Nous nous étions trouvés un parking bétonné pour passer la nuit pas trop loin du monastère que nous visiterons aujourd’hui. Ça y est, on roule sur notre première route enneigée : ce n’est que quelques centimètres mais quand même, on étrenne nos pneus Michelin 4 saisons de Grèce. Les températures se sont adoucies et nous ne passons pas en négatif pour le plus grand plaisir de nos extrémités. Lola adore la neige et elle fouine partout, la truffe pleine de poudreuse. Pour une Martiniquaise, c’est tout de même un comble.
Nous voici devant l’entrée du Monastère de Rila, fondé au Xème siècle par un ermite, Saint Jean de Rila, ayant passé 12 ans reclus dans une grotte. Le monument est juste sublime, une des plus belles églises orthodoxes qu’on est vu. La cour intérieure est composée d’une série d’arches rayées de noir et blanc qui contraste avec le bois des structures et les couleurs flamboyantes des peintures. Nous sommes très peu nombreux sur place et un silence religieux règne, avant la petite foule de touriste de 11h qui arrivera. Nous faisons dans un premier temps le tour du monastère, histoire de se garder le clou du spectacle, l’église, pour la fin ; et quelle église. Déjà de l’extérieur, nous n’en finissons pas de lever les yeux aux plafonds en essayant de décortiquer les différentes scènes représentées. « Ça fait pas très envie d’aller aux enfers » Dans tous les tableaux, des diablotins à fourche et des monstres aux grandes dents gobent les humains enchaînés et nus. Gloups ! Le tout sous l’œil bienveillant du Christ ou de la Vierge Marie tout en dorure et en bleu Klein lumineux. La maîtrise des couleurs et le détail des vêtements est remarquable : nous passons de longues minutes à observer et décrypter les coups de pinceaux et les messages sous-jacents. Nous finissons par le musée qui se trouve également dans le monastère où des reliques sont exposées. Encore des dorures, d’énormes Bibles recouvertes de velours ou d’or, des calices aux ornements complexes et des tissus brodés de fil d’or… Mais le plus impressionnant est la partie sur les machines d’imprimerie en lithographie d’époque et les nombreuses plaques de métal servant de gabarit : quel précision dans les traits, quelle finesse. Notre dos nous fait mal tellement on se penche sur les vitrines pour détailler les dessins. Notre étonnement est à son apothéose quand nous arrivons devant une croix en bois dans laquelle est sculptée 36 scènes de la Bible en microscopique « Il a du passer des années pour réaliser cette pièce. – En même temps, il faut bien s’occuper. » Une merveille de maîtrise et de patience. Nous sortons du monastère ravi. « Bonjour ! – Bonjour ! – C’est vous les Corses ? » Un couple de français de Nantes, en voyage depuis plus d’un an et demi, nous interpelle et nous voilà partis pour une bonne demi-heure de présentation et d’anecdotes en tout genre. Laura et Gaël sont très sympas et nous échangeons rapidement nos numéros, histoire de pouvoir se retrouver sur la fin de la Bulgarie ou bien en Roumanie : nos chemins se recroiseront bien.
Nous finissons cette journée en nous rapprochant de Sofia, la capitale que nous gardons pour vendredi probablement. On reste encore un peu dans la nature du côté de Boyana et de sa rivière de pierres que nous irons voir demain pour apprécier la neige sans avoir trop trop froid aux pieds et aux patounes.
Laisser un commentaire