Les nuits sont compliquées de mon côté, la position coucher ne me convient pas du tout et des quintes de doux interminables surgissent en continu. Heureusement, Guillaume a un sommeil de plomb et ne s’en rend quasiment pas compte : il y en a au moins un sur deux qui dort.
Après un remplissage en eau de Robert, on commence notre grosse journée de route en direction des Cinque Terre. C’est rigolo, on repasse par le même chemin qu’au tout début de notre voyage, il y a un peu plus d’un an. Les paysages ne sont pas incroyables et on ne fait que croiser des villages où il faut rouler aux pas, on retrouve les fameux vrais-faux radars à chaque entrée et sortie d’agglomération. Déjà midi et on se pose sur un parking tout ce qu’il y a de plus banal car nous venons de passer Savona et ses plages où tous les stationnements sont payants.
A peine installé, un homme vient toquer à notre fenêtre. Il parle français avec un fort accent italien chantant. Sa batterie est à plat. Allez, on remet toutes les affaires dans le couloir et on déplace Robert pour pouvoir accrocher les pinces-croco à son véhicule. BA de la journée.
Après notre repas, on regarde un peu la route qu’il nous reste jusqu’aux Cinque Terre et on décide de prendre l’autoroute qui nous fait gagner deux heures, ce qui n’est pas du tout négligeable vu la vitesse à laquelle on avance. « Ouai, je me souviens de ces ponts et de Gênes au loin avec ces machines de port. »
16h on arrive sur un premier parking-bord de route proche du village de Monterosso, l’un des cinq à visiter. On se pose un moment pour étudier les balades et les possibilités de stationnement et de camping. C’est un endroit hyper touristique et les petites routes en zigzague escarpées de la région n’offrent pas des milliards d’options, surtout que le camping est interdit sur une zone, partie Parc National.
Juste avant la nuit, on arrive à se garer dans un petit chemin en terre, au calme et à l’abri de la route et des « carabinieras » qui pourraient venir nous déloger. Le programme de demain s’annonce bien sympathique.
Réveil 6h45 et levé des corps à 7h. Dur dur, la toux et le nez bouché nous tiennent encore bien et grignotent de notre sommeil. Petit-déjeuner en regardant le soleil se lever et percer un peu au travers de cet épais banc de nuages. On reprend un peu la route pour aller se garer sur un semblant de parking en terre dans un virage, juste à côté du point de départ de notre belle randonnée d’aujourd’hui. Wraps dans les sacs et on laisse notre Robert tout seul avec les volets bien ouverts, nos affaires de valeur dans le coffre-fort ou avec nous, et on croise les doigts pour ne pas se faire briser une vitre. L’Italie, c’est des beaux paysages mais c’est aussi les voleurs semble-t-il, et je serrai bien triste si « Andy », le handpan, nous quittait après avoir vécu tant de chose et c’est notre souvenir de Turquie quand même.
Et c’est parti pour 5h30 de randonnée. Pour une reprise, ça pique fort.
On commence par rejoindre par une brave descente le premier village des Cinque Terre : Monterosso. Tout de suite, c’est l’Italie dans tous ces magnifiques clichés qui s’offre à nous. Petites ruelles, cactus, escaliers de pierre, linges qui sèchent aux fenêtres, couleur terracotta, petit port, plage, fortification et bien entendu touristes.
Notre objectif est de rejoindre par le sentier côtier le second village, Vernazza, et de remonter ensuite par la « forêt » pour rejoindre le camion en une belle boucle, guidé par Maître Guillaume. On ne goûte pas notre plaisir, c’est superbe. Le chemin passe dans des petite ruelles et il faut monter de longs escaliers en grosses pierres. « Limite Reinebrauner, en Norvège » Il faut ménager ses forces et on fait plusieurs pauses « récupération » : ça grimpe fort pour sortir du village.
