Vitkovice

Après une nuit paisible et bien propre (tout le monde avait pu prendre une bonne douche vu que l’eau était à volonté), nous petit-déjeunons de « buchty » ; enfin on pense que c’est ça, la vendeuse ne parlait pas un mot d’anglais donc j’ai eu recours aux bons vieux gestes pour comprendre ce qu’il y avait en vitrine : je lui montre des saucisses pour savoir si c’est salé, puis des bonbons pour confirmer que c’est bien sucré. De bonnes petites brioches fourrées soit à la crème pâtissière, soit à la confiture, soit nature.

Une fois tous les niveaux remis à fond pour Oscar, nous voilà sur la route en direction d’un nouveau pays : la République Tchèque. Comme à chaque passage de frontière « tcheck » et là, c’est de circonstance.

Nous attaquons notre découverte de la Czechia par un lieu que voulait voir absolument Guillaume. Il l’avait repéré sur le précédent voyage de La Carapate : une usine désaffectée nommée Vitkovice. On avait bien anticipé l’histoire et réservé une visite guidée en ligne car pour entrer dans les lieux, il faut être accompagné d’un guide donc pas trop le choix. Malheur, il n’y a qu’une langue et c’est tchèque. Oupsi ! Tant pis, on va essayer de comprendre un peu avec l’audio-guide fourni gratuitement en anglais.

Nous arrivons un peu en avance. On ne peut pas se tromper : devant nous, une gigantesque usine et ses tuyaux tous rouillés nous indiquent qu’on est au bon endroit. Nous serons une dizaine pour assister à cette visite mais les seuls en langue étrangère. C’est assez étrange de suivre un groupe et de s’arrêter pour écouter la voix d’une femme dont on ne comprend pas un seul mot. Le tchèque est une langue plutôt monotone dans les accents toniques, un peu comme le français et on y trouve de nombreux sons que nos bouches ne peuvent pas reproduire notamment le « cz » qui ressemble à un genre de « tcheu » mais pas vraiment. Nous essayons de décrypter l’anglais de l’audio-guide du coup, mais c’est très technique avec des termes incompréhensibles et beaucoup de nombres. Bon ba ça sera une balade dans l’usine, quoi. C’est un peu frustrant de ne pas tout saisir dans le fonctionnement des machines, dans le processus de chauffe, de récolte, de transport. C’est très impressionnant : du fer du fer du fer, partout du fer « c’est un peu Chadok, cette histoire ». Nous montons même au sommet d’un haut-fourneau pour avoir une superbe vue sur l’ensemble de la fonderie (77 mètres, précisément). On se croirait dans un film de trafiquants qui se planquent entre les énormes tuyaux de gaz couleur rouille et les escaliers jaunes vifs : incroyable décor. Après une heure et demi de marche sur le site, nous remercions la guide qui parle très bien anglais finalement ; le lieu ne doit pas être si touristique que ça pour ne pas offrir plus de variantes linguistiques alors que le personnel a l’air de très bien se débrouiller.

Nous mangeons notre repas de midi dans Oscar aux pieds de ces grands fours et de ces piliers d’acier en nous posant encore pleins de questions sur le fonctionnement de tout ça : ce soir, on va se faire un bon vieux C’est pas sorcier pour mettre à jour nos connaissances sur le sujet et se refaire le film de la visite de ce matin.

Une heure de route plus tard, nous nous posons en bord d’un mignon petit lac qui sera notre gardien pour cette première nuit en République Tchèque.