Nos journées françaises s’égrainent sans rien de bien transcendant et pour cause, je suis encore bien malade et Guillaume nous fait parfois des rechutes. Notre objectif est d’être le 2 Novembre sur Grenoble donc on peut prendre le temps de faire des grasses matinées et des siestes selon les envies de nos corps fiévreux.
Pour cette pause mangeaille de midi, Guillaume nous a trouvé une petite forêt « bourgeoise » avec un parcours de santé qui nous fera bien trop vite transpirer au bout de deux tractions. Du repos, du repos, encore du repos. Lola l’a bien compris et ne veut pas mettre une patte dehors, trop de boue et le bruit des tronçonneuses ne lui disent rien qui vaille le coup de sortir.
Les kilomètres s’enchaînent et c’est surtout Guillaume qui mène la danse en ce moment, je suis une loque. On se pose en début de soirée dans un petit village proche de Novillars où on croise une petite dame pendant notre balade de fin journée qui nous raconte pour les potins « ça fait 44 ans que j’habite ici, je venais faire pêcher les enfants ici, là, sur ces trois pierres… » C’est toujours sympa d’échanger avec des locaux et les anciens ont des anecdotes d’un autre temps qu’il faut conserver bien précieusement dans nos mémoires.
La nuit fut calme en ce bord de rivière et ça y est, y a enfin du mieux : on a juste plus de mouchoirs en tissu de propre mais pour le reste, on retrouve un semblant de visage souriant sans trop de cernes.
« On va jusqu’à un parking et après on se fait une promenade, je t’ai choisi un super endroit ! » Guillaume me fait des cachotteries. Il nous a trouvé une bien belle cascade dans le Jura, une région que nous ne connaissons pas du tout et qu’il faudra à nouveau revenir arpenter une prochaine fois : c’est vert et montagneux comme on aime. Après une saison « wrap au camion » et un café qui nous revigore, on va donc voir cette fameuse cascade de Billaude. Elle semble plutôt connu pour les locaux qui vont et viennent « se doit être les vacances scolaires non ?! » Nous observons le beau paysage depuis la passerelle en hauteur pour finalement descendre jusqu’aux pieds de la cascade à 60m plus bas. Le soleil nous offre une merveilleuse lumière entre fougère, mousse et éclaboussures. Lola ne goûte pas son plaisir et barbote comme jamais en attrapant, tête sous l’eau, des gros bâtons. On remonte l’escalier et Guillaume est bien entendu obligé de porter Madame sur les 3/4 car ce sont des marches en ferrailles qu’elle n’aime pas du tout. Grosse bouffée de chaleur avec les 20 kilos en plus dans les bras. Poua !
On se tâte un moment et finalement on décide de continuer notre balade pour aller jusqu’au belvédère indiqué sur un panneau à 5km, la boucle. C’est une belle balade en forêt où on retrouve le silence paisible. L’air de la forêt nous redonne clairement des forces et on sent nos poumons se libérer de tous ces microbes. Un dernier effort pour grimper et nous arrivons au point de vue. Un unique banc nous attend où nous faisons un courte pause en observant ce beau paysage pendant que Lola fouille l’herbe à la recherche de friandises éparpillées. On est bien content de s’être un peu mis un coup de pied là où on sait car ça en valait le coup et ça nous a vraiment fait du bien.
On reprend une petite heure de route pour aller se garer en bord du lac de Condes où les pêcheurs au petit matin arrivent par dizaines. « C’est le camping ici ! L’été, on peut plus pêcher… » On les entend qui bougonnent derrière nos volets et cette phrase nous fait la matinée : on la reprend à toutes les sauces et on surenchérit l’accent et les clichés paysans. Oui, on trouve encore à se faire rire mutuellement avec nos blagues pas drôles, même après plus de 395 jours 24/24 ensemble, c’est pour dire.
Dernière journée avant de retrouver demain les copains. On se pose en bord de rivière dans une forêt épaisse et mousseuse où on voulait aller voir une cascade mais un panneau d’interdiction est affiché. Peut-être irons-nous y jeter un coup d’œil tout de même en fin de soirée. Après de braves courses, pour le moment, c’est réalisation par Guillaume d’un carotte-cake à partager demain et de mon côté, je finis un cadeau en crochet à leur offrir. C’est pas du repos de retourner à la civilisation (rire).
16H30 toutes nos activités sont terminées et on enfile nos chaussures de rando pour aller voir cette cascade. Le sentier est sublime avec quasiment la totalité des arbres recouverts de mousses vert tendre et on suit tout du long le ruisseau qui nous mène à la cascade. On croise un trio de femmes pour leur demander le chemin « c’est que la nuit tombe vite ! » Allez, on accélère le pas. Un petit coin de paradis. La cascade s’est créée son propre toboggan de mousse pour se jeter dans une eau bleue quasi turquoise « presque comme la Slovénie… » On prend le temps de faire des photos et de regarder Dame Nature mais il est déjà 17h20 et, oui, la nuit arrive à grand pas. Lola entre nous deux et on rebrousse chemin de plus en plus à tâtons. Pas de chevilles foulées ni de chute sur les fesses avec toute cette boue et ces feuilles mouillées : parfait. On se replie dans Robert juste avant que la nuit noire profonde n’engloutisse les dernières ombres autour de nous. Nous serons percés par le bruit du ruisseau et le son des chouettes qui s’éveillent.
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