Riga

Dans cette petite forêt, au calme, on prend notre temps ce matin, même si quelques moustiques viennent nous saluer parfois. On fait le plein de nature avant de rouler une heure pour rejoindre la capitale lettonne : Riga.

Guillaume nous trouve un parking à moins de 30 minutes à pied du centre-ville au bord du fleuve, le Daugava, il y a même quelques grands arbres pour nous faire de l’ombre le temps du repas du midi. Harnais pour la louloute et manches courtes pour nous, nous partons découvrir cette ville, en suivant le Free Tour des Nomades Épicuriens. On a décidé de tout faire à pied cette fois pour pouvoir profiter de la fin de soirée en ville avec Lola et ne pas à avoir à la laisser toute seule au camion, il fait si beau, ça aurait été dommage pour elle.

Nous longeons donc le fleuve sur les quais bien aménagés avec une vue sur la bibliothèque centrale au loin qui dénote dans le paysage, comme une grande pyramide de verre. De grosses mouettes zonent sur les marches accompagnées de son lot de sans-abris qui « s’hydratent » et font une sieste au soleil sur les bancs.

Nous arrivons au cœur du centre historique, devant le Musée de l’occupation. L’ambiance sur la place, où trône une gigantesque statue en mémoire aux fusillés lettons de la Première Guerre, est assez pesante. De nombreux vigiles et policiers font la circulation et nous devons presser le pas pour traverser cette place déserte ; une voiture noire aux drapeaux albanais arrive, escortée par des policiers tout gyrophare allumé, probablement un homme politique important qui vient inaugurer quelque chose au musée ; en tout cas, tout ce beau monde est bien habillé et que ça se congratule, et que ça se serre la main, et que ça se passe une main dans le dos, bref, des histoires de politiciens quoi… « Il faudra se renseigner sur la date quand même ?! » En effet, c’est une journée de commémoration de la bataille de Riga, prise par les allemands en 1915.

Un peu plus loin, nous nous trouvons en face de l’impressionnante façade de la maison des Têtes Noires, un lieu très touristique car très photogénique avec toutes ses couleurs, cette place fleurie et ses bancs pour se reposer. Ce bâtiment symbolise le commerce et l’esprit mercantile de la ville.

Chaque ruelle est pavée et c’est un joyeux mélange architectural à chaque coin de rue : vieilles pierres, art moderne, art nouveau, art déco, néo-gothique, briquettes rouges, à plat de peinture bien voyants : y en a partout pour notre plus grand plaisir.

Nous arrivons devant la cathédrale de Riga, datant de 1211, faite essentiellement de briques rouges et possédant un énorme orgue, composé de 6768 tuyaux, dont nous n’en verrons pas la couleur car payant, mais surtout, notre attention est bien trop captivée par la zone « chill » avec sièges à bascule, qui sont installés en face.

Nous continuons notre découverte, toujours sur les conseils de ce chouette site internet qui nous a évité un bon boulot de recherche des choses à voir et garde la surprise pour tous les deux, et allons voir « les maisons des trois frères » : devant nous, une maison blanche plus ancienne est soutenue par une maison jaune de 1646 qui est adjacente à une troisième bleue plus étroite. Ici, trois générations d’une même famille ont fait construire leur maison, montrant l’évolution architecturale de chaque époque. « Habile, Bill ! »

Puis nous arrivons au Château de Riga, qui est la résidence de l’actuel président et dont la tour jaune fortifiée pointe le bout de son nez sur les hauteurs des toits. Nous n’en verrons pas plus car il est impossible d’y pénétrer, du moins aujourd’hui, et pour cause, réunion au sommet ; de toute façon, le bâtiment ne casse pas trois pattes à un canard, un Eider, de l’extérieur, donc on passe notre chemin pour nous rendre au Parlement de Lettonie.

Sur le trottoir d’en-face, un bout de mur sur lequel est écrit « freedom for Baltic » nous en apprend un peu plus sur la fameuse barricade de 1991, construite comme résistance non-violente contre l’empire soviétique en place à l’époque et pour lutter pour l’indépendance des pays baltes, résonance immanquable avec l’Estonie déjà visitée.

