire.

Tout le monde au chaud dans Robert alors que nos chaussures sèchent dehors pendant une cours accalmie ; un repas chaud et un café « des délices » et nous reprenons la route, direction l’est de la Norvège. On verra bien assez tôt la mer et ses fjords donc on prend le temps de se faire un détour vers un point « gustatif » à la clé, dans un ou deux jours, à Heidal. Sur le chemin, une petite pause remplissage des cuves d’eau dans une station essence donnera une envie incontrôlable à Guillaume d’un hot-dog ; en même temps, ça lui donne l’eau à la bouche depuis l’Allemagne, donc cette fois, il revient avec un grand sourire aux lèvres et une saucisse bouillie dans un pain « y a même des oignons fris » : le plus heureux des hommes se tient devant moi à cet instant.

Nous repérons un point dodo un peu plus loin sur la carte du GPS, mais ce sont de biens gros lacets de route de montagne qui attendent Robert dont l’aiguille de chauffage titille dangereusement le trait au-dessus de la moitié. Comme toujours dans ces cas là : chauffage à fond et vitres ouvertes pour essayer de le soulager un peu, petit hic, il neige à gros flocons dehors. In-croy-able ! « Retour en hiver, un 6 juin ! » Le paysage est très beau et nous nous arrêtons plusieurs fois pour braver la neige et faire des photos. Notre point dodo est sur un parking en dur ; parfait, vu la neige qui continue de tomber, il serait mal venue de finir embourbés à presque 1400m d’altitude. Nous mettons vite les pares-soleil pour conserver la chaleur de la route et on espère que demain matin, la vue se sera bien dégagée pour pouvoir admirer cette vue exceptionnelle : des lacs gelés, des glaciers au loin, des rocailles recouvertes de lynchen. « Mais c’est bien sur, la route 55, depuis les fjords. – On l’a retrouvée, oui ! »

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