En plus de la vue sublime de notre point dodo, un calme digne dès plus beau stage de méditation silencieuse. Réveil 8h sans soucis pour un petit-déjeuner rapide et hop ! On prépare sandwichs et équipements pour notre randonnée du jour : 18 kilomètres, fait en 7h de marche, avec un dénivelé de 464m et un point culminant à 831m. Clairement, on part pour de l’endurance et dès le début le plus gros de la montée est fait donc ensuite c’est juste « kiffer ». Le balisage est vraiment très bien fait, un délice de ne pas se poser la question sans cesse de où on va, là, y a juste à suivre les T et les gros points rouge tous les 50m. Une randonnée hyper fluide. Guillaume a remis ses chaussures de rando d’hier qui avaient eu le temps sécher un minimum, contrairement aux miennes encore bien imbibées ; j’opte donc pour mes baskets de sport en espérant ne pas trop glisser sur les rochers. Finalement, au bout de 20 minutes à peine, je suis déjà bien humide car non-étanche mais elles adhèrent plutôt bien sur les surfaces.
Petit hic, nous croisons plusieurs fois des restes de neiges, des névés, qui recouvrent le sentier et Guillaume fait naturellement mon « ouvreur de voie » avec ses gros godillots pour que je ne finisse pas les fesses dans la neige à dévaler la pente. Nous sommes samedi avec un temps exceptionnel pour randonner : soleil tout du long ; et nous ne croisons seulement que deux randonneurs en sens inverse et deux cabanes-refuges sur notre chemin : la nature à l’état brut sans aucune intervention humaine, même le sentier doit s’improviser de balise en balise souvent. Un régale ! Un de nos paysage favori et une de nos plus belles randonnées : quelle reprise de voyage fantastique. Lacs, roches ferreuses, rivière fraîche, bruyère. Nous avons même le chance d’observer un lagopède alpin, de la famille des tétras avec son sourcil rouge, qui prend son envol en nous voyant arriver pour se poser un peu plus loin. Il a un cri vraiment très spécial, cet énergumène.
Nous marchons et marchons sans nullement souffrir des kilomètres qui s’accumulent, le paysage est tellement beau. Point noir de la journée : nous sommes très souvent pourchassés par des taons qui essaient tant bien que mal de se poser sur nous pour nous voler un peu de sang. Lola n’y échappera pas, elle-aussi, elle aurait même tendance à les attirer avec sa robe noire. On essaie comme on peut de lui enlever dès qu’on en voit un sur elle. C’est un poil stressant et Guillaume poussera deux, trois fois des « aïe » : c’est que ça a des dards sympathiques ces bestioles là. Du coup, pour la première fois dans l’histoire de nos randos, nous cherchons un endroit bien venteux pour pique-niquer, histoire de leur compliquer la tâche. On quitte nos chaussures pour les faire un peu sécher au soleil pendant que j’emballe Lola dans mon Kway pour lui faire une couverture anti-taons, qui fonctionne plutôt bien. « Que c’est agréable ! – Très agréable, oui ! » On n’en revient pas de la vue à 360° qui s’offre à nous et de ce sentiment de petitesse que nous sommes face à cette étendue de montagnes et de lacs tout autour.
Encore 10km devant nous mais on repart le ventre plein et l’entrain toujours au maximum. Nous entamons une partie davantage marécageuse, clairement pas la meilleure pour garder les pieds secs et nous alternons parfois avec des zones de « jungle » entre arbre feuillus, fleurs sauvages, buissons ardents. Difficile de voir parfois où on met les pieds : « aïe aïe aïe ! Je me suis tordue la cheville ! » Autre point faible d’être en basket, le maintien du pied n’est pas optimal. Ça a fait un léger crac, oui. Affaire à suivre quand les muscles seront au repos ; on croise fort les doigts pour que ça passe rapidement. En tout cas, ça n’empêche pas de continuer donc « en route ! »
« Trop envie de me baigner. Pas toi ? » Juste avant de passer un nouveau col, on décide de se faire une trempette dans la rivière que nous longeons depuis un moment, avec cascades en prime. Tout le monde en slip et plouf ! L’eau est un poil fraîche, y a pas à dire, mais qu’est-ce-que c’est bon, on a l’impression que toute la fatigue musculaire disparaît en deux secondes. Guillaume se chauffe même pour se baigner jusque sous une petite cascade. « Oua, que c’est bon ! » hurle-t-il. Bonheur simple et mémorable.
Nous reprenons notre fin de randonnée comme si de rien n’était avec toujours un soleil éclatant qui nous cuit petit à petit la nuque et les bons mollets de Guillaume. Nous arrivons au dernier lac qui est le plus grand car lac de barrage. Nous suivons cette dernière portion les pieds de plus en plus mouillés et les taons ayant laissés la place aux armées de moustiques. C’est clairement pas notre partie préférée et ces nouveaux compagnons volants sont de véritables plaies. Ils arrivent par dizaines et attaquent même à travers les vêtements. « Bien sur, j’ai pris le chapeau mais pas la moustiquaire, p’tite tête. » Pour sûre, maintenant, elle sera d’office dans mon sac car Norvège, Finlande et pays baltiques sont connus comme ayant bon nombre de ces insectes suceurs de sang.
La fatigue se fait doucement sentir sur le dernier kilomètre, lorsque l’on aperçoit l’antenne téléphonique de l’autre côté, signe que Robert n’est plus très loin. Un nouveau paysage se dévoile avec une curiosité : une rivière colorée dont le fond est tapissé d’une poudre orange qui doit venir de la roche très ferreuse autour. Nous n’avons plus trop la force d’en profiter pleinement ; peut-être y retournerons-nous demain matin, histoire d’y faire quelques photos, la tête mieux disposée.
Arrivée à Robert, nous nous déchaussons rapidement et tout le monde entre en quatrième vitesse dans le camion : les taons nous ont retrouvé et ne veulent plus nous lâcher. Dommage de ne pas pouvoir profiter encore un peu de dehors, mais là, ça serait du suicide. En même temps, on est si bien « à la maison » ! Nous profitons encore du calme ambiant avec une Lola qui ne se fait pas prier pour filer sur son plaid et ronfler comme jamais. Nous passerons une seconde nuit ici avant de continuer notre route vers le Nord où une brave lessive nous attend demain : c’est aussi ça « reprendre le voyage ».
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