La fatigue commence doucement à se faire sentir quand nous arrivons à la Tour de poudre, qui est la dernière des 18 tours encore debout de l’ancienne fortification. Faite de briques rouges, bien restaurée, elle faisait office de poudrière et ses murs portent encore les marques d’impact de boulets de canons… Information non vérifiable, on n’a complètement oublié d’y regarder de plus près, et pour cause, c’est le point de « rendez-vous » donné par les Trip2ouf pour découvrir nos prochains défis à réaliser. Nous allons donc voir « l’être surnaturel sous la plaque duquel se trouve le message scotché. »

C’est le moment pour nous de faire une petite pause boisson et prendre le temps de décrypter le message des copains. Bière brune pour Monsieur et cocktail sans alcool pour Madame : grand luxe ! Pendant que Lola se prend quelques minutes pour une sieste bien méritée.

Les corps un peu reposés, nous reprenons notre marche, direction la maison aux blasons où notre premier défi nous attend. A deux pas de là, nous allons voir la Cat House, une demeure emblématique de la ville, datant de 1909, possédant deux tourelles ornées de statues de chats noirs. Pour la petite histoire, un riche commerçant, propriétaire des lieux, s’est vu refusé l’accès à la prestigieuse Grande Guilde, juste en-face, pour raison qu’il n’était pas allemand et en représailles a fait construite ces deux chats à la queue relevé dont l’arrière-train était tourné, à l’époque, vers la Guilde, comme petit doigt d’honneur. Rigolo tout de même.

Nous filons donc voir le bâtiment de cette fameuse Grande Guilde, de style néo-gothique avec de grandes façades peintes. A l’époque, cette guilde établissait les monopôles sur le commerce à Riga, pendant des siècle ; aujourd’hui, il s’y déroule, ici, des concerts d’orchestre philharmonique.

Nous passons ensuite par un grand pont pour rejoindre l’imposant monument de la Liberté, sur lequel une exposition photographique retraçant la « Baltic Way » est installée. On prend tout un moment pour s’imprégner de cette histoire fantastique. Le 23 Août 1989, une incroyable chaîne humaine a été réalisée, reliant les trois capitales des pays baltes, sur plus de 670 kilomètres avec des millions de personnes se tenant par les mains, pour revendiquer l’indépendance de l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie contre les soviétiques et les nazis. Une extraordinaire histoire humaine de solidarité et de fraternité, de non-violence, sans aucun réseau social pour organiser tout ça.

Nous passons ensuite faire un saut du côté de la cathédrale de la nativité du Christ orthodoxe où nous renouons, une fois de plus, avec nos amours pour leur style architectural tout en rondeur et en courbe, alors qu’à l’intérieur, c’est l’écrasement d’icônes et de dorures « bling-bling à souhait. » Dans le jardin d’à-côté, nous tournons un moment autour d’un grand arbres bleu sur lequel sont installées des dizaines de maisons d’oiseaux colorées où nous réalisons notre deuxième défi.

Un tour du côté du quartier « art nouveau » où bons nombres de bâtiments sont plus impressionnants et loufoques les uns que les autres : ici, les gens sont chics et conduisent de belles voitures Tesla silencieuses, sortant de leur mignon pavillon bien arboré, beaucoup plus calme l’ambiance et nous prenons donc tout notre temps pour observer et décortiquer ces façades peintes aux milles figures et ornements floraux délicats.

19h, c’est l’heure de filer « Chez Lulu » pour commander deux pizzas à emporter que nous irons manger bien tranquillement dans un jardin public, « benaise » (bien aise pour les non-charentais), assis dans des hamacs-sièges, pendant que Lola déguste ses deux pâtés achetées au magasin du coin : c’est clairement jour de fête pour elle, vu à la vitesse où elle engloutit tout ça.

Sur le chemin du retour, nous passons devant l’Opéra national letton où Guillaume s’offre un petit pas de danse pour réaliser le défi numéro 3 et on prend la pause « photo de famille » à la façon statufié.

Encore deux églises sur notre chemin, où nous apprenons que dans l’une d’elle, deux prêtres se sont emmurés vivants pour montrer leur dévotion (pas compris?!), alors que l’on prend un moment pour aller toucher les quatre museaux de la statue « des musiciens de Brême « : âne, chien, chat et coq, censé nous porter chance.

Allez, on file retrouver notre Robert bien tranquille sous son arbre pour accueillir nos corps fourbus de fatigue, en espérant que les dizaines de voitures, phares allumés, du parking d’à-côté, ne vont pas s’amuser à faire « contre-soirée open air en mode gros son et donuts ». On croise les doigts.

Une réponse à “Riga”

  1. Avatar de Saulnier viviane

    Merci pour ce récit fluide et passionnant 😘

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