Finalement, cette nuit ne fut pas si « horrible » et nous sommes séduits par cette vue ensoleillée sur l’Etna bien visible. On est même un poil déçu que la rando jusqu’au sommet soit annulée, on a une journée vraiment trop belle et depuis les 3000m d’altitude, ça doit être quelque chose. Mais la sécurité avant tout.
Notre visite d’aujourd’hui sera la ville côtière de Syracuse ou plutôt son île Di Ortijia. Encore une fois, la circulation en ville est juste scandaleuse et ici, le trafic est hyper dense et ça klaxonne de partout. C’est toujours une petite épreuve ; c’est notre maison qu’on trimballe avec nous tout le temps donc le moindre accro peut être problématique. Tous les parkings, les bords de routes, et même les doubles files sont complètes et nous sommes obligés d’aller nous garer sur le parking plan B, un peu en retrait dans un genre de port où un squat de sans-abris tient lieu de gardiens « ils vont pas voler chez eux et risquer de faire venir la police » donc on part plutôt confiant niveau sécurité de Robert, surtout que de grosses voitures dont le prix doit compter au moins 4 zéros viennent rejoindre les rangs.
On entame cette visite par un bon 20mn de marche pour passer le pont et rejoindre cette fameuse île. A peine avons-nous aperçu la mer qu’on voit cette belle couleur bleue turquoise. Le soleil est savoureux et on apprécie de se promener en chemisette d’été et tee-shirt. Ici, les bâtiments sont faits de pierre jaune douce qui se marie très bien avec le vert des plantes grasses, toujours présentes en grand nombre pour mon plus grand plaisir. De nombreux chats errants se dorent la pilule au soleil et on a une petite pensée pour notre Bernie toulousain dont nous avons hâte de fourrer notre tête dans ses longs poils roux. Gouzi gouzi !
Nous nous arrêtons un moment pour observer les ruines de l’ancien temple d’Apollo en plein cœur des ruelles puis nous allons chercher les en-brins marins le long de la côte où de belles criques se dévoilent et où on aperçoit plusieurs personnes se baigner dans cette belle eau claire ; ce qui fait rager un peu Guillaume n’ayant pas pris serviette et maillot dans le sac. Nous entrons dans la cour du château fortifié Maniace qui se trouve au bout du bout de l’île avec une étrange grande statue de bronze représentant un ange sans tête tourné vers l’horizon. Nous rejoignons la place Duomo par les bars et restaurants branchés du bord de mer. Nous ne rentrerons pas dans la cathédrale payante mais elle a été très bien restaurée de l’extérieur, pour sûre. Sur notre chemin de retour, nous passons par une petite ruelle touristique aux magasins un poil guindés. Une jolie balade qui nous a donné chaud.
Nous retrouvons notre Robert bien tranquille avec ses 4 fenêtres intacts et reprenons la route pour sortir de cette ville bien trop active pour notre humeur du jour. Clairement, c’est aujourd’hui où jamais pour se baigner car ensuite la météo se conchie donc on va se garer au bord de belles falaises de roches crémeuses dont les criques turquoises font bien envies. Oups ! Des panneaux tout le long nous informent de l’interdiction de se baigner et même de marcher le long des falaises car c’est une zone protégée de l’accélération de l’érosion. Tant pis. On se fait tout de même notre repas de midi avec cette belle vue maritime et fenêtres ouvertes pour faire circuler l’air.
Nous échangeons un moment avec la femme de l’agence pour l’excursion de l’Etna peut-être prévue demain matin mais avec un guide en anglais et un trajet complètement différent de l’initial, ça semble compliqué d’y grimper en ce moment. Le temps d’y réfléchir, elle nous rappelle pour annuler car les conditions météo là-haut se sont dégradées pour demain donc il faudra attendre samedi, si il y a un mieux. Bon, affaire à suivre mais clairement ce n’est pas gagné cette histoire.
Toujours en tête : cette baignade. On trouve une vraie plage de sable fin à 10mn de route avec un parking gratuit en cette période juste à-côté. Parfait. Guillaume enfile vite son maillot et file barboter dans la mer ionienne « tu l’as déjà faite celle-là ?! – Oui en Grèce. » Lola et moi restons au sec sur le sable, pour prendre un peu le soleil et attendre que notre poisson est fini de se rafraîchir « y a pas grand-chose à voir au fond ».
Une petit demi-heure plus tard, tout le monde rentre gaiement au parking. « Hééééé ! », hurle Guillaume. Un homme sort en courant de Robert. Et voilà ! Nos cœurs battent la chamade mais le voleur est déjà loin, malgré son bob jaune et son surpoids notable. Il a forcé la fenêtre de la porte latérale pour ensuite ouvrir de l’intérieur le loquet de la porte passagère. On essaie de faire un rapide état des lieux de ce qu’il peut nous manquer. Ça ne devait pas faire bien longtemps qu’il s’était introduit, ayant fouillé la boite-à-gant et mon sac à dos. Par chance, nous avions bien mis les choses de valeur en sécurité dans le coffre fort. Il ne nous manque rien, apparemment, et aucune vitre cassée, il a juste fait sauté le crochet de la fenêtre (bon pas très sécur’ quand même) et Guillaume répare ça en deux coups de tournevis ; donc on repart comme si de rien n’était. On ne fait pas trop les malins et on imagine ce qu’il pouvait bien chercher, ce qu’il aurait pu prendre ; en tout cas, c’est une vraie sonnette d’alarme pour nous.
Allez, on va prendre le vert, loin des villes et des malfrats. Guillaume nous a trouvé un beau coin dodo. Seul hic, une route interminable, enfin une route… un chemin de randonnée plutôt. La pire qu’on est prise de tout le voyage (à part en Albanie où on a fait demi tour, cas extrême). 7Km d’angoisse. Je passe le volant à Guillaume qui maîtrise mieux la vitesse dans les crevasses pendant que je dégage de notre chemin les plus grosses pierres ; de toute façon, on y est, il faut aller au bout, pas trop moyen de faire marche-arrière. Robert a très chaud sur ce chemin de montagne chaotique mais il ne nous lâche pas et passe en mode 4×4 pour nous faire arriver sur ce point de vue exceptionnel, tout en haut du plateau de la réserve naturelle Cavagrande del Cassibile dont on peut voir les gorges tout tout en bas. L’Etna est encore une fois notre toile de fond pour clore cette journée mémorable (mais pas pour les plus belles choses, malheureusement.)
La pression redescend doucement dans nos corps qui réagissent par une envie de vomir et un malaise persistant au creux de l’estomac. Pour ma part, j’ai juste envie de rentrer chez moi, bien tranquille en sécurité : éviter les problèmes par la fuite, c’est mon mojo. On est clairement refroidi là et nous allons très probablement faire beaucoup mais beaucoup plus de nature, quitte à délaisser les villes siciliennes. « T’inquiète pas, on va finir le voyage tranquille avec notre Robert en entier ; de toute façon, à la base on devait pas faire la Sicile, donc c’est du bonus ! » Guillaume, la positivité incarnée.
Laisser un commentaire