La partie suivante est plus tranquille et nous permet d’apprécier la vue sur la mer en longeant des cultures d’oliviers où certaines personnes s’attellent à la récolte des fruits noirs. Il y a quelques personnes avec nous sur le sentier mais rien de désagréable. On imagine vite quand été, ça doit être l’horreur pour se croiser et faire la queue-leu-leu, petit pas petit pas, pour avancer en plein soleil ; surtout que c’est payant en pleine saison.
2h plus tard, nous arrivons au second village : Nervazza. Une beauté. Des maisons colorées, un petit port dans une crique, le tout entouré de culture en terrasse d’olives et de vignes. On s’installe au bord de la mer pour pique-niquer ; certes, il n’est que 11h30 mais vu la montée du retour qui nous attend il faut reprendre des forces et alléger les sacs ; même Lola ne boudera pas ces croquettes et est contente de se faire une bonne pause. On observe les autres touristes qui se font des selfies et on essaie de comprendre la discussion d’un couple de français à-côté : nos petites distractions.
Nos wraps engloutis et une dernière lampée d’eau pour Lola, et c’est reparti. On passe devant la gare où bons nombre de gens attendent le train : oui, il est possible de faire les cinq villages en prenant le train ce qui est bien pratique, mais on voulait profiter aussi de la nature autour, donc on reste classique : en chaussures de randonnée et nos muscles pour moteur. Clairement, l’itinéraire de retour est beaucoup, beaucoup moins touristique et nous avons le sentier pour nous tout seul ; et pour cause, ça grimpe, ça grimpe. C’est un chemin de croix pour terminer l’ascension jusqu’à la Madonna de Reggio. On estime donc petit à petit le temps de parcourt qu’il nous reste en fonction de où en est l’histoire du Christ et de sa résurrection « pratique ! » Petite pause sur un banc à-côté d’une jolie source aménagée verdoyante. « Toi, moins on a d’eau, plus tu as soif. » On est parti avec 2L en tout et avec toutes ces montées, on se déshydrate vite. Il va falloir commencer à se rationner pour finir la randonnée. Au moins, les montées ne se font plus par des escaliers et on peut avoir notre propre rythme. Et on monte, et on monte. « On est parti du niveau zéro quand même. On est à combien là ? – 535. » Tout de même. Et en cumulé, on n’imagine même pas mais nos jambes, elles, le savent. De tout en haut, on a une vue panoramique superbe avec en contre-bas le village coloré et toute l’étendue des plantations vallonnées. On a même pu apercevoir un temps les deux autres villages suivant des Cinque Terre, le long de la côte. Vraiment très beau.
On est arrivé au point culminant, maintenant y a plus qu’à descendre. Et oui, on est monté bien plus haut que Robert donc c’est une grosse pente en terre battue qui nous attend avec quelques frayeurs de glissades et les genoux qui souffrent des accoues « heureusement qu’on l’a pas faite dans l’autre sens » Notre guide Guillaume a eu le nez creux et on retrouve notre Robert intact avec ses 4 vitres et ses pneus encore là. Une belle réussite et des paysages incroyables qui nous redonnent cet élan d’envie de tout voir, de tout découvrir, qu’on avait un peu perdu ces derniers temps.
Grignotage d’un carré de chocolat avant de reprendre la route en direction de Pise, notre prochaine visite. A peine montée sur le canapé et on entend les ronflements de Lola « elle est crevée crevée crevée. » A mi-chemin, Guillaume nous a trouvé un petit parking paisible en bord de lac où on peut passer une nuit bien méritée. Malgré la fatigue des corps et la maladie qui revient en force « on est fait pour être au grand air en fait… », on se prépare une pizza maison mais en mode « roulée », astuce prise chez les Trip2Ouf dans le livre spécial Omnia. Pourquoi on n’y avait pas pensé plutôt ?! On valide. Et c’est le ventre plein et les corps fatigués qu’on s’allonge bien heureux… toujours accompagnés de Dame Toux…
Laisser un commentaire