Kaunas

La pluie est tombée toute la pluie, recouvrant le parking en terre battue d’une fine boue collante. Heureusement, la météo est plus optimiste pour aujourd’hui, même si un épais brouillard recouvre le fleuve adjacent et l’ensemble de la ville. « C’est déjà l’automne ?! » On ressort donc les écharpes et les pulls pour aller visiter l’ancienne capitale de la Lituanie : Kaunas (oui, la prononciation française nous fait sourire incontestablement, mais on s’y fait vite). Lola nous accompagne, comment résister à ses deux petites tâches oranges au-dessus des yeux qui lui donnent cet air suppliant, et ça ne semble pas très grand comme ville donc pas besoin de transport en commun.

Nous traversons donc le grand pont au-dessus du Nièmen, pour rejoindre directement notre premier point d’intérêt : l’église Vytautas, qui se trouve être la plus ancienne église de Kaunas, datant de 1400. Malheureusement fermée, on en fait tout de même le tour et on s’interroge devant cette sculpture de prêtre à petites lunettes rondes assis sur un banc avec un chien à ses pieds.

Nous passons ensuite dans la rue d’en-face pour aller voir la maison Perkunas. De style gothique, construite au XVè siècle, elle est la plus ancienne (encore) maison en briques de Kaunas. Elle détonne dans le paysage, ça c’est sûre, et aujourd’hui, cette maison est rattachée au lycée jésuite où on voit bon nombre d’élèves joués dehors. Clairement, la petite veste n’est pas de trop ce matin et pourtant on voit de jeunes gens habillés d’uniformes scolaires variés mais pas très stricte : la jupe courte et le short sont encore de mise malgré le vent qui souffle. Kaunas semble être une ville plutôt jeune avec beaucoup d’écoles et de facultés, ce qui nous permet de voir les tendances de « look » lituanien. Comme partout, il y a de tout mais sous couvert du pull ou tee-shirt de l’uniforme vert, bleu ou noir.

Nous arrivons ensuite sur la place de la mairie. L’hôtel de ville est un bâtiment blanc immaculé avec un grand cloché au premier plan, ce qui lui vaut le surnom de « cygne blanc », de part sa forme et sa couleur. Rien de très grandiloquent ni de percutant mais ça fait le « job ».

Nous continuons ensuite direction le château de Kaunas ; enfin, château, plutôt reste de ruines car nous trouvons devant nous, une tour restaurée et quelques bouts de remparts en briques et des douves. « Je comprend mieux pourquoi le prix n’est pas très élevé pour un château. » Juste en face, une grande statue en fer, Vytis Monument, située sur la place de la liberté, rend hommage à l’héritage historique et à l’esprit guerrier du pays. On se demande si il y a un lien entre ce guerrier et l’icône qu’on peut trouver sur le blason de la région (?!)

Kaunas est ponctuée par moment de street art avec des grands murs peints. Bien entendu, on est ravi d’en trouver plusieurs sur notre chemin, même si la ville n’est pas très agréable pour se balader, il y a énormément de travaux et de bruits ambiants. La saison est finie, il faut bien remettre les choses en ordre.

Nous prenons ensuite la rue principale Vilnius où boutiques, restaurants et bars cohabitent dans une vie animée sur les terrasses. On avait repéré une pâtisserie vegan très bien notée donc on y fait un saut pour acheter deux parts de gâteaux : une au pavot et une autre aux fruits rouges avec un genre de chantilly mais compact qui se révélera être du lait de coco. Vraiment pas mal comme sucrerie.

Nous terminons notre tour de la ville en allant voir la basilique de la cathédrale de Kaunas, datant du XVè siècle. Certes son extérieur n’est pas dès plus extraordinaire mais elle garde tout son faste pour l’intérieur. En effet, ici, dorures, peintures en tout genre, luminaires en cristal et orgue reluisant sont de mise. « Regarde, trop rigolo, c’est pas du marbre, c’est une peinture qui reproduit l’effet marbre. Pas bête ! » L’ambiance est silencieuse et les gens murmurent doucement. Nous ne restons pas très longtemps et rejoignons notre louloute qui attend dehors attachée au panneau explicatif de la basilique. Elle est plutôt tendue aujourd’hui avec les autres chiens donc il serait mal venue qu’elle s’énerve, toute seule, sur un passant canin.

Nous retournons tranquillement à Robert un peu avant midi, ce qui nous laisse le temps de rouler jusqu’au Monastère de Pazaislis qui se trouve bien en périphérie de la ville. « On est toujours à Kaunas là ? Mais c’est très grand en fait. – Oui, le centre touristique est une toute petite partie. » Encore des travaux et beaucoup de monde sur la route, ce qui nous vaudra deux allers-retours pour arriver enfin à prendre le bon chemin pour rejoindre le monastère.

Arrivés sur le parking, on se met à l’aise et on mange, en cherchant autour de nous notre série télévisée pour accompagner notre repas : rien de bien intéressant au programme. Tant pis. La visite du monastère est payante, on décide donc de faire le grand tour par l’extérieure pour voir au moins le bâtiment. Le jardin est paisible et très ombragé avec une vue directe sur le grand fleuve. Nous nous approchons de l’eau sur une plage où un pêcheur nous regarde passer tranquillement. L’eau est verte-bleue bizarre, et pour cause, il y a de la cyanobactérie. C’est une bactérie qui se développe à cause du réchauffement climatique et de la pollution de l’air, elle est toxique pour les animaux et pour l’homme. Apparemment, certains pêcheurs ont du développer des anticorps de compétition, mais pour notre part, on ne mangera pas de ce poisson-là. L’effet à la surface est pourtant très joli comme une nuée de pollen fluo qui bouge avec le courant. On fait donc bien attention à ce que Lola n’y trempe pas le museau et on continue notre balade. Curiosité : des pins aux racines complètement sorties du sable comme des longues tentacules qui s’accrocheraient désespéramment au sol meuble. Guillaume s’offre quelques pas d’acrobate en mode photographie de plage paradisiaque.

On fait demi-tour pour retrouver notre camion qui prend le soleil et quittons donc cette ville, pas transcendante mais sympathique quand même, et surtout, ce n’est pas le moment que le barrage lâche « t’imagine ! » On se rend compte qu’on traverse un pont en travaux qui fait parti d’un grand barrage qui retient l’eau depuis le haut du fleuve et qui donne directement sur Kaunas. Et si un jour ça lâchait, tout serait engloutit à n’en pas douter… Gloups !

On se fait un peu moins d’une heure de route sur voie rapide à 100km/h, (enfin un réseau routier bien entretenu dans les pays baltes) pour nous trouver un coin dodo en bord de lac, à deux pas de notre visite de demain : le château de Trakai sur son île. Il est encore tôt et le soleil est revenu nous réchauffer pile pour la douche et Guillaume trouve même deux arbres parfaits pour y installer le hamac et profiter de cette fin de journée, les doigts de pied en éventail.

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