Prison de Rummu

Nous nous sommes endormis facilement malgré le son de la guinguette au loin qui passait aussi bien du Kily Minogue que de la techno.

Debout 8h30 pour prendre un bon petit-déjeuner au soleil et partir se promener à partir de 10h30. Le parking est très chouette : ça donne déjà un avant-goût de la carrière de craie que nous irons voir tout à l’heure. Juste à côté du camion, un bloc de pierre a été taillé puis retiré directement du sol créant un trou très profond dans le mini-lac qui s’est créé laissant simplement un bleu sombre filtré la surface de l’eau « pour un voyage au Japon aller-retour, je plonge dedans et en bouteille même. » (Sam)

Sac sur le dos remplis du pique-nique, des serviettes de plages et des masques-tubas, nous entamons la marche. Normalement, une grosse demi-heure suffit pour rejoindre le site touristique payant. Bien entendu, on essaie de passer par les abords du grand lac pour contourner la barrière « péage » mais nous tombons devant un portail cadenassé. « Pouet pouet ! » Un machiniste travaillant dans la carrière d’à-côté nous fait de grands signes nous indiquant de rebrousser chemin. Il n’a pas l’air commode, nous obtempérons et faisons demi-tour pour suivre la route « officielle » pour rejoindre l’entrée. Nous longeons donc la route « tiens des pommes » On en accueille six pour notre dessert, on verra bien. Sur notre gauche, l’ancienne prison faite de barricades et de vieux barbelés est toujours debout et fait maintenant office de musée « en fait, on était entrain de rentrer illégalement dans le musée » Petites têtes.

Nous arrivons enfin devant le guichet et nous nous acquittons des 6€ par personne pour passer la journée ici. Le lieu est une curiosité estonienne. Pour la petite histoire : la carrière de Rummu, ouverte en 1938, d’où on extrayait du calcaire, utilisait des prisonniers locaux afin de profiter de la main-d’œuvre bon marché. Les résidus restants de l’exploitation minière ont été collectés en un tas, ce qui a créé, avec le temps, la colline que nous irons voir, appelée aussi « la colline de cendres. » La carrière s’est remplie d’eau dans les années 1990 sans savoir véritablement le pourquoi du comment. Elle s’est faite submerger en quasiment un week-end ne donnant pas le temps de sauver tout le matériel sur place. Les bâtiments, les machines lourdes et les arbres ont donc finis vingt milles lieux sous les mers, devenant un site de plongée prisé.

Nous nous posons donc sur cette plage de calcaire avec dans notre dos cette colline aux formes fragiles et tentaculaires « ça ressemble à une sorte de petite Cappadoce » Nous sommes un peu dubitatif, il y a pas mal de monde qui vient bronzer, faire du paddle et jouer dans le jeu de bouée gonflable gigantesque, c’est une base de loisir en fait maintenant. Le bout de prison ayant les pieds dans l’eau est proche du rivage alors que sur les photos, ça nous semblait vraiment perdu au milieu du lac. Comme quoi avec un bon cadrage, on peut vraiment tout montrer ou cacher. Les chiens sont admis ici mais il faut faire attention à la baignade, il peut y avoir parfois plus de 4m de fond.

Le soleil est là pour toute la journée. Ni une, ni deux, maillot de bain pour tout le monde et on se jette à l’eau en mode explorateurs sous-marins avec nos têtes de mouche, masque et tuba bien planté sur nos têtes. Lola comme à son habitude se trouve un coin à l’ombre dans les arbres en attendant que les humains fassent trempette.

Une fois tous rentrés dans l’eau (les hommes ont eu plus de mal que les « amazones »), nous nageons tête baissée à l’affût des vestiges engloutis. L’eau turquoise est claire et nous voyons toute la vie qu’il peut y avoir sous nos pieds : algues vertes, poissons rayés, arbres fossilisés, bouts de ferrailles momifiés. On a véritablement l’impression de faire de la plongée mais en lac. C’est très agréable. Nous faisons le tour du bâtiment avec par endroit des espaces bien bien noirs qui nous font un peu peur. Les rayons du soleil percent la surface de l’eau pour créer des faisceaux lumineux jusqu’aux algues du fond. Nous faisons entièrement abstraction de l’agitation autour, les gens restent cantonné au bord de plage donc nous avons toute la partie « plongée » à plusieurs mètres rien que pour nous.

