Catane

Enfin une journée sans pluie pour pouvoir un peu laisser de côté les Kway, certes bien pratiques pour éviter d’être mouillés dehors mais ça transpire fort dedans donc moite moite l’histoire. 8H, nos voisins suisses de nuitée démarrent alors que nous venons à peine d’ouvrir les volets et que le lit n’est pas encore replié « quand tu as que deux semaines de vacances en Sicile, tu te lèves tôt. – Mais nous aussi on a que deux semaines ! – Oui mais c’est pas pareil, non ?! »

Bizarrement en une heure nous sommes prêts et reprenons notre route vers la deuxième plus grande ville de l’île : Catane (immanquablement, ça nous fait penser aux colons du jeu de société, pour les aficionados). Les siciliens sont un peu plus cool au volant mais avec les routes étroites, ça devient quand même très sport et il faut forcer le passage « à l’italienne » pour espérer arriver un jour au parking prévu. J’avoue que parfois trop c’est trop et un « co**ard » sort de ma bouche, « si je te dis que je suis tendue, je suis tendue ».

Nous arrivons à bon port en un morceau et malheureusement toutes les places de parking sont occupées, parfois deux places pour une voiture, ce qui nous irrite passablement. « A l’italienne », on se gare sur le trottoir ; en même temps, d’autres sont carrément sur les zébras donc on ne s’inquiète pas trop niveau respect du code de la route. Et nous voilà partis pour 20mn à pied pour rejoindre le centre-ville avec une Lola toute contente et qui nous ralentit sérieusement à vouloir toujours tout renifler ; après tout, c’est sa sortie à elle-aussi.

On commence directement par de la verdure : la traversée d’un joli jardin public avec fontaine et palmiers géants. Il devait y avoir une vue sur l’Etna au loin mais c’est tellement bouché qu’on devine vite fait la pente dans la grisaille. Un reniflage de derrière avec un autre petit chien et on continue notre chemin.

On déboule dans un grand marché où olives tutoient de vieux livres et où des vendeurs de boubou saluent des marchands de fenouils. C’est un joyeux bordel mais on sort assez vite de là, c’est une épreuve pour notre louloute qui est au niveau des jambes et des sacs de courses. On reprend une bouffée d’air après cette plongée dans la foule bruyante.

Nous rejoignons la place principale, Piazza del Duomo dont la grande fontaine éléphant nain (what?), symbole légendaire de la ville, au milieu sert de banc aux nombreuses personnes qui prennent le soleil ou qui demandent l’aumône, et cette dernière catégorie de personnes ne manque pas dans cette ville, malheureusement. On entre rapidement dans la basilique-cathédrale Sant’Agata où la momie hyper bien conservée d’un cardinal nous a à la fois passionnée et repoussée « t’as vu, on voyait les mains marrons avec la bague et tout. »

Il est déjà l’heure de manger et on tourne un moment avant de trouver un petit bistro pour nous installer et déguster une spécialité sicilienne : des arancinis (des boulettes de riz fourrées au fromage et fris). Pas très cher et ça cale une tripe. On arrive enfin à commander un café d’une taille convenable, pour nous. On avait encore en tête nos déboires de début de voyage avec des ristretto servis dans des mugs. Ici, deux « largo », ce qui revient à des expresso pour un service français, mais qualité italienne « perfecto ! ». D’ailleurs on voit bien que le café est un immanquable des habitants : un homme entre dans le bistro, commande un café, le sachet de sucre déjà en main, le moteur de la voiture probablement encore entrain de tourner, garé en double file, deux tours de cuillère, cul-sec et « arrivederci ». Trop rigolo.

Après cette bonne pause, on repart dans le tumulte des rues où ici aussi il faut s’imposer en tant que piéton et forcer le passage, un peu comme une voiture en somme. Nous essayons d’apercevoir de l’extérieur l’amphithéâtre gréco-romain et passons notre chemin pour terminer notre visite par le château d’Ursino, transformé en musée. Nous en faisons le tour extérieur et voilà.

Bon, on a un goût d’inachevé dans cette ville si emblématique, que nous ne trouvons finalement pas si fifolle. On se demande si on ne serait pas passés à côté de quelque chose, d’un quartier à voir ou quoi. On reprend donc la direction du retour vers Robert mais en ne passant pas par les artères principales, mais en nous perdant un peu dans les ruelles pour nous imprégner de la vie sicilienne et de l’ambiance.

« Ferme les yeux et donne ton doigt. » Guillaume a une nouvelle bague à sa main, cadeau trouvé « pourri mais pas vraiment » pour notre deuxième année de Pacs ; merci Lola d’avoir reniflé par ici, belle trouvaille.

Mine de, on est crevé de cette grande marche dans Catane et on retrouve le camion avec plaisir. Maintenant, il faut sortir de cette ville, faire trois courses et trouver un point dodo pour ce soir. A peine montée sur le canapé que Lola dort à point fermé la tête cachée dans les oreillers « je n’existe plus. »

On repère sur Park4night un parking en bord de plage, et avec le beau temps de prévu pour demain, on n’irait-y pas se faire une petite baignade ?! C’est « un bide » total cet endroit mais la nuit arrive déjà et nous n’avons pas la motivation pour rechercher un autre point de chute. On ferme vite les volets pour ne plus voir les cheminées brûlantes des usines tout autour, l’odeur du pétrole des raffineries de la baie et essayer de faire abstraction des voitures qui viennent faire un demi-tour dans cette impasse (clairement il y a un trafic de quelque chose mais tant qu’on ne vient pas nous embêter, ça ne nous regarde pas…) Deuxième erreur : la baignade est interdite, comme l’indiquent des panneaux, et pour cause, les turbines d’une usine sont reliées directement à la mer donc bofibof. Y a des ratés parfois et ce soir en est un.

« Vivement le retour, ça nous fera des vacances » (rire… mais c’est pas faux!)

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