Vilnius

Une nuit pluie pluie pluie, mais les trottoirs ont fait leur office donc nous ne finissons pas les pieds dans l’eau. Aujourd’hui, c’est assez mitigé niveau météo : on dirait bien qu’on renoue avec nos déboires pluvieux en capitale, donc ce sera Kway et parapluie dans les sacs pour être paré à toutes éventualités. Lola nous montre bien que c’est « niet » pour elle aujourd’hui, elle veut même pas faire un micro-tour pour un pipi avant qu’on parte donc elle restera bien au sec dans Robert comme prévu.

Et c’est parti pour notre free tour élaboré par les Épicuriens via leur site internet. 27 points, ça risque d’être tendu, « va pas falloir pater aux roues… » On marche donc une bonne dizaine de minutes avant d’arriver à notre premier point d’intérêt : le bastion d’artillerie fortifié dont il ne reste qu’un vaste mur circulaire et une tourelle, ancienne défense de la ville au XVIIè siècle. Le point de vue sur la ville est tout de même sympathique et nous lance un peu plus en avant pour découvrir Vilnius, capitale de la Lituanie.

Nous allons ensuite voir la cathédrale de Theotokos dont l’architecture est assez spécial : elle a plus l’allure d’une forteresse cubique qu’une église orthodoxe, dont seulement quelques percées de briques d’époque sont laissées visible au public au travers du reste des murs reconstruits et peints de blanc. Cette église semble un véritable refuge russophone ; tout y est traduit, il y a même des journaux russes à disposition sur une table.

Sur la rive d’en-face, nous passons un pont et nous retrouvons dans le quartier indépendant de Vilnius : la République d’Uzupis, littéralement « derrière la rivière ». Depuis le 1er Avril 1977, ce quartier est devenu « libre », un peu à la manière de Christiana à Copenhague. Ici, la plupart des maisons datent du XIXè siècle et la population est assez éclectique : artistes, poètes mais aussi boutique chic, bobo et prolétariat. Uzupis a son propre drapeau, sa propre fête d’indépendance et son propre président. « Comment ça fonctionne ? Quel est l’intérêt ? Quelle est encore la part de lien avec Vilnius ? Les éboueurs ? L’électricité ? L’eau ? Les impôts ? » Ça pose quand même pas mal de question pratiques. Leur constitution est assez « hilarante », comme ils aiment le dire, avec l’ensemble des règles affichées sur tout un pan de mur, rue Paupio et décliné en un très grand nombre de langues. « L’homme a le droit de ne rien comprendre du tout » ou encore « L’homme a le droit de mourir mais ce n’est pas un devoir ». C’est une sorte de geste moqueur sur la notion de liberté à l’ère de la mondialisation. Nous prenons un moment pour lire toutes les règles et sortons le téléphone pour décrypter les autres langues : thaï, indien, arabe, yiddish… Il y a des écritures qui sont vraiment très belles à contempler. Cette république regorge de petits coins avec du street-art et autres formes d’art-de-la-rue (message sur les murs, sculptures bizarres, pochoirs, tableaux, installations).

Nous avons aussi commencé par cette partie de la ville car il nous y attend le dernier message des copains, Trip2Ouf « derrière le panneau rouge à côté du miroir, dans le coin inférieur droit » Vraiment trop forts Lou et Sam et nous nous retrouvons avec une carte au trésor hand-made représentant le jardin Kalnu, dans lequel il faut se rendre pour trouver le butin. Bon, on ne devait pas du tout faire ce parc mais clairement on ne peut pas le louper, c’est obligé, là. Nous voilà donc à gravir les grands escaliers pour atteindre le Monument des Trois Croix, hommage à 14 prêtres martyres (pourquoi pas 14 croix?!) pour avoir un beau point de vue sur l’ensemble de la ville que nous pouvons embrasser d’un seul regard « c’est pas si grand finalement ?! » On continue un poil plus haut pour trouver le panneau en bois au pied duquel il faut creuser sur 5cm pour découvrir le trésor. Guillaume tombe sur une grosse boite en fer dans laquelle se trouve un joli attrape-rêve fait maison par les copains. Franchement, ce sont des amours. On est tout heureux avec notre nouveau truc à suspendre dans Robert, en espérant passer de bien belles nuits paisibles dorénavant.

Il est déjà midi et on décide de se grignoter une petite barre « et ça repart » pour 2 heures avant notre pause manger prévue. Nous descendons donc de notre promontoire pour rejoindre la Tour Gediminas. C’est la seule partie restante du château supérieur de l’époque médiévale. Nous ne faisons pas la montée au sommet, on a déjà bien assez donné avec l’autre colline, mais nous nous arrêtons un moment pour y faire une photo de Danièl en mode « Baltic Way », surtout qu’il y a un artiste français, Saype, qui a peint une œuvre sur l’herbe, qui représente bien le message véhiculé par leur démarche de liberté unie.

Avec tout ce sucre dans le corps, nous sommes d’attaque pour aller voir le Palais du Grand-Duc sur la place de la Cathédrale et la Cathédrale. Cette dernière est vraiment spéciale : on dirait un genre de grand temple grecque avec de nombreuses statues blanches et des colonnes à l’entrée. Quel mélange de style architectural. Juste à côté, le beffroi qu’on ne peut pas louper avec sa grande pointe en fer. Cette place est importante car c’est d’ici qu’à débuté la fameuse « Baltic Way » ; une dalle avec le mot « STEBUKLA » (un miracle) représente ce point de départ. Je me lance dans un vœu qui, dit-on, se réalisera si « trois petits tours et puis s’en vont. » Comme fond musical, un homme faisant la statue dorée essaie d’attirer le touriste avec des sons bien « club » qui nous ambianceraient presque.