L’eau est un peu frisquette, vu qu’on ne nage pas vraiment, c’est plutôt du sur place les yeux grands ouverts. Nous sortons de l’eau pour aller nous réchauffer au soleil en mangeant notre petit frichti emporté dans les sacs.

« On y retourne ?! – Dernière clope et on y va. » Deuxième cession « plongée » mais cette fois, on va plus loin à plusieurs mètres de la plage pour découvrir un autre reste de bâtiment mais celui-ci totalement englouti. « Ça fait comme dans les documentaires » le jaune du bâtiment recouvert d’une pellicule vaseuse, les algues vertes qui dansent autour et quand on s’approche du bord de la ruine, les fonds marins d’un bleu nuit d’où seulement quelques bouts de branches d’arbres sortent leur extrémité. Une sensation nouvelle et l’adrénaline de la curiosité, de la découverte, nous fait parfois plonger un peu plus profond. « Qui est capable de mettre son doigt dans le trou ? » Fou rire nerveux.

De retour sur les serviettes tout grelottant de froid, nous nous habillons en vitesse et allons nous balader sur les hauteurs du site à travers ces langues de calcaires blanches. La vue est très belle et Guillaume sort même rapidement le drone pour des clichés incroyables.

On avait repéré les différentes activités possibles sur place et bien entendu on ne pouvait pas passer à côté du disc-golf. Et c’est parti pour un 12 trous entre falaise de craie, herbes hautes, araignées rayées et moustiques enragés. Toujours un moment de sport mais surtout de rires.

C’est l’heure de rebroussé chemin et c’est une grosse fatigue qui nous tombe dessus au fur-et-à-mesure des mètres parcourus. On décide tout de même de rouler une grosse heure pour se garer tout prêt du départ du ferry qui nous amènera sur l’île de Saaremaa demain matin. Arrêt rapide pour faire trois courses, nos placards étaient sacrément vides depuis les deux capitales où nous n’avions pas eu le temps de faire des emplettes. On ressemble un peu à quatre zombies avec nos cernes sous les yeux et pour certaine (Lou) les marques du masque qui se sont bien incrustées dans les joues « ça détourne l’attention de ton coquard au moins (rire) » En même temps, c’était une bonne journée triathlon : marche, natation, frisbee.

On se gare sur un petit parking de pêcheurs d’où nous pouvons voir de nombreux oiseaux voler (les hérons sont définitivement mes chouchous!). Omelette, salade et gros gâteau au chocolat à -40 %: on se fait plaisir. On regarde un moment la grosse lune orange qui monte doucement dans le ciel pendant que les moustiques se nourrissent allégrement de nos mollets nus. La fin de soirée oscillera entre discussion sur la différence entre grillons, crickets et sauterelles qui nous permet d’analyser quels insectes vont accompagner notre sommeil (crickets donc! Ceux avec les antennes plus courtes) et écoute de la musique estonienne du campeur d’à-côté. On est crevé donc tout le monde vite au lit, surtout que demain, c’est réveil à 8h pour pas louper la traversée vers cette grande île estonienne.

C’est un rythme assez soutenu pour nous, qui sommes davantage tranquilles mais on s’adapte. Lou et Sam veulent faire le tour de l’île en un jour et demi (normalement) pour rester dans leur timing pour rentrer en France ; vu le prix du billet (20€ aller) on va sûrement y rester quelques jours de plus, nous. On espère avoir du soleil pour se poser et faire une ou deux journées « off » : il a tellement de devoirs à rattraper, tout écrire, tout trier, tout poster en ligne et ça s’accumule et ça s’accumule ; il faut aussi qu’on prenne un vrai temps pour faire un rétro-planning des mois qu’ils nous restent et voir jusqu’où on veut/peut aller : refaire les Dolomites, Rome, toute l’Italie avec retour en bateau… pleins d’options, à caler et peaufiner.

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