Trompettes et tambours : c’est notre 300e jour de voyage. Que de temps déjà passé.
C’est une journée bien pluvieuse qui s’annonce et ça se vérifie dès les premières heures de la matinée. [Empéchoss pass], on sort nos parapluies et on va visiter un bout de la ville de Nurmes dont les maisons ont été restaurées à la façon de l’architecture traditionnelle de cette région du Carélie. On est très impressionnés par la maîtrise de la construction en rondins de bois, astucieusement imbriqués, sans utilisation de pièces en fer. Les maisons gardent une touche de couleur sur les fenêtres et volets peints avec des motifs floraux délicats. Nous allons voir la « Bomba House », une reconstitution de demeure carélienne traditionnelle en bois du XIXe siècle, transformée en restaurant aujourd’hui mais dont nous pouvons visiter l’intérieur en toute liberté. La hauteur sous plafond est dingue et on peut bien observer le squelette de bois de la structure du toit et des murs.
On monte dans les étages de la bâtisse : on s’amuse un moment sur un rocking-chair « je mettais jamais assis sur un truc comme ça » et on découvre un petit musée gratuit exposant différents outils et objets anciens. On est friand de ce genre de chose, surtout quand on tombe dessus un peu par hasard. Guillaume n’était pas très motivé au début de la journée, la pluie n’aidant pas du tout, mais il reprend vite de l’entrain quand on découvre de nouvelles choses.
Les parapluies à nouveau bien ouverts au-dessus de nos têtes, Lola est restée au sec dans Robert, nous allons voir la chapelle orthodoxe des saints Serge et Germain de Valaam juste à côté. Le sentier en bord de lac pour la rejoindre est très agréable et la pluie environnante nous rend silencieux et attentif aux sons tout autour. La chapelle en bois est vraiment jolie comme si on arrivait à un petit trésor caché en bout de monde. Nous entrons timidement à l’intérieur où une jeune fille nous accueille tout sourire sur fond de musique religieuse douce. C’est calme et propice au recueillement, il n’y a pas de doute. Nous allons voir de plus prêt le mémorial de 101 croix en bois blanches, construit juste à côté, en hommage aux civils de Nurmes, faits prisonniers ou tués pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le paysage autour a quelque chose de « Princesse Mononoké » avec les petites mousses vertes pastels qui foulent le pieds des croix et cette chapelle perdue dans les bois de pins.
On est bien contents d’avoir combattu la flemme matinale pour aller voir ce village carélien.
On reprend un peu la route en direction de notre point de rendez-vous avec Sam, Lou et Oumou, nos trois comparses de voyage et nous nous arrêtons grignoter un morceau en bord de lac de pêcheurs. On est très bien tombé : un couple avec leurs deux enfants viennent d’arriver et vont nous faire notre téléfilm de midi. On les regarde donc mettre leur bateau à l’eau, misérer pour le démarrer pendant que la pluie commence à tomber doucement et que l’orage gronde de plus en plus fort au loin. On se passionne d’un rien.
Nous terminons la dernière partie du trajet sous une pluie battante qui nous fait même passer la troisième vitesse des essuie-glace, c’est pour dire ; et arrivons sur le parking de la randonnée dans le Parc Naturel de Koli sur les coups de 15h30.
Les copains sont déjà sur place et nous partons donc tous ensemble pour effectuer les 7,5km prévus. Lola restera dans Robert : ce n’est pas du tout un temps pour elle qui se lèche fort les babines de stress avec toutes ces variations atmosphériques orageuses. Miracle, la pluie s’est arrêtée et on tombe même le Kway tellement on commence à avoir chaud de moiteur. « On a vraiment bien fait de partir maintenant. » Le sentier enchaîne plusieurs points de vue en hauteur donnant sur le lac Pielinen, qui est le quatrième plus grand lac de Finlande. La balade est très agréable et on prend notre temps pour observer les plantes qui se trouvent sur notre passage, les pins et bouleaux qui nous font de l’ombre, les insectes qui butinent et les myrtilles qui se montrent. Nos discutions vont aussi bon train et tout se fait naturellement entre nous.
De retour aux camions, nous mettons en place notre convoi « de deux véhicules » pour rejoindre notre point dodo. La route principale est, comme toujours, assez monotone : du goudron et des pins ; mais dès qu’on sort pour bifurquer sur une route secondaire, on passe limite sur des voies forestières, on dirait. Ça raquasse fort et nos amortisseurs vont en prendre un coup « on dirait qu’un char est passé juste avant nous ! » On arrive enfin sur ce spot de rêve : sous les pins, en bord de lac, petit coin pour faire du feu et personne alentour. Royal ! On sort tables et chaises, et nous revoilà partis pour une bien belle soirée. Au menu : saucisse purée, houmous, salade de lentilles et clafoutis aux myrtilles pour le dessert. Chacun sort le grand jeu culinaire pour nous régaler. Tout le monde est un peu fatigués de la randonnée mais on a du mal à se dire « bonne nuit » tellement on est bien tous ensemble à papoter. « C’est la nuit, là ! » Effectivement, ça y est, on est de nouveau dans la pénombre. Nous voyons notre première étoile dans le ciel depuis presque trois mois de soleil-de-minuit et allons nous coucher après être allés admirer le croissant de lune sur la plage. Des petits moments inoubliables.
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