Un peu plus loin sur cette place, une grande statue est érigée représentant le roi Gediminas sur son cheval en dessous duquel se tient un loup. Pour la petite histoire, le nom de Vilnius provient de la rivière Vilnia qui traverse la ville. Gedimias se serait reposer dans les collines au-dessus de cette rivière et aurait fait un rêve prophétique d’un loup de fer hurlant dans la nuit et ce hurlement représenterait le chant d’une grande ville qui résonnera un jour dans le monde entier. Inspiré par ce rêve, le roi ordonna la construction rapide de cette nouvelle capitale, ici, « Vilnius ».

Après la statue, on prend la rue Gediminas qui est La rue touristique avec un grand marché d’artisans et de nourriture local. Ça grouille de monde et c’est assez plaisant de se laisser porter par cette foule en pleine affaire. Mais nos ventres cette fois se manifestent ; ça tombe bien, on arrive devant le salon de thé / pâtisserie repéré par Guillaume en amont dans lequel on s’installe pour y manger des « kibinas », genre d’empanadas à la lituanienne vraiment pas mal du tout. La vendeuse a réussi à nous refourguer un bouillon de poulet-persil qui fera le plus grand bien, on était entrain de se déshydrater en fait depuis ce matin. Qui dit pâtisserie, dit craquage de slip : Guillaume ne peut résister à l’appel du sucre avec une tartelette cerise meringuée et je me lance à la dégustation d’un cheesecake fameux-fameux. Un expresso « en mode italien, tout court et bien corsé » et on sort de là ragaillardis.

A deux pas, on rentre dans le Musée de la monnaie, gratuit, c’est un comble. Il y a devant nos yeux un panel impressionnant de tous les spécimens de billets internationaux, des machines à compter anciennes, des pièces de monnaie, la série « euro » et également tout un pan de mur fait de « paillettes » de billets broyés. Au sous-sol, le point central de la visite : une pyramide de pièces, composée de plus d’un million d’unités empilées, inscrit au Guiness Book des Records. Une femme nous invite à essayer une vieille presse où nous repartons avec un souvenir tamponné. « Tiens, des francs ! » Moment retour en enfance avec devant nos yeux un billet de 50FR bleu avec le Petit Prince en effigie. « On a vraiment bien fait de venir là ! »

Nous continuons notre marche en passant devant le Palais présidentiel dont le drapeau avec les armoiries est hissé, signifiant que le président est dans son pays, pour rejoindre une grande rue commerçante avec de nombreuses boutiques d’ambre, de bijoux, d’artisans. Nous ne pouvons résister à entrer dans l’une d’elle pour aller voir de plus près des broches et des boucles d’oreilles en forme d’insectes, de vrai chef-d’œuvre. Malheureusement, les prix sont justes pas fait pour mon porte-monnaie mais j’ai les yeux qui brillent forts. Nous passons ensuite par une rue « galerie d’art à ciel ouvert » où nous décortiquons les murs remplis de petits tableaux plus ou moins intéressants.

Nous croisons une multitude incroyables d’églises orthodoxes aux styles très variés : gothique, néo-classique, néo-byzantin, restaurée pour la plupart, jaune, rose, crème, marron, intérieur vert forêt, en chantier ; bref, ça en devient limite lassant. Par chance, on rentre dans une où un soliste de violon et une pianiste font des répétitions : on s’assoie pour écouter un morceau entier, l’acoustique est très chouette. Concert improvisé. Moment suspendu.

On en a plein les jambes et on termine notre tour par la porte de l’Aube, qui est l’ancienne porte de la ville, d’une couleur bleu claire et dans laquelle se trouve à l’étage une Vierge Marie tout en dorure adorée ; de nombreuses personnes viennent s’y recueillir.

De retour au camion, Lola est sur le tapis dans le couloir. Malheur, le bidon d’eau de 10 litres est tombé sur le matelas de notre louloute et s’est tranquillement déversé toute la journée, imbibant la mousse et la moquette du camion. Ralala et ce n’est pas avec le temps annoncé qu’on va pouvoir faire sécher tout ça tranquillement au soleil. On fait une dernière balade à Lola en allant voir le cimetière juste à côté ; on se disait bien qu’il devait y avoir quelque chose à voir ici vu le nombre de bus polonais qui se stationnaient dans les parages : en fait, il y a un grand mémorial et des tombes de soldats tombés au combat durant la guerre de la Lituanie de 1920.

Il est 18h mais on décide de rouler pour quitter la ville et se trouver un point dodo tranquille un peu en campagne ; de toute façon, on ne fera les devoirs que demain, pas du tout la tête à ça maintenant. A peine arrivés sur ce parking en béton en bord de lac qu’un gros orage s’abat sur nous et en moins d’une demi-heure, il y a bien 3cm d’eau aux pieds de Robert. Les Trip2Ouf nous ont prévenu qu’un gros cyclone, Boris, est annoncé sur l’Europe centrale dans les 4 prochains jours, 400 litres d’eau attendue… Gloups ! Bon, le pire est annoncé pour le sud de la Pologne et la République Tchèque mais quand même, on va se la jouer mollo sur notre descente vers Varsovie, même si on a de la marge encore quand même.

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