Réveil mollasson avec une fine pluie qui nous fait sortir bien vite les Kways sous le haut-vent pendant le petit-déjeuner. Une météo un peu à l’unisson de notre moral à tous les quatre ; déjà de la nostalgie dans l’air « il va falloir reprendre notre vie à deux, on va beaucoup moins rigoler, c’est sûre, c’était trop bien ! » On sent déjà que les au revoir vont être déchirants de chaque côté.
Il nous reste encore une visite à faire tous ensemble : le phare de Kiipsaare. On prépare vite fait une salade de pâtes-crudités et on part faire le tour du bout du bras de l’île pour 12km la boucle. Lola nous suit cette fois-ci même si par moment elle ne semble pas très rassurée : on ne comprend pas trop certaines de ses peurs de ces derniers temps. On verra bien quand on sera à nouveau que tous les trois si ça la rassure davantage. La marche débute par un sentier forestier entre pins, mousses et sable pour arriver assez rapidement sur une grande plage aux herbes hautes et au sable multicolore. On arrive au phare abandonné qui nous regarde les pieds dans l’eau ayant pour seuls habitants des cormorans en guise de couvre-chef. Le ciel se dégage pile poil quand on s’installe dos à la dune pour se cacher du vent violent et pique-niquer. Des galets, du sable fin et des copains. On se fait deux équipes : les hommes à la manutention et les filles à l’écriture et on appose dans le sable le mot qui résume notre rencontre : incroyable ! Guillaume sort le drone et on se fait une photo souvenir, main dans la main, main dans la patte.
Guillaume en profite pour aller faire encore quelques clichés de la pointe de sable et des vagues. Le vent qui souffle fortement vide très très vite la batterie. « Il descend, il descend ! » On l’a échappé belle encore une fois. Il s’est posé pile sur les derniers mètres du banc de sable entre les dizaines de mouettes qui y avaient élu domicile pour l’après-midi. Sueur froide !
Nos yeux sont toujours à l’affût des petites pépites orangées tant recherchées dans cette partie d’Europe, toujours invisible pour le moment. La deuxième partie de la boucle qui se fait le long de la plage avec vent de face et pieds dans le sable est sportive. Lou en profite pour ramasser des dizaines de plumes « pour faire des attrapes-rêves » pendant qu’on fouine les cailloux. La marche est assez linéaire donc on décide de couper par la forêt de pins pour rejoindre le sentier principal et être plus à l’abri du vent. Notre chef de file, Guillaume, ouvre la voie, GPS dans une main et un bâton dans l’autre en guise de balai à toiles d’araignées, les pins en sont farcis et font lâcher quelques cris de frayeur à Sam et Lou et accessoirement à moi aussi : la peur se transmet très vite, il faut croire.
Ça y est, nous revoilà aux camions après 3h de marche « on a commencé notre rencontre par une randonnée, on aura fini par une randonnée, la boucle est bouclée. » On se fait un dernier café, histoire de repousser encore de quelques minutes nos au revoir. On discute de l’après, des doutes, des projets qu’il va falloir concrétiser, de retour au travail et de tout ce qu’il reste encore à construire pour chacun. Le temps file et il faut vraiment qu’ils partent si ils veulent prendre le ferry de 20h30 ce soir. J’avais pris le temps de leur dessiner un tournesol « incroyables rayons de soleil » à accrocher dans leur maison roulante pour la fin de leur voyage. Un gros câlin à chacun et on se promet de vite se revoir en France, peut-être sur notre trajet de retour « Grenoble n’est pas si loin » et la vie leur réserve de beaux projets à venir, on en est sûre et on sera là pour les féliciter et les soutenir, à n’en pas douter. Ils montent dans leur camion, derniers mots et grands signes de la main…
Et maintenant ?!
On range Robert mollement pour reprendre la roue à notre tour vers le nord de l’île. « On ouvre leur courrier ? – Allez ! » On lit attentivement la lettre qu’ils nous avaient donné lors des premiers au revoir et découvrons une dizaines de petites photos souvenirs imprimées et une belle déclaration d’amitié. Grands émotifs que nous sommes, on en a les larmes aux yeux, ça fait chaud cœur, quelle rencontre !
Allez motivation, on continue. Sur notre chemin, on se fait un stop dans un Coop pour acheter trois bricoles à manger et on se pose sur un parking en gravier avec une belle vue sur la mer pour y passer, probablement, quelques jours « off » de rattrapage de devoirs et de sommeil : ça s’annonce musclé tout ça ! Mais on a si bien profité ; on est reboosté à fond pour terminer ce dernier tiers de voyage.
Pour se distraire comme à notre habitude dans les soirées un peu de « bad », on se fait un film comique, et cette fois-ci, en dédicace à Sam, on se fait un OSS117, bien misogyne, bien lourd, avec un second degré qui nous fait bien rire.
Avoir vécu ce convoi de vingts jours ensemble avec, au départ, des inconnus si attachants « qui aurait dit qu’on se serait fait de nouveaux amis ?! »
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